Certains habitants des capitales congolaises jumelles de Brazzaville et de Kinshasa sont depuis longtemps connus pour leur amour des vêtements de style – en particulier les membres de la Société des Créateurs d’Ambiance et des Personnes Elégantes (Sape). Ces photographies de Tariq Zaidi révèlent une toute nouvelle génération de « sapeurs ».
Dans la capitale de la République démocratique du Congo, Kinshasa, le fils du célèbre sapeur Fiston Mahata, Natan, huit ans, représente la nouvelle génération de style.
De l’autre côté du fleuve Congo, à Brazzaville, Okili Nkoressa, 10 ans, utilise des rues sablonneuses comme podium. « Mon vêtement préféré est mon costume Yves Saint Laurent que je porte aujourd’hui », dit-il. Il est accompagné par des vétérans de la scène de la Sape, Ntsimba Marie Jeanne, femme d’affaires de 52 ans, à gauche, et Judith Nkoressa, policière de 39 ans, à droite.
Le père de Severin Mouyengo était aussi un sapeur. « Je fais de la sape tous les jours. Ça me fait tout oublier », dit le forestier retraité de 62 ans.
« Ça apporte la paix et la tranquillité à tout le monde… Je ne vois pas comment quelqu’un à La Sape pourrait être violent ou se battre. La paix signifie beaucoup pour nous. »
Elie Fontaine, un propriétaire de taxi de 45 ans, dit qu’il a commencé à s’habiller en costume lorsqu’il était enfant en 1982. « On nous disait que la Sape n’était qu’une forme de ‘délinquance juvénile' ».
Ils ont acquis une renommée internationale en 2014 lorsque leur style a été présenté dans une publicité Guinness.
« Pour moi, la sape est un art, la sape est une discipline, la sape est un métier » dit Maxime Pivot Mabanza, qui est sapeur depuis 36 ans.
Perreira Franchisco, un consultant en informatique de 37 ans à Brazzaville, se qualifie lui-même de « plus grand sapeur ».
« Je vais maintenant démontrer, ce qu’on appelle une équation vestimentaire à 2 ou 3 éléments. Je porterai donc un costume Kenzo, fabriqué en Italie, avec un gilet sans dos de Jean Basinga, je porterai une cravate bleue, blanche, rouge de Pierre Cardin et une paire de chaussures tectoniques vernies de John Foster. J’adore porter mon costume Kenzo – made in Italy ! »
De plus en plus de femmes se joignent à eux. Ella Kiadi, femme d’affaires de 44 ans a commencé, il y a huit ans.
Les femmes du club sont connues sous le nom de sapeuses.
Certaines femmes ont commencé il y a plusieurs décennies, dont Clémentine Biniakoulou, femme au foyer de 52 ans, qui est sapeuse depuis 36 ans.
« C’est comme quelqu’un qui a une maladie incurable et qui doit prendre des médicaments, c’est à cela que ressemble Sape », dit Nino Valentino.
Basile Gandzion, 51 ans, directeur des ressources humaines, est sapeur depuis 30 ans.
« De tous mes vêtements, mon préféré est mon chapeau », dit Yamea Bansimba, maçon de 58 ans. Il est sapeur depuis 50 ans.
« Jika est ici. L’inspecteur des vêtements, je suis arrivé, toutes les étiquettes sont là. Une jupe Y3, Zara et d’autres étiquettes, des chaussures en crocodile, des chaussettes de 40 cm, tu me suis. Je suis là, Jika le Parisien », c’est ainsi que Serge Bakama Boke, 28 ans, alias Jika, se présente.
A cinq ans à peine, Israell Mbona (à droite) est sapeur depuis trois ans. Même à son jeune âge, son kilt vient d’Écosse et ses chaussures sont Versace.
Le livre Sapeurs du photographe Tariq Zaidi : Mesdames et Messieurs du Congo est publié ce mois-ci.
Crédit photo : Tariq Zaidi/BBC