Cette affaire fait grand bruit en Mauritanie. Une femme esclave aurait été offerte en dot lors d’un mariage dans ce pays du nord-ouest de l’Afrique, accusé depuis longtemps par les ONG de ne pas en faire assez pour lutter contre l’esclavage.
L’affaire a été révélée par l’organisation locale SOS Esclaves à la fin du mois de mars. A Ouadane, une cité historique mauritanienne classée au patrimoine mondial de l’Unesco, une femme noire d’une cinquantaine d’années, Moima, membre de l’ethnie des Haratines, aurait fait partie de la dot offerte par un marié à son épouse, en tant qu’esclave, relate Courrier International. Cette pratique de la dot est encore aujourd’hui une tradition dans cette partie du pays.
Ces faits présumés ont fait scandale en Mauritanie, où l’esclavage a été aboli en 1981 et criminalisé à partir de 2007. Une manifestation s’est même tenue le 31 mars devant le palais présidentiel, dans la capitale Nouakchott.
La Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), une organisation proche du pouvoir, s’est emparée de l’affaire. Après avoir mené une enquête sur le terrain, elle a nié en bloc les allégations de SOS Esclaves. «Il n’a pas été établi une quelconque preuve des allégations de SOS Esclaves relatives à l’apologie de l’esclavage lors de ce mariage», a-t-elle écrit dans un communiqué publié le 5 avril, ajoutant que les témoins interrogés n’ont pas entendu le mot «esclave» être prononcé lors de la cérémonie.
2 % DE LA POPULATION SERAIENT DES ESCLAVES
Le lendemain, SOS Esclaves a mené la riposte, via une conférence de presse. Selon une responsable de l’ONG, les personnes impliquées dans cette affaire ont elles-mêmes déclaré auprès de membres de l’organisation «que Moima (était) leur esclave». Loin d’avoir des remords, elles se sont même plaintes «de la divulgation de l’affaire», a-t-elle ajouté, dans des propos rapportés par le site d’informations local Le Calame.
Cette polémique met en lumière le problème toujours prégnant de l’esclavage en Mauritanie, où 2 % de la population, soit 90.000 personnes, seraient encore victimes de la traite, selon le dernier Global Slavery Index, publié en 2018. Un fléau qui toucherait particulièrement les Haratines, une minorité noire exclue et discriminée dans un pays dominé par les Maures blancs, et en particulier les femmes de cette communauté.
CNEWS