Ne Muanda Nsemi, député national honoraire et chef spirituel du mouvement mystico-politico-religieux Bundu Dia Mayala (BDM), ex-Bundu Dia Kongo, se trouve interné, depuis plus d’une semaine, au Centre Neuro-Psycho-Pathologique (CNPP) de l’Université de Kinshasa, pour cause de « trouble mental sur fond de stress à répétition ». Son dossier judiciaire, jusque-là pendant au niveau du Parquet général près la Cour d’Appel de Kinshasa/Gombe, risque d’être classé sans suite, alors que l’intéressé devait être poursuivi pour rébellion, incitation à la haine tribale, trouble de l’ordre public, etc.
Il a été dit et redit, par nombre d’observateurs, que Ne Muanda Nsemi est plus tourmenté par des problèmes socio-financiers que politiques. Car, au plan politique, depuis sa sortie de la clandestinité en mai 2019, après deux années de cavale consécutives à son évasion de la Prison Centrale de Makala, alors objet d’une attaque armée de ses « Makesa » (miliciens), et la tenue d’élections présidentielle, législatives nationales et provinciales ayant donné au pays un nouveau Chef de l’Etat, des députés nationaux et provinciaux, et plus tard, au second degré, de sénateurs et gouverneurs de provinces, il devrait logiquement attendre 2023 si l’envie lui prenait de briguer un mandat politique.
Pendant que nombre de compatriotes s’interrogeaient au sujet des discours et actes de Ne Muanda Nsemi, un pan de voile vient d’être levé par sa seconde femme, familièrement appelée « 2me Bureau » selon les mœurs du pays. C’est la dame dont l’image vidéo avait fait le tour des médias et réseaux sociaux, car arrêtée, en même temps que son mari ainsi que plus de 200 adeptes, dans la cave de leur résidence, à Ma Campagne, dans la commune de Ngaliema, le vendredi 24 avril, lors de l’assaut de la police sur cette « forteresse ».
A l’image de nombre de femmes, elle n’a pas sa langue dans sa poche et ne cesse de parler.
Et ce qu’elle raconte a fini par franchir les murs du pavillon où est interné Ne Muanda Nsemi.
Selon son témoignage, les malheurs de « son » homme sont partis de sa séparation tumultueuse d’avec sa première femme, la mère de ses dix enfants. A en croire le « 2me Bureau », alors que Ne Muanda s’était coupé en quatre pour les faire étudier dans de très bonnes écoles, à Kinshasa comme à l’extérieur, et qu’il a continué à assumer ses responsabilités de père de famille, son « ex » aurait décidé d’empoisonner son existence, en coupant non seulement tout contact avec lui mais surtout en intoxiquant les dix enfants, au point de les pousser à le renier.
Abandonné, humilié et continuellement harcelé par son « ex » et ses dix ans, mais pire, financièrement fauché, le gourou de Bundi Dia Kongo ressemble à un homme déboussolé, perdu. Son « 2me Bureau » croit savoir que toutes les turpitudes qui ont marqué sa vie, jusqu’à son arrestation le 24 avril dernier, et son transfert au CNPP, seraient liées à ses problèmes familiaux et financiers.
Elle a révélé que depuis sa sortie de sa planque, en mai 2019, il ne vivait que grâce à la générosité de quelques bonnes volontés, avec en tête Joseph Olenghankoy, président du CNSA (Conseil National de Suivi de l’Accord de la Saint-Sylvestre), mais aussi des dons en nature et en espèces que lui faisaient parvenir quelques « makesa » résidant au Kongo Central. Selon la même source, c’est Olenghankoy qui lui avait acheté le nouveau lit conjugal, des habits et le gratifiait de temps en temps de 500, 300 ou 200 dollars, selon les circonstances, pour sa survie et la prise en charge des adeptes qui campaient dans sa résidence de Ma Campagne.
Ne Muanda Nsemi, aux dires de son «2me Bureau » est devenu un nécessiteux permanent, qui ne cessait de se plaindre de l’ingratitude de sa première femme et de ses dix ans.
Interrogée au sujet de sa responsabilité à elle dans la dislocation du couple Ne Muanda Nsemi et dans la rupture entre ce dernier et les enfants du premier lit, la seconde femme a plaidé non coupable, soutenant que c’est l’homme lui-même qui avait décidé unilatéralement de prendre une seconde âme sœur. De toutes les façons, selon la tradition africaine et congolaise, a-t-elle fait remarquer, il n’est pas interdit à un homme d’être polygame. Même dans l’hypothèse de la séparation, a-t-il martelé haut et fort, la rupture n’est jamais définitive entre un couple ayant des enfants, surtout quand il y en a dix. Elle a conclu en condamnant sévèrement l’ingratitude de sa rivale et des enfants de Ne Muanda Nsemi à l’égard de dernier.
Certains compatriotes soutiennent être scandalisés par l’étalage, sur la place publique, du bulletin de santé de Ne Muanda Nsemi, chef spirituel du mouvement mystico-politico-religieux Bundu Dia Mayala, présentement sous traitement au CNPP (Centre Neuro-Psycho-Pathologique de l’Université de Kinshasa). Il nous parait utile de souligner qu’on a là affaire à un homme public, une personnalité politique qui ne s’appartient plus, dont les faits et gestes intéressent l’opinion publique, interne comme externe.
A-t-on déjà oublié que c’est dans ce pays qu’en 1996, le bulletin de santé de tout un Chef de l’Etat, le Maréchal Mobutu Sese Seko en l’occurence, avait fait les choux gras de la presse tant nationale qu’internationale, lorsqu’une fuite partie de son propre entourage, avait révélé qu’il souffrait du cancer de la prostate ? Les péripéties de l’échec de la première comme de la seconde intervention chirurgicale réalisées par des médecins suisses étaient suivies comme des épisodes d’un feuilleton télévisé. Même des bébés « Zaïrois », dans leurs berceaux, étaient au courant du mal qui rongeait celui qui prétendait, au plus fort de sa dictature, n’avoir jamais séjourné dans un lit d’hôpital ?
Tout récemment, lorsque le Premier ministre britannique a été testé « positif » au coronavirus et mis en quarantaine, on a vu des équipes de journalistes et cameramen faire le sit in, jour et nuit, devant l’hôpital où il était interné. On a vu aussi son porte-parole donner régulièrement, aux médias, des nouvelles sur l’évolution de son état de santé.
Des stars de football – Christiano Ronaldo, Blaise Matuidi- étaient la cible des médias et réseaux sociaux dès que le premier avait décidé de se mettre volontairement en quarantaine et que le second avait été déclaré « positif » au Covid-19 et mis sous traitement. Avant que Manu Dibango, le roi du « Makossa », et Papa Diouf, ancien président de l’Olympique de Marseille, ne meurent du coronavirus, leur état de santé était connu du monde entier.
Que dire de Bob Marley et de Michael Jackson, ces stars de la musique, dont le séjour dans le « couloir de la mort » était suivi, aux quatre coins du monde, de jour et en jour et d’heure en heure, jusqu’à leur dernier souffle ?
Que dire de la ministre de l’Economie Nationale, Acacia Bandubola, dont le cas et ceux de son frère et de sa sœur décédés du coronavirus étaient suivis, avec une attention soutenue, par toute la communauté nationale ? Vidiye Tshimanga, membre du cabinet du Chef de l’Etat, a fait dernièrement, dans la presse et les médias sociaux, un témoignage édifiant sur son propre bulletin de santé, de son dépistage « positif », en passant par les couacs de sa prise en charge, jusqu’à sa guérison.
Pendant que le Directeur de cabinet du Chef de l’Etat se trouve en détention préventive à la Prison Centrale de Makala, qu’est-ce que ses avocats et sa famille ne racontent-ils pas sur son état de santé présumé précaire ? Pourquoi ne leur interdit-on pas de faire de la publicité sanitaire autour de cette personnalité ?
Kimp/Lephare