Finalement la RDC de Félix Tshisekedi entend s’inscrire résolument sur les exigences de la fondation de l’état par le droit. C’est l’ère de la justice égale pour tous : ministres en fonction, membres de cabinets, ministres honoraires, cadres de l’administration publique, opérateurs économiques et simples citoyens. Ils se sont tous succédés devant le juge lors de la 4ème audience pour justifier les deniers publics.
Que des témoignages assortis des révélations explosives, comme pour indiquer que tout devra être explosif dans la nouvelle République des juges ! Une République bien en marche. Des leçons importantes à tirer :
Au sujet de la gestion de l’État
C’est le procès des finances publiques et de leur gestion ainsi que celui du fonctionnement de l’administration publique.
La loi sur les finances publiques, la chaîne de la dépense et autres formes d’outils mis en place pour protéger les deniers publics sont systématiquement escamotés au profit des procédures d’urgence, des dépenses prioritaires, engagées sans traçabilité, mais exécutées par les acteurs de la chaîne publique, sans vérifications nécessaires…
L’ordonnancement se fait uniquement par l’exécution des instructions du Dircab agissant, selon lui, au nom du chef de l’État et sans soubassement et sans suivi de la destination finale…
La BCC paie uniquement sur base de l’ordre sans questionner sa légalité et régularité, a fortiori même si des erreurs s’y glissaient et sans savoir comment les banques commerciales assujetties au contrôle de change opèrent avec les particuliers…
Ce procès démontre que les ministres des Finances, du Budget, présentés comme des rigoureux, ne sont que des exécutants au point où l’auteur d’une instruction non encadrée dans la loi de finances publiques peut leur opposer la turpitude d’exécuter un ordre illégal, sans en objecter…
Des comptables publics payés en espèces, circulant avec des espèces à partir de la Banque centrale et distribuant des sous, même dans des chambres d’hôtels ou villas…
Un autre constat, c’est celui des conflits d’intérêts engendrés dans la prise des décisions d’Etat : Baie de Ngaliema variable en fonction de l’accès ou non à une propriété… Des ministres assurant le suivi des certificats d’enregistrement. Des certificats d’enregistrement émis sur des concessions non mises en valeur, des actes authentiques imprimés sans vérification préalable des identités, sans soubassement clair (donation ou vente)… C’est un procès qui met à nu les tares que nous vivons au quotidien face à l’administration assurée par voie verbale, des documents officiels émis sans vérification…
Le Congo est le pays où l’exception devient la règle. On appelle ça indiscipline (gré à gré, importation sans licence, circulation des fonds hors circuit et thésaurisation, même au sein des institutions, marchés conclus et payés sans autorisation de la DGCMP, copinage entre responsables et bénéficiaires des marchés).
Au sujet de la gestion du cabinet du chef de l’État
Deux leçons à tirer. La première, c’est le constat d’un fonctionnement à deux vitesses entre le directeur de cabinet très puissant, agissant sur « instruction du chef de l’État », mais visiblement maîtrisant mieux le contenu de ses actions que quiconque, et prenant les grandes décisions avec un groupe restreint du cabinet, (composé curieusement que des ressortissants d’un même coin de la République) et invitant quelques-uns des proches du chef ( la plupart d’un autre coin seulement de la République) à la mangeoire pour des miettes (quelques membres de la fameuse commission de suivi) et reléguant les autres au rang des frustrés qui, dans leur situation, cherchent des voies détournées pour se satisfaire de leur rang de puissants conseillers spéciaux ou principaux du chef. Ce fonctionnement à deux vitesses justifie la pléthore d’agents à la présidence et les gué-guerre qui isolent en quelque sorte le chef de l’État écartelé entre son allié puissant chef de son cabinet et ses proches collaborateurs peu gâtés, mais qui sont ses oreilles : « Je suis le conseiller principal et j’interagis avec les institutions, je suis économiste mathématicien, j’ai eu mon diplôme à Genève, là où on ne peut acheter son diplôme… ».
Moralité : Il y a nécessité pour le Président de la République de revoir son cabinet en veillant sur sa cohésion et une unité de commandement.
On comprend la situation actuelle au cabinet où népotisme, trafic d’influence et rivalité cohabitent sur fond partisan et tribal…
Au sujet des témoins
Les témoins avaient des éléments de langage pour charger le dircab ou pour le décharger. Il y avait aussi un groupe des gentils que le dircab ne manquait pas de féliciter à tout bout de champ. Mais ceci a permis de comprendre l’écart entre la vision salvatrice de 100 jours et l’occasion qu’elle a été de dilapider les deniers publics sous forme de dépenses non seulement urgentes et prioritaires et exécutoires (qui justifiaient des sorties), mais aussi des attributions des marchés à la carte (Ousmal Camp Tshatshi), mais dont personne ne reconnaît les attributaires (ceux qui ont participé aux réunions désignant Ousmal sur instruction du chef de l’État qui appartiennent tous au même groupe (les amis du dircab au cabinet), mais ne se souviennent pas de la personne ayant représenté cette entreprise… Curieusement, les Jammal et Ashour repris sur les actes de la société sont tous partis en vacances (Peut-être que M. Jammal ne s’est pas dédoublé, car n’ayant pas le don d’ubiquité… Le dernier comparant a quand même signalé que Samibo et Ousmal sont les mêmes personnes). Un autre groupe de témoins constitué d’anciens ministres, sont venus se défouler pour avoir été écartés de la gestion par le dircab et ignorant tout des prestataires et paiements faits par leurs services aux bénéficiaires du programme de 100 jours dont les résultats se font attendre.
Un troisième groupe de témoins est celui des proches du chef de l’État aigris et frustrés dont l’un très puissant avait vu le mal venir de loin et publié 50 notes techniques par semaine sans avoir avisé la hiérarchie sur les dangers du programme de 100 jours tripatouillé.
Massaro alias « Gombe na Gombe », pas très bon menteur, et par surcroît arrogant et Jammal, le plus grand commerçant, deux grands amis et complices ne savent pas comment ils se sont retrouvés sur deux concessions, puis se sont divisés quand il s’agit de faire don à Soraya Mpiana… La pauvre bénéficiaire étudiante de Paris Versailles, n’est que bénéficiaire putative et fortuite d’un représentant qui ne s’est souvenu que de son nom sans connaître son identité reprise sur l’acte de location. Enfin, l’épouse Kamerhe, Mme Amida Shatur, a démontré que, dans ce pays, il y a des mariages qui peuvent vous rendre heureux toute votre vie, mais aussi que l’on peut verser beaucoup d’argent dans une banque sans difficultés, malgré les interdictions de la réglementation de change… Quelle commerçante très entreprenante!
Conclusion
Le juge est suffisamment éclairé pour que l’on passe à la plaidoirie… Derrière le juge, c’est toute la nation congolaise qui est suffisamment éclairée sur la gestion de ses finances publiques, les dysfonctionnements des services publics et le trafic d’influence caractéristiques de l’élite politique congolaise.
Dans tout ça, trop de millions entre les mains d’un groupe restreint dans un pays où la pauvreté est criante.
Lepotentiel