L’effondrement de Beyrouth se répercute sur les filiales africaines des banques libanaises

La catastrophe politique et financière que connaît le Liban freine les banques du pays dans leur expansion africaine. Les filiales créées par celles-ci sur le continent pouvant être sacrifiées dans le but de redonner des liquidités à leur maison mère.

Un juge qui ordonne le gel des avoirs de présidents de banques libanaises début mai, deux plaintes pour des faits présumés de blanchiment déposés fin avril contre le gouverneur de la banque centrale du Liban : la finance est au cœur de la tourmente du pays, et les filiales des banques libanaises à l’étranger sont entraînées par la déconfiture de leurs sociétés mères.

En avril, une des premières banques libanaises, Bank Audi, a ainsi amorcé le transfert des actifs de sa filiale égyptienne Bank Audi Egypt à la banque émirati First Abu Dhabi Bank. Bank Audi avait annoncé la vente de sa branche au Caire en janvier, choisissant de sacrifier sa filiale égyptienne afin de redonner des liquidités à la maison mère de Beyrouth. Elle avait fait de même avec ses agences jordaniennes et irakiennes.

Expansion compromise

Les autres branches africaines de banques libanaises pâtissent aussi de la déroute de leur pays d’origine, qui casse leur dynamique d’expansion. Or plusieurs groupes financiers libanais ont accru leur présence sur le marché africain depuis les années 2000, principalement pour accompagner la diaspora libanaise ainsi que le développement africain de certaines entreprises du pays.

Bank of Beirut and the Arab Countries (BBAC) avait ainsi ouvert son bureau de représentation à Lagos, au Nigeria, en 2017, visant les expatriés. En 2019, le directeur du bureau nigérian de BBAC Ayman Fatayri avait croisé l’homme d’affaires libano-nigérian Gilbert Chaghoury dans le cadre d’un événement organisé par le consulat général du Liban à Lagos, à l’occasion d’une visite du cardinal et chef de l’église maronite Bechara Boutros Rahi. A Lagos, trois autres grandes banques libanaises, Bank of Beirut, la Banque libano-française et Byblos Bank – qui est également présente au Soudan et en RDC -, ont aussi ouvert des bureaux de représentation. Enfin l’Egypte constitue un marché important pour les institutions financières libanaises, et Blom Bank y a une filiale.

Inquiétude autour des banques correspondantes

En Egypte, certaines banques disposent aussi de correspondantes, mais un autre risque pourrait apparaître. Le gouverneur de la banque centrale Riad Salamé s’inquiétait des relations du système financier libanais avec ses banques correspondantes à l’étranger : ces dernières préférant minimiser les risques, quitte à augmenter les contraintes pour permettre des transactions, voire à rompre les liens avec leurs partenaires libanais. Mashreq Bank Cairo, cité par les libanaises Lebanese Swiss Bank et Fransabank comme leurs correspondantes sur leur site, ne les mentionne plus en retour sur le sien. Contactés, les établissements concernés n’ont pas répondu.

 Africa Intelligence