RDC: Incendie marché de la Liberté, un vendeur d’huile et deux gardes aux arrêts

Un incendie a réduit en en cendres dans la nuit du mardi 30 au mercredi 31 août les pavillons 20 et 21 et une partie du pavillon 19 au marché de la Liberté à Masina dans la partie Est de Kinshasa. Ces stands étaient ceux où l’on vendait des vivres. Spetacle désolant. Des restes des marchandises et étalages fumants. Une bonne partie du marché de la Liberté était comme touchée par la lave d’un volcan.

Jusqu’en milieu d’après-midi, la partie sinistrée était encore fumante. Une foule de badauds, certains tout étonnés, d’autres compatissants n’en croyaient pas leurs yeux devant des  étalages et des restes des marchandises calcinés.

Devant un tel spectacle,  tristesse et colère étaient les sentiments dominants sur les  visages de nombreuses personnes venues visiter le sinistre du marché de la Liberté. A en croire certaines personnes interrogées sur place, l’incendie est d’origine non criminelle. Il s’agirait d’un commerçant d’huile qui serait à l’origine dudit incendie. L’homme aurait l’habitude de fabriquer de l’huile de seconde main en chauffant de l’huile de qualité qu’il mélange avec du Bona. C’est ce mélange qu’il aurait pris l’habitude de vendre à ses nombreux clients, qui serait à la base de l’incendie.

L’ETAT EXISTE-T-IL DANS CE PAYS ?

Une des vendeuses de poissons fumés s’en prend aux autorités devant les nombreux badauds assemblés devant elle.  » Est-ce que dans ce pays, l’Etat existe ? Pourquoi n’y a-t-il pas un véhicule anti-incendie pour ce marché si l’Etat existe ?  » vocifère-t-elle, fâchée.

Plus loin, un autre commerçant affairé, balai en main, à nettoyer devant sa boutique dit avoir bénéficié de la grâce de Dieu. Sa boutique, où il vend des biens de première nécessité, a échappé de justesse aux flammes. « Je loue Dieu qui a sauvé mes marchandises de cet incendie. Mais ceux dont les biens ont été consumés, bénéficieront aussi de la miséricorde de Dieu « , témoigne-t-il, impassible, ferme dans sa conviction, comme un serviteur de Dieu.

Comme c’est le cas dans de telles circonstances, des voleurs se saisissent de cette aubaine pour emporter quelques biens rencontrés soit dans des boutiques ou étalages sinistrés. La police qui veille au grain les appréhende.

QU’EST-CE QUI S’EST PASSE ?

Qu’est-ce qui s’est réellement passé la nuit de mardi 30 à mercredi 31 août, vers 2 heures du matin, pour qu’il y ait incendie à la base de ce grand sinistre ? Telle est la question que l’on se pose. Pour certains, bien chauffée, l’huile aurait pris feu que le commerçant n’a pas pu éteindre, pris de sommeil. Ils ajoutent que ce vendeur d’huile est habitué à travailler la nuit avec la bénédiction des agents de garde du marché qu’il arrive à soudoyer.

Mais le Commissaire adjoint de la police du Ciat/Marché de la Liberté, Francis Nsimba, parle d’un incendie criminel. Il dit avoir été informé par clameur publique vers 3h du matin et qu’en ce moment trois personnes sont aux arrêts ; le vendeur d’huile appréhendé sur place vers 3 heures du matin et deux des agents ayant monté la garde la nuit du sinistre.

« Vers 3 heures du matin, pendant que nous étions de service, nous avons été informés par clameur publique de l’incendie criminel au marché de la Liberté, plus précisément dans la nuit du mardi 30 au mercredi 31 août. Une fois sur les lieux, nous avions constaté qu’il y avait 2 pavillons qui étaient consumés par le feu. Le pavillon 20 et quelques tables du pavillon 21. Outre ces pavillons, 4 tables du pavillon 19. Du côté village Motute, les magasins délimitant le village Motute et la Bralima, il y a aussi 9 magasins au total avaient aussi pris feu », a raconté le Commissaire adjoint Francis Nsimba.

UN VENDEUR D’HUILE,  PREMIER SUSPECT

Et d’ajouter: « Lorsque nous sommes arrivés sur les lieux, le chef d’équipe du service de sécurité qui fait la garde, nous a présenté un monsieur qu’il avait appréhendé à partir de 03 heures parce qu’il l’avait trouvé sur place. Il nous l’a présenté à côté de sa table pendant qu’il y avait l’incendie. Le gardien nous l’a presenté comme le premier suspect. On l’a pris pour être acheminé au sous-ciat, La personne a avoué avoir été présente, mais sur l’autorisation de l’un des gardes, Nous lui avons demandé comment il s’est retrouvé au marché alors qu’il ferme à 16h30 et qu’à 17h personne ne peut s’y retrouver« .

Pour le policier instructeur du dossier, le suspect leur a expliqué qu’il est vendeur d’huile  et  qu’il était là pour décharger les marchandises. Les bidons d’huile étaient là depuis 18 heures qu’ils ont déchargé jusqu’à 23 heures passes, bien que le sous-ciat n’était pas informé mais du moins les agents des pavillons étaient informés de ce déchargement nocturne. Il a precisé que le déchargement nocturne est interdit. Par ailleurs, le suspect a justifié sa présence dans le marché jusqu’à 3 heures par le retard pris dans le déchargement de sa marchandise qui a pris fin à 23 heures passées et qu’à cette heure  il ne pouvait pas regagner son domicile.

Nous avons mis la main sur le premier suspect qui, après l’avoir entendu sur procès-verbal,  a reconnu avoir été  présent lors de l’incendie mais nie en être l’auteur parce que lui aussi a perdu ses effets. La police a mis la main sur les deux agents de sécurité qui ont monté la gardé cette nuit-là.

L’enquête jusque-là suit son cours normal et que le dossier se trouve à l’Auditorat militaire de N’djili, a conclu le commissaire. adjoint de police du Ciat du marché de la Liberté.

PLUSIEURS QUESTIONS SANS REPONSES

Ce sinistre relance la sécurité de la plupart des lieux de négoce de la capitale  Kinshasa, et partant, de tout le pays. En effet, comment expliquer qu’un grand marché comme celui-ci ait été l’objet d’un grand incendie sans qu’aucune intervention du service anti-incendie ne soit venu au secours ? Où étaient les agents commis à la sécurité dudit marché ? Comment une personne, vendeur d’huile soit-il, peut-il se retrouver au marché en pleine nuit alors que le marché ferme à 16h30 ? De qui a-t-il obtenu l’autorisation de décharger ses marchandises jusqu’à cette heure, tel qu’il a déposé à la police ? D’où est venu le feu à cette heure ? S’il faut faire foi aux déclarations de certaines personnes rencontrées sur place, alléguant que le suspect a l’habitude de fabriquer de l’huile à laquelle il mélange du Bona, de qui obtient-il l’autorisation d’être au marché à des heures indues ? De la police. ? De la S’il garde du marché ? S’il se livre à cette activité depuis longtemps, pourrait-on croire que la police ne soit pas pourtant autant au courant depuis ce temps ?

A ce stade, toutes ces questions sont sans réponses. Et c’est entre autres à toutes ces questions que l’opinion attend des réponses précises pour que la lumière soit portée à ce dossier de manière à ce que toutes les personnes incriminées répondent de leurs actes. Malheureusement, en dépit de tout dénouement dudit dossier, il n’est pas certain que les nombreux sinistrés soient dédommagés.

Kléber KUNGU/Forum des As

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