Biographie Samy Badibanga

Samy Badibanga

Samy Badibanga, né le 12 septembre 1962 à Kinshasa, est un homme d'État kino-congolais. il est le sixième enfant d’une fratrie dont il porte le nom original de son père, Samuel Badibanga, un ancien notable et « évolué » du Grand Kasaï. À Kinshasa, sa famille a principalement vécu dans le quartier huppé de Binza Ma Campagne, dans la commune de Mont-Ngaliema. Un ami de jeunesse, Michel Gallet, le décrit comme un homme de culture, non conflictuel mais audacieux. Par contre, un haut cadre de l’UDPS, son parti d’origine, voit en lui un affairiste, « prêt à tout pour de l’argent, propre ou sale ».

Badibanga est originaire de la chefferie de Bakwanga, dans le territoire de Katanda, près de la ville de Mbuji-Mayi dans le Kasaï-Oriental.

Conseiller spécial d’Étienne Tshisekedi de 2009 à 2011, il est élu député national dans la circonscription du mont-Amba à Kinshasa depuis 20112 à l'Assemblée nationale et siège à la Commission des ressources naturelles. Il est nommé Premier Ministre le 17 novembre 2016 et quitte le 7 avril 2017 pour laisser place à Bruno Tshibala.



Diplômé en premier lieu de l'Institut supérieur des sciences humaines de Genève en 1986, il l'est ensuite de l'école du Haut Conseil du diamant d'Anvers (Hoge Raad voor Diamant) et de l'International Gemological Institute d'Anvers.



Il commence sa carrière en 1986 en tant qu'administrateur délégué de Sodocam puis devient en 1995 administrateur et directeur général de Samex Trading.



Cette société est détentrice de plusieurs permis de recherches minières en République démocratique du Congo (RDC) et partenaire en joint-venture de BHP Billiton. Il devient consultant pour la société minière BHP-Billiton de 2005 à 2010, et participe à ce titre à l'introduction de la société en RDC, notamment dans les partenariats avec les entreprises publiques. Il participe à ce titre à différentes négociations avec le ministère des Mines sur la révision des contrats miniers mais aussi avec les ministères de l'Économie et de l’Énergie pour la construction et la fourniture d'énergie du barrage Inga III.



Il crée en 2006 la Fédération des explorateurs et extracteurs (FEE) en RDC pour promouvoir la bonne gouvernance dans la gestion des ressources naturelles3. Il a été maître de conférences lors des rencontres IPAD RDC du secteur minier de 2005 à 2009.



Samy Badibanga est membre d'honneur de 1994 à 2011 de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) et en est élu député en 2011. Il rencontre les politiciens Étienne Tshisekedi et Frederick Kibassa dans sa jeunesse à Kinshasa, ce qui façonne son orientation politique démocrate et socialiste ainsi que sa volonté de rejet de la lutte armée et de la primauté de l’état de droit.

De 2009 à 2011, il est le conseiller spécial d'Étienne Tshisekedi. À ce titre, il est chargé de la stratégie diplomatique de ce dernier, ce qui comprend communication, image, organisation et direction de sa campagne pour la présidentielle de 2011. Une élection présidentielle très critiquée et dont les résultats ont été largement mis en doute par l'UDPS, accusant l'opposition de fraudes, d'arrestations arbitraires, de manipulations et même de violences répressives. Après la proclamation des résultats, Étienne Tshisekedi a été assigné à résidence5. Retranché depuis, ce dernier s'est depuis lors auto-proclamé Président élu de la RDC.

Alors que de nombreux candidats de l’UDPS avaient été élu députés nationaux aux élections législatives concomitantes, le Président Tshisekedi avait annoncé l’annulation de ces dernières. Malgré les instructions du leader de l’UDPS, 42 élus du parti, dont Samy Badibanga, sont allés siéger au Parlement, considérant leur élection comme crédible et souhaitant respecter le peuple congolais qui les avait élus pour les représenter. Conscients de la polémique suscitée au sein même de leur parti, Parmi les 42 éluscontinuent aujourd'hui encore de former et d'animer l’opposition parlementaire au régime de Joseph Kabila. Notons paradoxalement que Samy Badibanga ne reçoit plus le soutien dans son action d'opposition parlementaire après avoir été auto-exclu de son parti politique l'UDPS en 2011 puis destitué de sa fonction du président au sein du groupe parlementaire de l'UDPS & alliés en octobre 2016. Ensuite, l'UDPS l'a exclu de ses rangs.

Il est membre fondateur de l'IPDD (Initiative panafricaine pour la défense de la démocratie) et Alliés à l'Assemblée nationale de la RDC jusqu'à sa désignation comme Premier ministre de RDC par Joseph Kabila le 17 novembre 2016. Dans l'opposition, sa nomination est déclarée comme un non-événement11. Il démissionne le 6 avril 2017.

À la suite des élections législatives de 2011, Samy Badibanga, élu député national, constitue et mène le groupe parlementaire UDPS et alliés, face une majorité présidentielle écrasante. Il s'était auto-exclu en 2011 de son parti politique l'UDPS pour ne pas avoir respecté la règle imposée par le président du parti Étienne Tshisekedi.

Le 10 octobre 2016, il est destitué de sa fonction du président au sein du groupe parlementaire de l'UDPS et alliés pour avoir pris part au dialogue politique convoqué par le président Joseph Kabila en violation de la consigne officielle de ce groupe parlementaire9. À l'image du Shadow cabinet britannique, Samy Badibanga est l’auteur d’une série de propositions de réformes économiques et fiscales début 2014, relayées par le magazine Jeune Afrique.

Alors que le budget national 2014 est présenté pour adoption à l'Assemblée, Samy Badibanga dénonce l’opacité de la gestion des affaires publiques et des revenus d’exploitation des ressources naturelles ; en témoignent la faiblesse et la chute des recettes fiscales de l’État ainsi que les faibles montants attribués à la santé et à l’éducation de ses compatriotes. Il dénonce ainsi en 2014 «un budget de 7.664 milliards de francs congolais qui représente à peu près 100 dollars par habitant et 0,27 dollar/hab/jour». Joignant les propositions à ses critiques, Samy Badibanga propose alors « trois réformes pour changer le quotidien » des Congolais :

la mise à l’étude par le Parlement d'une nouvelle réforme fiscale inspirée de la flat tax ou taxation à taux unique. Un taux d'imposition fixe rendrait indiscutable le montant de l'impôt dû. Au-delà de simplifier la gestion administrative des entreprises et les déclarations des particuliers, Samy Badibanga considère que la flat tax est de nature à encourager l’investissement et la création d’emplois, de ramener les entreprises du secteur informel et surtout d’augmenter de façon considérable (de 80 % à 150 % en trois ans) les recettes de l'État et par conséquent le budget national au service des besoins sociaux, sanitaires et éducatifs de la RDC.

une étude sur la faisabilité d'une fusion des régies des impôts sur le modèle des réformes mises en place au Ghana, à l'île Maurice et dans d'autres pays voisins de la RDC. Il souligne les résultats spectaculaires en termes d’augmentation des recettes fiscales.

la mise en place d’un fonds national de développement alimenté par les revenus d’exploitation des ressources naturelles. Dans une tribune à Jeune Afrique en janvier 2014, il en détaille les bénéfices : véritable fonds souverain sur le modèle des fonds norvégiens, qatariens ou encore du est-timorais qui a accumulé environ 15 milliards de dollars de réserve depuis sa création en 2005, avec l'appui de l'agence de coopération norvégienne. Ce nouveau type de Fonds Souverain se rapproche du concept d’impact investing proposé par le Pape François en juillet 2014. Ce fonds serait d’une part à objet économique et financier, alimenté par une partie des revenus d’exploitation des ressources naturelles et par des investisseurs internationaux institutionnels comme privés. Le fonds, basé sur une structure distincte de l’État, compterait, au sein de sa structure dirigeante, des représentants des partenaires internationaux de la RDC, de la société civile, de différents fonds souverains du monde, afin de garantir sa bonne gouvernance. Les revenus et intérêts produits par le fonds de développement financeraient le développement social de la RDC, consacrant ainsi l'idée que le peuple congolais, ses générations actuelles et futures sont en droit de s'attendre à ce que l’exploitation des immenses ressources naturelles de la RDC financent la santé, l'éducation, la protection sociale, besoins sociaux et autres services publics.

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