RDC-Chebeya: la protection de C. Ngoy, la dépouille de F. Bazana, le général Djadjidja, des nouveaux éléments pour la réouverture d’un crime d’Etat

Après avoir été jugé lors d’un procès, toute affaire juridique peut être réexaminée à partir du moment où de nouveaux éléments apparaissent et remettent en cause la décision rendue. Cette révision fait partie des voies de recours dites extraordinaires, même si elle peut être demandée que dans des cas très limités. Ainsi au vu des nouveaux éléments en rapport avec l’arrestation de Christian Ngoy le 3 septembre 2020 à Lubumbashi, les témoignages accablants de Hergil Ilunga wa Ilunga et Alain Kayeye Longwa sur les ondes de la RFI, le rôle joué par le général Zelwa Katanga, dit « Djadjidja »tous ces éléments concourent à crime d’Etat.

Le réalisateur belge Thierry Michel avait filmé ce procès exceptionnel où des officiers militaires jugent des chefs de la police. Dénégations, mensonges, falsifications, disparitions de preuves, peu à peu le procès met à nu tous les stratagèmes établis par les officiers de police pour empêcher la vérité de surgir, camoufler leurs crimes, protéger les véritables responsables. Au nom de la raison d’État ?

« RD Congo: l’assassinat de Floribert Chebeya était un crime d’Etat et les bourreaux ont été protégés » selon Colette Braeckman

Rappel des Faits

Huit officiers de police ont été accusés d’association de malfaiteurs, d’assassinat et d’enlèvement, de possession illicite d’armes de guerre, de désertion et de terrorisme. Cette affaire a été jugée par la Cour Militaire de Kinshasa-Gombe, en première instance, où un arrêt fut rendu en date du 23 juin 2011 condamnant cinq accusés, dont le principal est le Commissaire principal Daniel Mukalay chef adjoint des services spéciaux de la police, reconnu comme « auteur intellectuel » de l’assassinat le 1er juin 2010 à Kinshasa de Chebeya et qui a « mené l’opération d’un bout à l’autre ».

Trois autres accusés, qui ont été jugés par contumace car en fuite, ont également été condamnés à la peine de mort: le lieutenant-colonel Christian Ngoy, chef du bataillon d’élite Simba, le garde du corps de ce dernier, l’adjudant Jacques Mugabo, et Paul Milambwe, le chef du protocole à l’inspection générale (IG) de la police.

Le lieutenant Michel Mwila a quant à lui été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour complicité dans l’assassinat de Chebeya et l’arrestation et la détention arbitraire de Fidèle Banzana.

Contre ces quatre accusés, le ministère public avait requis la peine de mort. Ils ont aussi été condamnés pour l’arrestation et la détention arbitraire du chauffeur de Chebeya, Fidèle Bazana, qui n’a jamais été retrouvé. La cour avait refusé de requalifier en assassinat la disparition du chauffeur. 

Le procès en Appel

Dans son verdict en appel, la Haute Cour militaire de la République démocratique du Congo avait réduit à 15 ans de réclusion criminelle le colonel Daniel Mukalay étant donné qu’il était « délinquant primaire », en d’autres termes, auteur d’un crime pour la première fois. Et acquitté le capitaine Michel Mwila.

Pourtant, tous les deux avaient été condamnés à mort en première instance en 2011 avant que le procès en appel ne soit suspendu pendant deux ans.

Les raisons d’ouvertures

En effet, au vu des révélations et apparition des nouveaux personnages alors inconnus lors du premier procès en 2011 et en appel en 2015, la justice militaire congolaise doit rouvrir le dossier Chebeya afin de condamner les vrais coupables et leurs complices. Ces deux policiers Hergil Ilunga wa Ilunga et Alain Kayeye Longwa donnent des détails qui ne peuvent être connus que par des personnes ayant été sur le lieu du crime; des témoignages qui concordent à quelques exceptions prêtes à celle de Paul Milambwe toujours en fuite.

Il y a aussi la dépouille de Fidèle Bazana qui n’a jamais été retrouvé jusqu’à ce jour et dont les deux policiers déclarent connaître le lieu où le corps avait été déposé.

Enfin il y a l’apparition du général Zelwa Katanga, dit « Djadjidja » propriétaire de la ferme où un trou avait été creusé pour déposer le corps de Fidèle Bazana.

Un procès contre l’Etat Congolais

Dénégations, mensonges, falsifications, disparitions de preuves, complicités, silence: des éléments accablant contre l’Etat congolais qui avec le moyen dont il dispose n’a rien fait pour élucider les circonstances de deux assassinats de Chebeya et Bazana.

Comment expliquez que Christian Ngoy condamné par contumace car en fuite, continuait de toucher librement ses soldes mensuels sans que l’Etat ou ses supérieurs s’en aperçoivent?

Qui a signé l’ordre de mission pour le déplacement de Kinshasa vers Lubumbashi des policiers Hergil Ilunga wa Ilunga et Alain Kayeye Longwa?

Pourquoi c’est le ferme du général Zelwa katanga visiblement non gardé qui a été choisi pour déposer le corps de Fidèle Bazana parmi plusieurs terrains et espaces dont dispose Mitendi?

Kakubi duala

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