Après avoir fait fortune dans la foulée de l’intervention américaine en Irak en 2003, l’entrepreneur Rubar Sandi multiplie les méga-projets d’infrastructures en RDC. Il bénéficie pour cela du soutien des autorités indonésiennes.
A la tête de The Sandi Group Holdings (TSG), qui regroupe des sociétés présentes dans la sécurité, l’immobilier, la logistique ou la biométrie, l’entrepreneur américain Rubar Sandi a prévu de se rendre la semaine prochaine à Istanbul, en Turquie, afin d’y rencontrer des officiels de la présidence congolaise. Initialement prévu ce week-end, le rendez-vous a été reporté en raison du contexte politique en RDC, qui est marqué par une série de consultations organisées par le président Félix Tshisekedi en vue de trouver une nouvelle majorité au parlement.
Parmi les personnalités congolaises conviées à Istanbul doivent figurer Guylain Nyembo Mbwizya, directeur de cabinet adjoint en charge des finances à la présidence, ainsi que Alexy Kayembe de Bampende, conseiller spécial en charge des infrastructures auprès du chef de l’Etat. L’objectif de cette réunion est de discuter de l’avancée des différents projets dans les infrastructures développées dans le pays par Rubar Sandi.
Ces derniers se révèlent très ambitieux. Il s’agit notamment de réhabiliter et construire la voie de chemin de fer, qui doit permettre de relier le futur port en eau profonde de Banana , situé sur la façade atlantique du pays, à Sakania, localité située à la frontière entre la RDC et la Zambie, dans la riche province minière du Haut-Katanga. Porté depuis 2019 par la présidence congolaise , ce projet vise à ouvrir une voie d’exportation aux minerais produits dans l’ex-grand Katanga passant par la seule RDC. Selon nos informations, Rubar Sandi a également évoqué auprès des autorités l’éventualité de construire le long du rail une autoroute de 2X2 voies.
1 000 MW dans le solaire
Outre le rail et la route, TSG s’intéresse également à l’électricité. Via sa filiale congolaise Sunplus SARL, la firme a récemment signé un Power Purchase Agreement (PPA) avec la Société nationale d’électricité, qui vise à développer par tranches un total de 1 000 MW dans le solaire à Kinshasa. Sans que le chantier soit pour autant lancé, une cérémonie de pose de la première pierre a été organisée en août 2020 dans la capitale en présence du chef de l’Etat.
Pour asseoir ses ambitions en RDC, Rubar Sandi mise sur sa présence à l’autre bout du globe, en Indonésie, où il a créé en 2018 la société d’investissement Titan Global. Cette dernière a conclu en août 2019 une série de partenariats avec des entreprises publiques indonésiennes lors de l’Indonesia-Africa Infrastructure Dialogue - une conférence organisée par Jakarta qui faisait suite à la première édition du Indonesia-Africa Forum en 2018. Côté électricité, les contrats Engineering, Procurement and Construction (EPC) des centrales solaires à Kinshasa reviendraient ainsi à Barata Indonesia et Len Industri, tandis que le chantier ferroviaire entre Banana et Sakania serait assuré par l’entreprise d’Etat Industri Kereta Api (INKA).
Un second aéroport à Kinshasa ?
En plus de l’appui de Jakarta, Rubar Sandi a bénéficié de l’entremise de Gilbert Mundela, à la fois cousin et ancien conseiller privé de Félix Tshisekedi, qui a fait le lien en 2019 avec le nouveau pouvoir congolais. Décédé en décembre 2019 à Nairobi, ce militant historique de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, le parti présidentiel) a mis en relation l’homme d’affaires avec le gouverneur de la ville-province de Kinshasa, Gentiny Ngobila, qui a prêté une oreille attentive aux ambitions de l’entrepreneur américain.
Outre les projets dans le solaire, les deux hommes planchent sur un chemin de fer long de 62 km destiné à décongestionner la capitale – celui-ci aussi serait exécuté par INKA. Autre chantier envisagé : la construction d’un second aéroport, qui viendrait appuyer celui de N’Djili, afin de répondre à la croissance démographique exponentielle de l’agglomération kinoise.
Débuts au Moyen-Orient
Avant de s’intéresser à l’Afrique, Rubar Sandi a travaillé dans la banque, puis a mené des affaires grâce aux interventions militaires successives de l’ex-président américain George W. Bush. Lui-même est un Irako-Kurde, qui a fui la violente répression du régime irakien pour trouver refuge aux Etats-Unis au milieu des années 1970. Il est le cofondateur en 2002 du U.S.-Iraq Business Council, et son entreprise a connu un essor florissant un an plus tard lors de l’invasion américaine de l’Irak en 2003.
Via sa société TSG, l’entrepreneur a bénéficié de nombreux contrats, notamment du département d’Etat américain, destinés à la reconstruction du pays. Il a travaillé ensuite de la même manière en Afghanistan. Il a œuvré en partenariat avec la société américaine de services de défense DynCorp, très sollicitée à l’époque par Washington.
Africa Intelligence