RDC: « Syndrome  Feronia et   Kikaya Bin Karubi »? : La zone économique spéciale de Maluku de  Luc Gerard Nyafé, conseiller et ambassadeur itinérant de F. Tshisekedi,  » tarde à voir le jour »

Installée à 70 km de la capitale et à proximité immédiate du fleuve Congo, la Zone économique spéciale de Maluku doit à terme permettre la création d’un pôle agro-industriel dont la production serait exportée par voie fluviale.Le projet de la ZES de Makulu a bénéficié du soutien financier et technique de la Banque mondiale, avant d’être suspendu quelques années plus tard par des démêlés autour de l’indemnisation des personnes déplacées.

Un « jeu » de Passe – passe avec Feronia?

«  Même si Strategos Plantations a eu des relations commerciales avec Feronia dans le passé, ces relations ont pris fin « .

« Ce qui est clair, c’est que Strategos a acquis une usine d’une valeur d’au moins 8 millions de dollars US qui appartenait autrefois à Feronia, sans que Feronia n’ait enregistré de montants pour une vente de l’usine dans ses comptes »,on peut lire sur le site Grain.

Site Internet de Feronia de 2012 annonçant l’achèvement du moulin à riz et le tweet de Luc Gérard du 4 novembre 2017 : « Fin de séjour. Agriculture : Nous entrons dans le Bas Congo en reprenant une usine existante. Et au Kwilu, les choses avancent lentement. L’état des routes et la « taxation » permanente des Policiers, DMG et autres, rendent le travail difficile.

Quid du Groupe Strategos et de Luc Nyafe?

Le groupe Strategos ( enregistré dans le paradis fiscal du Delaware, États-Unis) appartient à l’homme d’affaires belgo-congolais Luc Gerard Nyafé. Il a fait fortune en Colombie, où il s’est associé à des acteurs financiers locaux bien connectés pour créer un fonds de capital-investissement (Tribeca) qui a eu accès à des centaines de millions de dollars du fonds de pension de l’État colombien. Il a également obtenu une maîtrise en sécurité et défense de l’École de guerre colombienne. Gérard s’est rapidement lancé dans le secteur minier, ainsi que dans la santé privatisée, et en 2015 il a tourné ses sites vers la RDC.

Le père de Gérard était propriétaire d’une plantation de café en RDC, et Gérard semble avoir fait quelques premiers investissements dans l’agro-industrie en RDC dans les années 1990. Mais en 2015, il est revenu avec beaucoup plus de force, en fondant la société Strategos Plantations et en reprenant deux des grandes concessions de plantation d’Unilever et deux exploitations agricoles (dont, semble-t-il, celle de Feronia à Kimpese).

Puis, en 2018, avec l’élection de Félix Tshisekedi, Gérard a fait un jeu beaucoup plus grand. Tshisekedi en fit un ambassadeur itinérant et l’un de ses principaux conseillers. Il s’est vu confier la lucrative zone économique spéciale de Maluku. Il a également formé une société minière, la Compagnie des minérais stratégiques (CMS) à Kinshasa en juin 2019, pour poursuivre les données géologiques de 17 projets miniers en RDC et au Mali qu’il a acquis en décembre 2018. En décembre 2020, Gérard a été élu président de le Parti d’Union Républicaine, un parti politique national récemment formé.

En 2020, Gérard a affirmé que Strategos avait vendu le moulin et ses opérations rizicoles à Bio Agro Business (BAB), une entreprise congolaise profondément impliquée dans les projets agricoles du président Félix Tshisekedi. L’un des chefs d’ équipe de BAB est Raymond Batanga (ancien directeur de Feronia JCA Ltd SPRL). Un autre acteur clé est l’agronome italien Giovanni Mazzotti , qui a précédemment travaillé pour le projet scandaleux Senhuile au Sénégal.

BAB a conclu un accord de distribution pour son riz avec EGAL Sprl, une société congolaise qui a été Accusé de faciliter la disparition de millions de dollars dans les comptes bancaires des anciens acolytes de L’ex president Kabila à travers un programme de sécurité alimentaire du gouvernement qui était censé fournir aux gens pas cher importés nourriture.

La zone économique spéciale de(ZES) de Maluku

Plus d’un an et demi après le choix de Strategos comme entreprise gestionnaire du site, la zone économique spéciale (ZES) de Maluku, censée attirer des entreprises agricoles et industrielles près de Kinshasa, est encore loin de sortir de terre. D’après un acteur du dossier, les autorités congolaises n’ont toujours pas pris les dispositions légales permettant aux entreprises désireuses de s’installer sur le site de bénéficier d’une fiscalité avantageuse – une exonération de taxes sur cinq ou dix ans étant prévue. L’ancienne réglementation, jugée obsolète et peu attractive, prévaut donc encore.

Le squattage

La construction  des voies d’accès au site, le mécanisme, la construction d’une sous-station électrique pour profiter pleinement de la puissance de la ligne haute tension provenant des barrages d’Inga peinent à se concrétiser du fait de l’occupation illégale du site par la population.

Cette occupation sauvage à 60 % par la population retarde le début du travaux prévus pour le mois de semestre 2021. Leur présence lelong du fleuve Congo rend impossible pour le moment la construction du futur port fluvial.

Le Gouvernement s’active

Le chef du Gouvernement Sama Lukonde chargée d’accélérer l’opérationnalisation de la ZES multiplient les études.  Le groupement RCMU, qui associant des sociétés pour la plupart sud-africaines (notamment Rawlins Wales, Makia Civil Tech et Urban-Econ) afin de mener à bien les études détaillées et assurer le contrôle des travaux d’infrastructures physiques de la ZES. Ce consortium a remporté la mise avec une offre d’environ 3,5 millions de dollars, après avoir été short-listé en avril dernier aux côtés d’un groupement singapourien. D’autres études sont également en cours pour la création d’un guichet unique au service des futures entreprises de la ZES.

Malgré ce retard, la ZES de Makulu fait toujours figure de projet pilote pour le gouvernement Congo, avec réplique du modèle dans d’autres provinces du pays. Une aubaine ayant persuadé l’homme  et ambassadeur itinérant Luc Gérard Nyafe, patron de Strategos de signer le partenariat public-privé avec les autorités congolaise au mois janvier 2020.

 Coco Kabwika

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