Face à la concurrence chinoise, l’Arabie saoudite s’érige en intermédiaire pour le compte des Etats-Unis pour sécuriser les métaux rares au Congo

Washington et Riyad réfléchissent actuellement à un accord commun dans le but de sécuriser les métaux rares sur le continent africain, rapporte le Wall Street Journal.

La frénétique course aux métaux rares s’intensifie. Les États-Unis et l’Arabie saoudite sont actuellement en pourparlers afin de sécuriser les métaux rares indispensables à la transition énergétique des deux pays, rapporte le Wall Street Journal.

Sans surprise, chacune de ces deux nations espère trouver en ce commun accord son intérêt propre : Washington, de son côté, tente tant bien que mal de freiner la domination sans limite de la Chine en la matière, tandis que le royaume saoudien, premier exportateur mondial de pétrole, cherche à davantage diversifier ses activités économiques.

L’Arabie saoudite, un intermédiaire ?

Selon les informations obtenues par le WSJ auprès de l’administration Biden, une entreprise saoudienne, soutenue par Riyad, achèterait des participations dans des actifs miniers dans certains pays africains tels que la République démocratique du Congo, la Guinée ou la Namibie. Ainsi, les sociétés américaines, notamment spécialisées dans la construction automobile, pourraient s’octroyer plus facilement la production des participations saoudiennes obtenues grâce aux investissements sur le continent africain.L’Arabie saoudite se présente alors comme une sorte d’intermédiaire pour les États-Unis afin d’éviter des liaisons avec des États aux politiques sociales et économiques douteuses. En effet, explique le quotidien américain, la majorité des principaux minéraux essentiels à la transition « verte », comme le cobalt ou le lithium, se trouve dans des pays où « les pratiques commerciales des entreprises occidentales ont donné lieu à des allégations de corruption ».Ainsi, ajoute le WSJ, le royaume aura probablement davantage de « flexibilité » pour investir dans ces nations rongées par la corruption. Par exemple, la République démocratique du Congo, qui possède 50 % des réserves mondiales de cobalt, fait partie des pays africains les plus corrompus d’Afrique en 2022, selon le dernier indice publié par Transparency.

Enfin, l’Arabie saoudite est aussi moins contrainte et moins sensible aux préoccupations environnementales et sociales qui limitent la capacité d’autres investisseurs à déployer des capitaux dans ces pays africains. Car il est tout de même important de rappeler que l’exploitation de métaux rares n’est pas sans conséquences sur l’environnement et les populations : cette industrie nécessite d’énormes quantités d’eaux et relâche des poussières particulièrement toxiques dans l’air, dégradant ainsi la santé des habitants potentiellement situés à proximité des mines.

Autre élément important mis en exergue par le WSJ, la Maison Blanche serait aussi en négociation avec d’autres régions de la péninsule arabique, mais les discussions avec l’Arabie saoudite sont, à l’heure actuelle, à un stade bien plus avancé.

Diversification économique pour Riyad

Ce potentiel accord entre les deux pays s’inscrit également dans un effort de diversification économique du royaume saoudien. Cela fait désormais plusieurs mois que l’Arabie saoudite investit massivement dans des secteurs liés à la transition énergétique. Désormais, place au monde minier. À titre d’exemple, la société minière saoudienne d’État, Ma’aden, devrait signer un accord de 2,6 milliards de dollars avec le plus grand minier du Brésil dès 2024, rapporte une publication de Carbon Credits.

Parmi les nombreux projets saoudiens, le Wall Street Journal cite la volonté pour le pays de construire sa propre industrie de véhicules électriques ou encore ses investissements dans les technologies de pointe et l’intelligence artificielle.

Et pour illustrer, une fois de plus, cette course au développement engagée par Riyad, récemment, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a lancé un fonds de 750 millions de Rials saoudiens (environ 200 millions de dollars) pour des investissements dans le secteur de l’innovation, souligne Arab News.

Geo. fr

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