Zoé "Kabila" a raté l’occasion de se taire
Article publié le 17 août 2016
Dans un entretien avec l’hebdomadaire "Jeune Afrique" n°2901-2902 daté du 14 août 2016, le très sulfureux Zoé "Kabila", le "frère de...", donne son opinion sur la situation politique du pays tout en distribuant des bonnes et mauvaises notes au personnel politique. Il faut être naïf pour penser que cette sortie médiatique est fortuite. Il s’agit d’une opération de communication qui a reçu le "feu vert" du taiseux Président sortant.
Député national, "élu" de Manono, lors des élections législatives de novembre 2011, Zoé "Kabila" n’est pas connu pour ses qualités d’orateur. Il n’a jamais fait la moindre intervention à la télévision. A l’Assemblée nationale où il brille par son absentéisme, il n’a jamais pris la parole. Dans quelle langue pourra-t-il parler quand on sait qu’il ne s’exprime qu’en anglais et en Swahili bora de Tanzanie? Question: Quelle mouche a pu piquer "Zoé" pour qu’il se décide d’exercer le ministère de la parole en s’exposant au retour de flamme?
On retiendra de son entretien avec le magazine parisien que la fratrie n’est pas prête "à abandonner le pouvoir à n’importe qui". Ah bon! Au motif que leur "père" LD Kabila, "a versé son sang pour ce pays". Et que lorsqu’ils étaient enfants, LD Kabila leur répétait que c’est eux qui allaient construire le Congo-Kinshasa.
Se fondant sur l’arrêt controversé de la Cour constitutionnelle du 11 mai dernier, le frère cadet du locataire du Palais de la nation de marteler : "Le Président restera en fonction, comme l’a rappelé la Cour Constitutionnelle".
On savait que la fratrie "Kabila" portait en piètre estime le personnel politique congolais. "Kongomani", c’est ainsi que les ex-Zaïrois sont nommés avec ironie au sein de "la famille". Le petit-frère du "raïs" ne dit pas autre chose. Selon lui, la plupart des acteurs politiques ne seraient aimés que par un "esprit opportuniste" et des "intérêts égoïstes". A en croire le journaliste Trésor Kibangula qui a réalisé cet entretien, ces "pics" sont destinés aux professionnels de la politique natifs "de la partie ouest du pays".
Zoé joue ainsi le "grand commun diviseur" en stigmatisant les habitants de Kinshasa et du Kongo Central. Sans omettre ceux de l’Equateur et de Bandundu. L’histoire ne dit pas s’il met les deux Kasaï, situés plutôt au centre, dans le même sac.
On croirait entendre un étranger parler lorsqu’il dit qu’il ne "partage pas les mêmes valeurs" que les Congolais de l’Ouest qui, selon lui, ne mérite guère la confiance.
Vous avez dit "valeurs"?
Le "valeur" dans le cas présent peut être définie comme "ce qui rend une personne digne d’estime". Quelles sont ces valeurs auxquelles est attaché Zoé "Kabila"? Quelle leçon de morale, cet individu sorti de nulle part peut-il donner aux Congolais?
De son vivant, le président Laurent-Désiré Kabila n’a jamais présenté les membres de sa famille au grand public. C’est lors de ses obsèques officielles que les Congolais ont vu pour la première la "veuve" du défunt président nommée Sifa Mahanya. Il en est de même de Jaynet "Kabila" bombardée présidente de la Fondation Mzee Laurent-Désiré Kabila.
Pour la petite histoire, investit le 26 janvier 2001 en qualité de nouveau chef de l’Etat, "Joseph Kabila" attendra jusqu’au 16 décembre 2002 pour publier son "CV" sous la forme d’une dépêche de l’Agence France presse. Cette longue attente est à l’origine de toutes les suspicions.
C’est à partir du mois de juin 2006 que le public kinois a découvert un certain "Zoé". C’était lors du premier tour de l’élection présidentielle. Quel est son parcours personnel? Mystère. En 2006, usant de son influence de "frère de...", l’homme s’est approprié une partie de la concession de l’Athenée de la Gombe - un domaine public - où il a érigé un centre sportif payant. A son profit personnel. En avril 2010, Zoé a défrayé la chronique du fait de ses méthodes dignes de voyous lors du conflit immobilier avec l’ancien ministre Dominique Sakombi-Inongo. Il fera déguerpir celui-ci comme un va-nu pieds d’une villa qu’il aurait achetée à Ma Campagne dans la commune de Ngaliema. Sakombi en était le propriétaire depuis une trentaine d’années. Le "raïs" préféra la posture de Ponce Pilate.
Policiers tabassés
Au mois d’octobre 2010, Zoé fera tabasser des policiers congolais chargés de régler la circulation au niveau du Rond-Point Socimat à Kinshasa. Leur crime est de n’avoir pas donné priorité au cortège de "Monsieur Frère". Dans un communiqué daté du 21 octobre 2010, la "VSV" n’avait pas manqué de fustiger la violence exercée sur les policiers Yandu et Mukoyo par des éléments de la garde présidentielle. Depuis 2006, l’homme est devenu immensément riche. Un enrichissement sans cause. Il a obtenu le monopole des "imprimés de valeur". Les timbres fiscaux, les plaques d’immatriculation et autres "documents valant espèces", c’est lui. Sans oublier les passeports et les permis de conduire. A Muanda, Zoé a inauguré un complexe hôtelier composé de 60 bungalows de luxe. D’où vient le financement?
Zoé aurait dû tourner sa langue mille fois avant de lancer la phrase provocatrice selon laquelle sa fratrie n’est pas prête "à abandonner le pouvoir à n’importe qui". Lui et sa fratrie doivent savoir que le Congo-Kinshasa n’a jamais été ne sera jamais un "butin de guerre" encore moins la propriété d’une famille. Le Congo n’est pas un royaume. De même, "Joseph Kabila" n’est pas au-dessus de la Constitution et des lois. L’alternance aura bel et bien lieu parce qu’elle est inscrite dans la Constitution. L’alternance ne dépend pas du bon vouloir de la "fratrie Kabila". Pour mémoire, "Joseph Kabila" a juré le 20 décembre 2011 "devant Dieu et la nation" de défendre cette Constitution et les lois de la République.
Zoé devrait savoir que la meilleure façon d’honorer la mémoire d’un père qui a "versé son sang" aurait été de faire la clarté sur les circonstances de son décès. Le 26 janvier 2001 à ce jour, l’opinion tant nationale qu’internationale attend de connaitre la vérité sur la disparition de Mzee. "Joseph " n’a pas tenu sa promesse vis-à-vis de son défunt géniteur. La preuve est là : la mort de Mzee a profite essentiellement à la fratrie aux affaires. Le personnel politique congolais n’a pas de leçon à recevoir des affabulateurs. Des individus douteux qui ne disent pas la vérité tant sur leurs origines que leurs parcours. Zoé - Mtwale ou Kanambe? - a tout simplement raté l’occasion de se taire...
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