Crise du M23 :L’influent Fortunat Biselele et l’homme d’affaires Eddy Ngarambe optent toujours pour une  « conciliation » avec Paul Kagame

Fortunat_Biselele

Face à Kigali, les deux lignes du premier cercle de Tshisekedi. Comme il l’a fait entendre aux Nations unies, Félix Tshisekedi reste sur une ligne diplomatique offensive à l’égard du Rwanda. Certains de ses conseillers tentent cependant encore de le modérer en direction d’une conciliation.

Lors de son discours le 20 septembre à la tribune des Nations unies, le président congolais Félix Tshisekedi a exhorté la communauté internationale « à ne plus se fier aux dénégations éhontées des autorités rwandaises » concernant leur soutien au mouvement rebelle du M23. A l’égard de Kigali, Tshisekedi a ainsi opté pour la continuité d’un ton offensif, dont le choix avait pourtant été mis en balance avec un autre texte moins véhément à l’égard du régime de Paul Kagame, mettant plutôt l’accent sur les conséquences de la guerre en Ukraine.

Ligne de fracture

Réfutée par certains communicants de l’exécutif congolais, l’existence de ce deuxième discours est pourtant corroborée par un proche collaborateur de Félix Tshisekedi. Selon son récit, ce texte mettait plutôt l’accent sur les conséquences de la guerre en Ukraine. Il avait été présenté au chef de l’Etat par son secrétaire particulier, Taupin Kabongo et sa directrice adjointe de cabinet chargé des questions politiques, juridiques et diplomatiques, Nicole Bwatshia Ntumba (membre de l’Union pour la nation congolaise, UNC, de l’ex-directeur de cabinet Vital Kamerhe, qui avait beaucoup œuvré au rapprochement entre la RDC et le Rwanda au début du mandat).

Celui retenu le 20 septembre pour le discours à la tribune onusienne lui avait été soumis par le ministre des affaires étrangères Christophe Lutundula Apala et son mandataire spécial Serge Tshibangu, le mandataire spécial du président chargé notamment des relations avec les Etats-Unis et Israël.

L’affrontement feutré autour de ce discours met en exergue la ligne de fracture qui traverse l’exécutif congolais. S’opposent les partisans de l’adoption d’une position dure vis-à-vis de Kigali et ceux qui sont plus enclins à la conciliation, parmi lesquels le conseiller privé de Félix Tshisekedi, l’influent Fortunat Biselele, et l’un de ses proches, l’homme d’affaires Eddy Ngarambe, qui est réputé avoir l’oreille du président.

Médiation en aparté

S’il s’est offusqué du manque de soutien des Occidentaux dans la crise avec Kigali – ce qui l’a d’ailleurs conduit à être aussi offensif à New York -, Félix Tshisekedi avait toutefois accepté la proposition de médiation lancée par son homologue français Emmanuel Macron, qui s’est traduite par une réunion organisée à la mi-septembre au siège de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) française, en présence des patrons du renseignement congolais, ougandais et rwandais. Un haut responsable américain chargé des affaires africaines de la Central Intelligence Agency (CIA) était également présent.

Ce premier volet de médiation a débouché, à New York, sur un aparté réunissant le 21 septembre les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame au sein du bureau de Nicolas de Rivière, l’ambassadeur français auprès des Nations unies. Cette rencontre avait été préparée, côté congolais, par Serge Tshibangu, secondé par le ministre de la communication Patrick Muyaya. Pendant l’échange, Tshisekedi et Kagame sont d’abord restés campés sur leurs positions, mais Emmanuel Macron a fait pression pour que le Rwanda pousse en direction du retrait des forces du M23 de la ville de Bunagana.

La rencontre, qui peut augurer un début de décrispation dans les relations entre Kinshasa et Kigali, avait été organisée la veille en toute urgence. L’horaire coïncidant peu ou prou avec la conférence de restitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, il a fallu qu’Emmanuel Macron intervienne personnellement pour décaler de quelques heures l’événement.

Africa Intelligence

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