Deux observations à faire au regard des évènements des derniers jours en RDC. La première sur la libération du colonel Eddy Kapend; la seconde sur le cas Roger Lumbala.
Sur la grâce présidentielle accordée au colonel Eddy Kapend, aide de camp de feu Laurent-Désiré Kabila, il convient de souligner que celle-ci avait été discutée l’année dernière entre Félix Tshisekedi et Joseph Kabila. Ce dernier avait consenti à ce que certaines personnes, dont Eddy Kapend, soient graciées.
Maintenant, les Congolais s’attendent à ce que le colonel Kapend livre sa version des faits sur la mort de l’ancien Président Laurent-Désiré Kabila. De mon point de vue, il ne dira pas grand-chose, car les complicités s’étendent au-delà des frontières nationales. La version de l’histoire disant que L-D Kabila a été assassiné par un jeune kadogo est une plaisanterie. Le colonel Kapend le sait bien, et ce n’est pas pour rien que les services secrets français ont tout fait pour obtenir sa libération. Rouvrir ce dossier, c’est prendre le risque de mettre à nu l’implication de certains Congolais, mais aussi et surtout des alliés de Félix Tshisekedi : le Rwanda et les États-Unis. C’est ouvrir une boite de pandore que bien des gens, en RDC comme à l’étranger, souhaiteraient garder bien fermée.
S’agissant du cas Roger Lumbala, poursuivi pour « complicité de crimes contre l’humanité » en France, il faut se garder de tout triomphalisme. On parle ici et là de « l’effet Mapping Report », mais la réalité des faits est beaucoup plus complexe. Le Mapping a certainement servi de source documentaire, mais sans plus. Aussi faut-il souligner que l’enquête contre M. Lumbala remonte à 2016, contrairement à ce qui se raconte ici et là dans les milieux congolais. Quand on analyse ce dossier, l’on se rend bien compte qu’il y a plusieurs zones d’ombre. De toute évidence, il n’y aura pas de procès sans enquête en RD Congo. Les enquêteurs de l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité (OCLCH) devront descendre au pays de Lumumba pour documenter les évènements, et c’est seulement à ce moment-là qu’on aura l’heure juste sur ce qu’il convient d’appeler l’affaire Lumbala.
Quant au rapport Mapping, il est et reste un document de référence sur les crimes commis au Congo. Mais aussi longtemps que le gouvernement de Félix Tshisekedi continuera à entretenir de bonnes relations avec les pays indexés dans ce rapport, rien ne se fera pour rendre justice aux victimes congolaises et hutu rwandaises. Être optimiste, oui. Mais encore faut-il être aussi réaliste.
Je bois mon lait nsambarisé…
Patrick MBEKO