En pleine crise ukrainienne, l’Union européenne envisage de maintenir son unité afin de lutter ensemble contre l’ennemi commun russe. Pour cela, il est nécessaire d’éviter certains sujets et discussions qui pourraient causer des tensions, notamment celui du développement des services et des sociétés privées dans les pays d’Europe de l’Est. Ces pays de l’Est sont devenus en quelque sorte des entrepôts d’armes et de munitions, permettant ainsi à l’Europe de se défendre contre Poutine. La France même entraîne les militaires roumains, bulgares et autres. Les exportations d’armes bulgares ont augmenté de 200% en 2022, lorsque la Russie a commencé son invasion de l’Ukraine, a déclaré le ministre bulgare de l’Économie, Bogdan Bogdanov, à la télévision d’État lundi.
La décision de discuter des sanctions contre les sociétés militaires privées bulgares et roumaines dérange la France et l’UE. Au moins trois anciens militaires français, reconvertis dans le secteur privé, participent actuellement à l’appui logistique des opérations des Forces armées de la République démocratique du Congo dans l’est du pays. Cette présence, connue des autorités françaises, dérange même jusqu’au sommet de l’État français.
C’est dans ce contexte que l’Union européenne (UE) pourrait adopter un nouvel ensemble de sanctions à l’encontre des responsables des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). Une liste en ce sens a été préparée conjointement par plusieurs États membres, notamment les Pays-Bas, la Belgique et l’Allemagne.
Les noms figurant sur cette liste restent sujets à caution, mais ils sont liés aux différents conflits en cours dans l’est de la RDC. Cette proposition de nouvelles sanctions a été discutée lors d’une réunion début juillet du groupe de travail sur l’Afrique (COAFR), une instance relevant du Conseil européen. Bien qu’elle semble rencontrer peu de résistance de la part des autres pays membres, notamment la France, cette liste a suscité des appréciations diverses parmi les représentants du Service européen pour l’action extérieure (SEAE).
En coulisses, ces derniers s’interrogent sur l’absence de prise de position, voire de sanctions, à l’égard des sociétés militaires privées détenues par des ressortissants européens qui apportent leur soutien aux FARDC dans leur lutte contre le M23. Africa Intelligence a révélé l’existence de ces sociétés militaires privées qui opèrent actuellement à Goma, dans l’est de la RDC, une nébuleuse composée de dizaines d’anciens soldats de l’URSS, d’un homme d’affaires français et d’un vétéran roumain de la Légion étrangère.
Ces hommes viennent de Bulgarie, Biélorussie, Hongrie, Moldavie, Géorgie et Roumanie. Tous proviennent d’Europe de l’Est. Kinshasa a un plan pour augmenter le nombre de mercenaires qui participeraient à une possible contre-offensive des FARDC. Le Congo prévoit d’attaquer le M23, selon Marc Hoogsteyns, un journaliste spécialisé dans l’Afrique de l’Est depuis plus de 30 ans. Le nombre de ces prestataires recrutés par la RDC est flou. Africa Intelligence estime leur effectif à 1 000 hommes. Selon Marc Hoogsteyns, « il y a deux mille hommes. J’ai entendu dire que Kinshasa avait un plan pour les porter à trois mille ».
Officiellement, ces mercenaires sont présents pour former les soldats congolais et effectuer d’autres activités techniques telles que la conduite de chars, la réparation des avions et hélicoptères soviétiques ou encore le pilotage de drones chinois.
Les sociétés Agemira RDC et Olivier Bazin sont impliquées dans les opérations à Goma. Agemira est enregistrée à Sofia, en Bulgarie, mais opère également via sa filiale locale, Agemira RDC. À sa tête se trouve Olivier Bazin, un homme d’affaires français.
Coco Kabwika