Pour tenter de se rapprocher de l’administration Trump, de nombreux pays africains ont misé sur des lobbyistes ultra-républicains très liés à la Maison blanche. Ils se retrouvent pris à revers par l’élection de Joe Biden.
Une atmosphère de débâcle flotte depuis le début de la semaine dans les lobbys de K Street, l’artère de Washington où toutes les grandes firmes de lobbying ont leur siège. Plusieurs cabinets ultra-républicains, notamment Sonoran Policy Group, Ballard Partners et Avenue Strategies, qui ont fait fructifier leurs liens étroits avec l’administration Trump en signant à tour de bras avec des clients africains, sont en très mauvaise posture. A l’inverse des grands noms du lobbying comme Squire Patton Boggs, spécialiste de l’Angola, qui se sont toujours ingéniés à cultiver leurs relations avec les démocrates aussi bien qu’avec les républicains, Sonoran, Ballard et Avenue ont tout misé sur l’équipe du président sortant Donald Trump, et n’ont pas de contacts au sein de la nouvelle.
Un positionnement qui fragilise leurs clients, au premier rang desquels la RDC, dont le président Félix Tshisekedi, qui recourt à Avenue et Sonoran, s’inquiète déjà depuis plusieurs semaines des conséquences de l’élection du démocrate Joe Biden. Le chef d’Etat congolais comptait sur le président républicain pour multiplier les pressions sur son allié devenu rival, Joseph Kabila. Un pari qui s’est, jusqu’ici, révélé largement payant, mais que l’arrivée de l’équipe Biden risque de mettre en péril.
Les réseaux démocrates de Katumbi
Les conseillers Afrique de la campagne Biden, dont Africa Intelligence avait révélé les noms dès le mois de mai, ne risquent pas d’infléchir la diplomatie américaine au bénéfice de Kabila, mais sont en revanche nettement plus attentifs aux préconisations de l’homme d’affaires qui a essayé sans succès de se présenter à l’élection présidentielle de 2019, l’ex-gouverneur du Katanga Moïse Katumbi.
Potentielle Secrétaire d’Etat de Joe Biden, l’ancienne conseillère Afrique de Barack Obama, Susan Rice, est ainsi très liée à Moïse Katumbi. Dans ses efforts pour construire une nouvelle coalition de gouvernement sans Kabila, Tshisekedi a récemment consulté le parti de Moïse Katumbi. Si les deux hommes parviennent à s’accorder, l’homme d’affaires mettrait ses réseaux démocrates au service du président congolais. Dans le cas contraire, Tshisekedi risque de se trouver très isolé à Washington.
Parmi les autres perdants du changement de président aux Etats-Unis, on trouve le groupe d’engrais américain The Mosaic Co, qui avait recruté Ballard Partners pour monter son offensive contre le géant marocain des engrais OCP. Le Zimbabwe avait lui aussi misé sur le cabinet fondé par Brian Ballard. Enfin, Isabel dos Santos, fille de l’ex-président angolais, avait confié ses intérêts au cabinet Sonoran Policy Group de Robert Stryk.
Africa Intelligence