Le cabinet de conseil de l’ex-secrétaire d’Etat démocrate Madeleine Albright étend sa toile sur le continent grâce à un choix de diplomates et d’hommes d’affaires triés sur le volet.
Fondé au début des années 2000 par l’ex-secrétaire d’Etat américaine sous Bill Clinton, Madeleine Albright, le cabinet de conseil et d’influence Albright Stonebridge Group (ASG) est devenu un point de chute ainsi qu’un tremplin pour les cadres de l’administration des Etats-Unis spécialistes des questions africaines. Dernier exemple en date, sa désormais ancienne vice-présidente en charge des affaires africaines Linda Thomas-Greenfield deviendra la représentante de Joe Biden aux Nations unies. Avant son arrivée au sein d’ASG en 2017, Greenfield avait déjà occupé des postes prestigieux : secrétaire d’Etat adjointe pour l’Afrique (2013-2017) et ambassadrice au Liberia. Si le cabinet est influent à Washington, il suit de nombreux clients en Afrique grâce à un large réseau d’hommes et femmes de pouvoir sur le continent, qui pourront devenir un relais utile à la nouvelle administration.
L’Afrique anglophone en cœur de cible
Jusqu’à son départ d’ASG – elle prendra ses fonctions en février, mais elle est déjà en retrait -, Thomas-Greenfield pouvait compter sur 14 conseillers seniors et vice-présidents basés en Afrique ou au bureau de Washington afin d’arracher des contrats et répondre aux besoins de ses clients. Elle avait d’abord à ses côtés l’un de ses illustres prédécesseurs au poste de secrétaire d’Etat adjoint aux affaires africaines, Johnnie Carson officiant en tant que conseiller senior au sein d’ASG.
En Ethiopie, ASG s’appuie sur son conseiller senior Addis Alemayehou, qui épaule depuis Addis Abeba les firmes privées dans le secteur des télécommunications à travers toute l’Afrique de l’Est. Membre du conseil d’administration de la filiale éthiopienne du groupe nigérian Dangote, Alemayehou officie notamment via sa firme de conseil 251 Communications ainsi que son nouveau groupe d’investissement Kazana Group. Le réseau de l’homme d’affaires aux Etats-Unis a beaucoup dépendu de celui de sa sœur Mimi Alemayehou. Directrice générale du fonds américain Black Rhino jusqu’en août dernier, Mimi Alemayehou a été proche de Barack Obama, qui l’a nommée en 2010 vice-présidente de l’OPIC (Overseas Private Investment Corp.), l’agence étatique de financement du développement, après avoir été en 2008 directrice exécutive de la Banque africaine de développement (BAD) sous la présidence de George W. Bush.
Depuis Johannesburg, c’est l’avocate Mojanku Gumbi qui coordonne les affaires sud-africaines d’ASG via son cabinet Mojanku Gumbi Advisory Services. Très proche du président Thabo Mbeki, elle a été sa conseillère spéciale entre 1999 et 2008 sur les questions économiques ainsi que sur les processus de paix, notamment en RDC et en Côte d’Ivoire.
Au Nigeria, ASG travaille avec un cabinet partenaire basé à Abuja, ACIOE Associates, fondé par un ancien d’Accenture et de BP, Ekenem Isichei. Grâce à son réseau local, Isichei apporte de nombreux contrats à ASG, notamment en travaillant avec les pétroliers du delta du Niger (Shell, Chevron et la firme d’Etat NNPC).
En Ouganda, Albright a nommé comme représentant et conseiller un ancien patron de l’Ugandan Securities Exchange, Joseph S. Kitamirike. Madeleine Albright a également à ses côtés à ASG l’ancienne patronne de l’OPIC sous Barack Obama, la très connectée en Afrique Elizabeth Littlefield.
A Nairobi, c’est grâce à Isis Nyong’o Madison et son cabinet Asphalt & Ink qu’ASG peut fonctionner. Nyong’o est également directrice non exécutive du Nairobi Securities Exchange.
A Washington, l’ancien vice-président de la chaîne hôtelière Marriott International, Paul C. Ansah, est notamment chargé de faire grandir le portefeuille de contrats sur le continent.
L’Afrique francophone également couverte
Quant à l’Afrique de l’Ouest et centrale, elle est principalement gérée depuis les Etats-Unis par l’un des piliers du programme Afrique de l’ASG, Pierre Tantchou, ancien de l’ONG de surveillance des élections financée par le congrès américain National Endowment for Democracy. Il travaille en tandem avec une autre francophone de la firme, la vice-présidente Cassady Walters. Cette dernière a passé plusieurs années au Mali, où elle a également appris le bambara. Walters et Tantchou ont un seul partenaire en Afrique de l’Ouest francophone grâce au cabinet Eburnie Consulting Group de l’Ivoirien basé à Abidjan Raymond Zoukpo. Conseiller senior, il a passé près de trente ans comme économiste à la BAD.
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