Nigeria, Congo, Cameroun, Rwanda : les soutiens du CMT au Tchad

Moussa Faki et Tshisekedi

Le Conseil de paix et de sécurité n’entend pas suspendre le Tchad de l’Union africaine. Certains pays ont pesé de tout leur poids en faveur des militaires.

Pour échapper aux sanctions internationales, le Conseil militaire de transition peut compter sur le soutien du président nigérian, Muhammadu Buhari. Un soutien exprimé officiellement vendredi (14.05.2021) à Abuja, lors de la rencontre entre le chef du Conseil militaire de transition (CMT), le général Mahamat Idriss Déby, et le président Buhari.

Pour Paul-Simon Handy, chercheur au bureau de Dakar de l’Institut d’études de sécurité (ISS) basé à Pretoria, si le Nigeria, d’habitude hostile à toute prise de pouvoir par les armes, soutient les militaires tchadiens, c’est avant tout pour des questions sécuritaires.

« Le Nigeria a besoin du soutien du Tchad dans sa propre lutte contre Boko Haram. Le Tchad est, avec le Cameroun, le seul pays qui a été autorisé à rentrer en territoire nigérian dans le cadre d’accords de défense« , explique le chercheur.

Soutien de l’Afrique centrale

Le CMT jouit du soutien du Nigeria mais aussi de plusieurs pays d’Afrique centrale. Avant la réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, des émissaires du Conseil militaire de transition ont notamment rencontré le président rwandais Paul Kagame, ainsi que ses homologues congolais Denis Sassou Nguesso et camerounais Paul Biya. 

Cette offensive diplomatique a pesé dans la balance, regrette Paul-Simon Handy.
« L’Union africaine semble dire qu’une transition normale constitutionnelle aurait plongé le Tchad dans plus d’insécurité. Ceci n’est ni vérifié ni probable. C’est une analyse qui reflète la composition du Conseil de paix et de sécurité. On comprend mieux avec cette composition comment ils ont pu convaincre ceux qui étaient pour des sanctions, pour l’application de la déclaration de Lomé », estime Paul-Simon Handy.

Ces tchadiens haut placés

Pour l’analyste malien Etienne Fakaba Cissoko, la présence de plusieurs cadres tchadiens à la tête d’institutions africaines a aussi permis au Tchad d’échapper aux sanctions internationales.

« Il y a des Tchadiens qui occupent des postes importants au niveau de la communauté internationale. Or ce sont des organisations qui prennent des sanctions contre les pays qui ne respectent pas les principes démocratiques. En plus, la communauté internationale qui joue gros dans le Sahel, n’a pas intérêt à voir un pays comme le Tchad, qui traverse une crise politique aussi grave, subir une instabilité institutionnelle », pense l’analyste malien.

DW

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