Le bilan  de la médiation angolaise entre Tshisekedi et Kagame  de João Lourenço est-il un échec?

Le MPLA est au pouvoir depuis que l’Angola a déclaré son indépendance du Portugal en 1975, mais le mécontentement a maintenant atteint un point tel que le parti pourrait devoir recourir à la fraude pour s’assurer cinq autres années au pouvoir par le trucage et la répression, selon les experts.

Le parti est dirigé par João Lourenço, un ancien ministre de la Défense, qui a pris le pouvoir en 2017 après avoir été trié sur le volet pour succéder à Eduardo Dos Santos, dont le régime autoritaire a duré 38 ans.

« Le MPLA n’est pas si confiant« , a déclaré David Boio, un sociologue respecté. « De nombreux sondages montrent que les résultats pourraient ne pas être si bons pour eux ».

Bien que Lourenço, 68 ans, ait tenté de stimuler la croissance économique et de rembourser d’énormes dettes, il n’a pas réussi à améliorer la vie de la plupart des Angolais. Les critiques disent qu’une campagne anti-corruption de haut niveau ne visait que des ennemis potentiellement puissants – comme Isabel Dos Santos, la fille extrêmement riche de l’ancien président – tandis qu’Amnesty International a décrit « une répression sans précédent des droits de l’homme, y compris des homicides illégaux et des arrestations arbitraires« .

Le Mécanisme conjoint de vérification élargi (MCVE)

Au cours des dernières décennies, l’Amérique s’est appuyée sur l’Angola pour des opérations de sécurité et de paix dans la région des Grands Lacs. L’Angola a été un terrain neutre accueillant plusieurs visites entre le président rwandais Paul Kagame et le président de la République démocratique du Congo (RDC) Félix Tshisekedi pour discuter du conflit frontalier en cours entre le Rwanda, l’Ouganda et la RDC, et a mené des efforts de médiation sur cette question.

Le Mécanisme de vérification conjoint, discrète instance de coopération militaire dirigée par un général angolais, est censé enquêter pour les Etats membres de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) sur les incidents sécuritaires dans l’est de la RDC. Mais Kigali comme Kinshasa enrayent chacun de ses rapports.

Dirigé par le colonel angolais José Rui Miranda et établi à Goma depuis sa création en 2012, le MCVE a pourtant mené des investigations sur le terrain. Pour cela, il s’appuie sur des équipes composées d’un ou deux militaires dépêchés par chacun des pays membres de la CIRGL, de l’Afrique du Sud, de l’Union africaine (UA) et, depuis 2013, de la Monusco, la mission onusienne en RDC.

Selon Africa Intelligence, Kigali et Kinshasa  ont toutefois fini par considérer que cet organe de mécanisme de vérification régional, avait démontré ses limites.Bunagana aux mains du M23 depuis deux mois, aucune issue en vue et le parc des Virunga sous le feu des rebelles du M23.

 

La contre-signature bloque les enquêtes

Pas un seul des rapports du MCVE n’a toutefois été utilisé dans la crise entre Kinshasa et Kigali. Pour cause : leur validation est conditionnée par la contre-signature de chacun des représentants des Etats de la CIRGL. Toutes les enquêtes ont de ce fait été bloquées, à l’exception de quelques versions préliminaires et édulcorées transmises aux ministères de la défense des pays membres. Tout juste ont-elles permis à Kinshasa et Kigali de gagner du temps dans les tractations politiques.

Le MCVE, ainsi paralysé, s’est retrouvé pris au piège. C’est en juillet, à Luanda, que son échec a été acté, au moment de la rencontre tripartite entre les présidents rwandais Paul Kagame et congolais Félix Tshisekedi, sous la houlette de leur homologue angolais João Lourenço. Ce point de convergence entre les deux parties a engendré la décision de créer un autre « Mécanisme de vérification ad hoc ». Un nouvel outil qui devrait se composer uniquement d’experts militaires du Rwanda et de RDC, toujours sous la direction d’un haut gradé angolais.

Coco Kabwika

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