Le Conseil de sécurité de l’ONU exige des élections avant fin 2017 en RDC
Article publié le 26 juillet 2017
Le Conseil de sécurité se dit préoccupé par la situation en République démocratique du Congo et exige, selon une déclaration, des élections en RDC avant fin 2017. Il réclame l’application de l’accord politique du 31 décembre 2016
"Le Conseil souligne qu'il est urgent de mettre en œuvre l'Accord, en toute bonne foi et dans son intégralité, afin que soient organisées, comme convenu dans l'Accord, au plus tard en décembre 2017, des élections crédibles et inclusives qui se déroulent dans le calme et en temps voulu et qui conduisent à une passation pacifique du pouvoir, conformément à la Constitution congolaise et à la résolution 2348 du Conseil, y compris en y faisant participer les femmes pleinement et dans des conditions d'égalité," indique la déclaration du Conseil de sécurité.
L’instance onusienne constate "avec inquiétude la lenteur des progrès réalisés dans l'application de l'Accord global et inclusif. Il note la mise en place d'un Gouvernement de transition et de la signature, par certains signataires de l'accord du 31 décembre 2016", mais souligne que des "arrangements particuliers" portant sur l'application dudit accord n’ont pas été par toutes parties prenantes.
Le Conseil réaffirme "que la mise en œuvre effective, rapide et opportune de l'Accord est essentielle à un processus électoral crédible et à la paix et à la stabilité de la RDC, ainsi que pour appuyer la légitimité des institutions chargées de la transition, puisque cet accord offre une feuille de route réaliste pour la tenue d'élections pacifiques et démocratiques.
La déclaration interpelle ainsi tous les acteurs politiques congolais, les plaçant face à leurs responsabilités, "notamment celles de surmonter leurs divergences pour parvenir à un consensus et de promouvoir les intérêts et le bien-être de la population avant toute autre considération, et engage fermement toutes les parties prenantes à redoubler d'efforts pour garantir la participation de tous les signataires de l'Accord à sa mise en œuvre, y compris au processus devant aboutir à la nomination du Président du Conseil national de suivi de l'Accord (CNSA)".
La semaine dernière, Joseph Olenghankoy, président des Forces novatrices pour l’union et la solidarité, a été désigné comme président du CNSA lors d’une réunion présidée par les présidents de deux chambres du parlement, sans une bonne partie de l’opposition.
Le président du CNSA désigné sans consensus n’est pas reconnu par cette bonne frange de l’opposition ni par les évêques qui avaient assuré la médiation au dialogue ayant conduit à la signature de l’Accord pour la transition.
"Le Conseil craint que la RDC et la région ne soient exposées à un risque accru d'insécurité et d'instabilité si les acteurs politiques ne font pas preuve de bonne foi et d'une volonté politique renouvelée d'honorer les promesses qu'ils ont faites à la population le 31 décembre 2016. Il demande à tous les partis politiques, à leurs sympathisants et aux autres acteurs politiques de garder leur calme et de s'abstenir de recourir à quelque forme de violence que ce soit. Il réaffirme sa volonté d'agir en conséquence envers tous les acteurs congolais dont les actions et les déclarations entraveraient la mise en œuvre de l'Accord et l'organisation des élections", met-il en garde.
Sur le terrain, plusieurs plateformes de l’opposition ont appelé à des actions pour forcer le pouvoir à appliquer l’accord. Le député Ne Mwanda Nsemi, chef du groupe politico-religieux Bundu dia Kongo a prévu une manifestation le 7 août et le Rassemblement, principale coalition de l’opposition, des villes-mortes du 8 au 9 août.
La déclaration du Conseil de sécurité souligne outre les difficultés auxquelles se heurte la mise en œuvre de l'Accord global et inclusif du 31 décembre 2016, la dégradation des conditions de sécurité, en particulier dans la région du Kasaï ainsi que l'augmentation des violations des droits de l'homme, des atteintes à ces droits et des violations du droit international humanitaire dans le pays.
Préoccupé par les violences croissantes dans la région du Kasaï où des forces de sécurité affrontent une milice ethnique, le Conseil de sécurité dit prendre note des déclarations de représentants de la RDC affirmant que certains de ces charniers seraient en fait des sites d'inhumation.
L’ONU a, en effet, recensé près d’une centaine de ces sites présumés être des charniers. Mais le gouvernement les imputent aux miliciens et soutient qu’il s’agirait pour certains, des sites d’inhumation.
Le Conseil de sécurité prévient cependant que les violations constatées dans le Kasaï sont "susceptibles de constituer des crimes de guerre selon le droit international". "Il souligne également que c'est au Gouvernement congolais qu'il incombe au premier chef d'assurer la sécurité sur son territoire et de protéger les populations, dans le respect de l'état de droit, des droits de l'homme et du droit international humanitaire, et il engage le Gouvernement congolais à renoncer à l'usage excessif de la force et toutes les autres parties à cesser immédiatement et à rejeter toute forme de violence, à déposer les armes et à chercher une solution pacifique à la crise," indique la déclaration.
Le Conseil se déclare également préoccupé par la crise humanitaire provoquée par la violence, qui a déplacé plus de 1,4 million de personnes et en a forcé plus de 30 000 à fuir le pays. Il souligne l'urgente nécessité de ménager aux acteurs humanitaires un accès sain et sans entrave.
Par la VOA
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