France: Ecoles fermées, mesures de confinement étendues : Macron “a mangé son chapeau”

Le président de la République a annoncé mercredi un nouveau renforcement des mesures de lutte contre le Covid-19. Les crèches, écoles, collèges et lycées vont fermer pendant trois à quatre semaines, et les restrictions en vigueur depuis la mi-mars dans 19 départements vont être étendues à l’ensemble du territoire pour quatre semaines à partir de samedi.

Fermeture des écoles pour trois à quatre semaines, extension des restrictions en vigueur depuis la mi-mars dans 19 départements à toute la métropole, déplacements limités : le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé mercredi 31 mars un nouveau tour de vis face à l’épidémie de Covid-19, appelant les Français à “fournir un effort supplémentaire” mais sans confinement strict.

La principale nouveauté”relève El Mundo, est la fermeture des écoles, “creusets de la République”. C’est donc la fin de “l’« exception française » consistant à ne pas fermer les classes”, souligne le quotidien. “La fermeture des écoles a un effet immédiat sur l’économie, car tout le monde n’a pas la possibilité de faire du télétravail”, prévient l’article. D’autant plus que “la France est le pays européen où le pourcentage de femmes actives est le plus élevé et où le pourcentage de familles monoparentales est l’un des plus élevés”

“L’autre nouveauté” est que ces quatre semaines d’efforts supplémentaires, à partir de samedi, ont été présentées comme “le bout du tunnel”, souligne le journal espagnol : grâce à cette “mobilisation de chacun en avril”, a dit le chef de l’État, certains lieux de culture et des terrasses de bars et de restaurants pourront rouvrir à partir de la mi-mai.

“Demi-échec”

Emmanuel Macron a fini par plier, sur fond de lent déploiement de la campagne vaccinale, constatait plus largement la presse étrangère mercredi soir. 

Le Temps, qui évoque une France “mise en mode pause” pour quatre semaines, rappelle qu’Emmanuel Macron était “critiqué pour avoir, à la fin du mois de janvier, reporté l’entrée en vigueur de mesures plus coercitives face à la propagation du « variant anglais »”. Pour le journal suisse, c’est un “demi-échec” :

Avec ces mesures qui vont, de fait, paralyser la France et son économie pendant au moins un mois, le chef de l’État concède sans le dire un demi-échec, et il continue de prendre un risque vu l’affluence constatée ces jours-ci dans les grandes villes, où l’arrivée des températures printanières favorisent les rassemblements.”

Le New York Times paraît faire une analyse similaire, estimant que “la stratégie de M. Macron consistant à résister à un nouveau confinement a semblé fonctionner jusqu’à la mi-mars”. Mais ensuite, “les nouveaux cas ont fortement augmenté, quand la campagne vaccinale stagnait, en partie à cause de la désorganisation du déploiement du vaccin AstraZeneca.” D’où ce troisième confinement national, qualifié d’“effort désespéré” pour stopper une nouvelle vague mortelle d’infections. “M. Macron a abandonné le pari de maintenir la France ouverte”, observe le quotidien américain. 

Alors que le nombre de décès dus au coronavirus s’approchait inexorablement de la barre des 100 000, M. Macron a cédé aux scientifiques et aux responsables politiques des oppositions qui ont fait pression ces dernières semaines pour un nouveau confinement, et a ajouté la France à la liste des nations européennes qui se replient à nouveau sur elles-mêmes.” 

“Orgueil démesuré”

Hugh Schofield, le correspondant à Paris de la BBC, note que le locataire de l’Élysée “a mangé son chapeau” :

Le président Macron a ouvert une brèche dans laquelle il est facile pour les oppositions de s’engouffrer – elles peuvent faire valoir que sa décision en janvier dernier de passer outre les recommandations des scientifiques et de ne pas ordonner un troisième confinement était une bourde. On l’avait alors prévenu que le variant dit “britannique” allait tout balayer sur son passage avant la fin du mois de mars – c’est ce qui s’est passé. Et aujourd’hui, il a mangé son chapeau. Pour ses ennemis, c’est le résultat de l’orgueil démesuré de Macron – cette insupportable confiance en soi qui lui fait croire qu’il sait mieux que les médecins.”

2022 en ligne de mire

Il n’a pas échappé au New York Times que le moment de l’annonce de mercredi était “particulièrement significatif” : “un an après le premier confinement de la France”, en mars 2020, “et un an avant la prochaine élection présidentielle”, en avril 2022, “où les électeurs devront le juger en grande partie sur sa gestion de l’épidémie et de la campagne vaccinale”.

El Mundo remarque que “la première à réagir” a été Marine Le Pen, la chef de file de l’extrême droite et sa rivale dans les sondages présidentiels. “Avec une dureté qui semblait avoir été mise de côté, elle a critiqué ses mesures, qualifiant sa réaction de « tardive », et fustigé le déploiement de la vaccination, qu’elle a qualifié de « Waterloo ». Dans la patrie de Napoléon, c’est le mépris ultime.”

Courrier Interlational

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