Malta Forrest, le fils aîné du patriarche, a pris la tête d’une société, Congo Energy, qui a pour vocation de tirer profit des immenses potentialités du Congo, qu’il s’agisse d’énergie solaire ou hydro-électrique.
Le modèle de la centrale de Manono, dans ce Katanga inondé de soleil, est reproductible et il devrait rendre l’énergie accessible aux citoyens de la province.
Le modèle de la centrale de Manono, dans ce Katanga inondé de soleil, est reproductible et il devrait rendre l’énergie accessible aux citoyens de la province. – Congo Energy.
L’avenir du Congo, c’est l’énergie ». C’est pour cela qu’en 2017, Malta Forrest, l’aîné des trois fils, ingénieur de formation, a tout fait pour convaincre son père de quitter le secteur minier. C’est au moment de la chute du président Mobutu que ce dernier s’était lancé dans l’aventure, se voyant confier la direction de la Gecamines et se lançant dans la création de la société du terril de Lubumbashi, exploitant la montagne de rejets laissés au fil du temps par l’Union minière et riches en cobalt.
« Ce fut une belle aventure, se souvient Malta, mais, avec le boom des matières premières, dont le cuivre et le cobalt, nous avons assisté à une ruée mondiale vers les mines du Congo. Tous les géants du secteur se sont précipités au Katanga, au premier rang desquels les Chinois. »
Le fils aîné a donc préféré revenir vers le « core business » de la société, les travaux publics, la construction de routes, mais aussi le secteur agro-alimentaire, avec le soutien de son père, qui se souvenait que le fondateur de la famille avait d’abord été boucher. Malta Forrest a lui-même pris la tête d’une société, Congo Energy, qui a pour vocation de tirer profit des immenses potentialités du Congo, qu’il s’agisse d’énergie solaire ou hydro-électrique. « Les besoins de la population sont évidents et les possibilités sont immenses : c’est ainsi que nous avons déjà construit une centrale solaire à Manono, dans le Katanga, qui produit 500 megawatts, réparé deux turbines du barrage d’Inga, restauré des lignes de production de la Snel (Société nationale d’électricité), qui jouit d’un monopole de fait. » Bernard Gustin, ex-patron de Brussels Airlines passé aujourd’hui chez Elia, confirme : « Inga, en l’état actuel, c’est une demi-centrale nucléaire… »
De nouvelles technologies
Malta Forrest est particulièrement fier de la centrale de Manono, car dans ce Katanga inondé de soleil, le modèle est reproductible et il devrait rendre l’énergie accessible aux citoyens de la province, même si, en ce moment, le courant n’est pas encore distribué dans les villages car il y a un déficit de transport.
C’est bien pour cela que le fils de George Forrest entend bien collaborer avec la Snel. Elle contrôle 100 % de la distribution et produit en ce moment 99 % de l’électricité du pays. Au Nord-Kivu, la Snel travaille en collaboration avec des sociétés privées qui, grâce au barrage de Matebe, sur la rivière Rutshuru, dans le parc des Virunga, alimentent en électricité la ville de Goma et les petites industries de la région.
« A terme cependant, la production d’énergie pourrait se diversifier », poursuit Malta Forrest : « Nous envisageons de créer des “champs solaires” dans les villages. Ils approvisionneront les batteries électriques et permettront de réduire la consommation de “makala” (le charbon de bois), en usage dans tout le pays et qui contribue grandement à la déforestation. » « Aujourd’hui, de nouvelles technologies sont accessibles et nous songeons aussi à produire de l’hydrogène vert, à exploiter les ressources en gaz, à créer à travers le pays des mini-centrales. »
Du personnel local
Sans désavouer le mastodonte d’Inga, installé dans le Bas-Congo et qui approvisionne l’industrie minière du Katanga grâce à une ligne à haute tension, qui survole des villages plongés dans l’obscurité, Malta assure que « ce qui nous intéresse, ce sont des projets plus modestes, allant de 10 à 30 mégawatts, qui pourraient approvisionner les villages, apporter la lumière dans les foyers grâce à de l’énergie produite localement. N’oubliez pas que les câbles qui transportent l’énergie sur de longues distances coûtent excessivement cher… L’avenir du pays, c’est le solaire, l’hydraulique… »
L’aîné des héritiers du groupe ne rejette pas l’idée de trouver des partenaires étrangers et il assure que sa société, familière du terrain, pourrait « servir de poisson pilote à ceux qui voudraient investir dans le secteur. »
Malta Forest tient cependant à préciser que l’une des caractéristiques de son entreprise, de droit congolais, est d’engager et de former des nationaux « au sein de notre personnel, nous n’avons que 2 % d’expatriés, nous tenons beaucoup à former du personnel local, y compris à la maintenance du matériel. Nous organisons les apprentissages et assurons le suivi des projets… C’est la branche Congo Energy qui nous a permis de quitter le secteur minier et de dépasser la crise du covid… »
Le Soir /Colette Braeckman