Un rapport confidentiel et non publié de l’ONU accable le Rwanda pour son « implication du Rwanda dans l’est de la République démocratique du Congo » alors que le gouvernement rwandais réfute les accusations d’un rapport confidentiel et non publié. En d’autres termes, le gouvernement de Paul Kagame n’accorde pas trop d’importance à ce rapport censé à ne pas être public mais plutôt à rester dans des tiroirs des Nations-Unies.
Les autorités de Kinshasa l’attendaient depuis des mois, et son contenu s’avère explosif. Le rapport confidentiel du groupe d’experts des Nations unies sur la République démocratique du Congo (RDC), transmis à des Etats membres du Conseil de sécurité de l’ONU et que Le Monde s’est procuré jeudi 4 août, accuse l’armée rwandaise d’avoir participé à des attaques contre des militaires congolais et d’avoir équipé et fourni des renforts aux insurgés du Mouvement du 23-Mars (M23). Cette rébellion, née en 2012, a repris les armes contre l’Etat fin 2021, dans l’est de la RDC, le long de la frontière avec le Rwanda.
Les experts de l’ONU, qui ont mené des « inspections sur place » et analysé les « images disponibles », assurent disposer de « preuves solides » démontrant la participation de militaires rwandais à plusieurs attaques perpétrées contre des soldats congolais, dans la province du Nord-Kivu, fief du M23, entre novembre 2021 et juillet 2022. « Les FRD [Forces rwandaises de défense], soit unilatéralement, soit conjointement avec des combattants du M23, se sont engagées dans des opérations militaires contre des groupes armés congolais et contre des positions des FARDC [Forces armées de la RDC] », lit-on dans le document de vingt-neuf pages.
La visite d’Antony Blinken en RDC et au Rwanda
Washington a fixé aux 9 et 10 août les dates de la visite officielle du secrétaire d’Etat Antony Blinken attendu à Kinshasa, la capitale de la RDC, et doit également fouler le sol à Kigali, la capitale du Rwanda.
La visite du chef de la diplomatie américaine reste tributaire du « contexte international », est-il précisé à Washington, en référence à la guerre en Ukraine.
Cependant, le gouvernement de Kinshasa travaille 24 heures sur 24 à huis clos avec l’aide d’une société sous contrat à Washington, Scribe Strategies and Advisors, pour entraîner le gouvernement américain dans les affaires régionales.
Kinshasa qui blâme Kigali en prétendant qu’il facilite le Mouvement du 23 Mars (M23), veut que Washington utilise son emprise mondiale pour étrangler le Rwanda. Kigali affirme ne pas soutenir les rebelles du M23.
Selon des documents publics et des entretiens avec des acteurs clés, Kinshasa s’efforce de convaincre le gouvernement américain de désigner le Mouvement du 23 Mars (M23) comme groupe terroriste.
Le Rwanda accuse le régime de Kinshasa de soutenir les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) que Washington a qualifiées de groupe terroriste en décembre 2001.
Les FDLR sont en grande partie composées d’auteurs du génocide de 1994 contre les Tutsi au Rwanda qui a fait plus d’un million de morts. Cette organisation terroriste est également responsable de crimes de guerre et de la mort de civils congolais.
Le régime de Kinshasa, avec le soutien de la Monusco, est resté réticent à désarmer les FDLR, mais récemment, les trois ont choisi de travailler ensemble pour combattre les rebelles du M23 et tirer des missiles sur le Rwanda, tuant des civils innocents et détruisant des biens. Le Rwanda n’a pas exercé de représailles mais a demandé l’intervention du Mécanisme conjoint de vérification (JVM) élargi, un organisme régional qui surveille et enquête sur les incidents de sécurité.
« Il est nécessaire de résoudre ce problème des Congolais parlant le kinyarwanda, y compris le soi-disant M23. C’est le problème de la RDC à résoudre, pas le mien », a récemment déclaré le président Paul Kagame dans un discours à la nation.
Selon le président Kagame, la communauté internationale a ignoré la question des congolais parlant le kinyarwanda et l’existence des FDLR, ce qui a conduit à de mauvaises décisions, puis à l’utilisation du Rwanda comme bouc émissaire.
Le président Kagame a déclaré qu’il avait lui-même parlé au président Tshisekedi à ce sujet et que tous deux avaient accepté de le faire, mais rien n’a été fait, jusqu’à récemment, lorsque le conflit a de nouveau éclaté et que le Rwanda a été de nouveau entraîné, sans tenir compte de ce qui avait été convenu auparavant.
Le gouvernement congolais, qui dispose depuis mars des services de cabinets de lobbying influents, dont Ballard Partners (75 000 $ par mois) et Scribe Strategies and Advisors (50 000 $ par mois), multiplie les efforts pour attirer l’attention des élus américains, qu’ils soient à la Chambre des représentants ou au Sénat.
Dans une lettre adressée au secrétaire d’État américain Antony Blinken, le sénateur Robert Menendez a appelé à une révision complète de la politique américaine envers le Rwanda. Le Rwanda pour sa part accuse le gouvernement congolais d’avoir engagé des lobbyistes américains pour nuire aux intérêts de son pays en s’appuyant sur les dossiers M23 et de Paul Rusesabagina.
Coco Kabwika