Devenu en quelques semaines le seul patron de l’organisation des Jeux de la francophonie, Didier Tshiyoyo a octroyé sans appel d’offres un marché de 113 millions de dollars pour la construction du futur village des jeux.
Le ministère congolais du budget a autorisé fin avril le recours à une procédure de gré à gré pour le marché destiné à la construction du futur village des Jeux de la francophonie, qui accueillera du 19 au 28 août 2022 les délégations d’athlètes venues d’une quarantaine de pays. Le chantier a été confié à l’entreprise congolaise Janamapa Construct, pour un montant d’un peu moins de 113 millions de dollars. Si Janamapa a accepté de préfinancer le chantier à hauteur de 30 %, la facture finale excède déjà largement l’enveloppe budgétaire initiale de 87 millions de dollars, qui était censée couvrir l’ensemble des coûts de l’événement.
Urgence du chantier
Ce marché a été impulsé par Didier Tshiyoyo, le haut représentant du président Félix Tshisekedi auprès du Comité national des jeux de la francophonie (CNJF), qui a déposé début avril une demande d’autorisation spéciale auprès de la Direction générale de contrôle des marchés publics (DGCMP). Pour appuyer sa requête, Didier Tshiyoyo a mis en exergue l’urgence du chantier, qui doit être finalisé avant mai 2022 – soit trois mois avant le lancement des jeux -, ainsi que le contexte de la pandémie de Covid-19, responsable à ses yeux d’une « perturbation de la planification budgétaire et financière ».
Une entreprise peu expérimentée
L’entreprise sélectionnée pour le chantier, Janamapa Construct, a été fondée en 2014 par l’entrepreneur libanais Issam el-Chami. Peu habituée aux grands chantiers, elle est davantage connue à Kinshasa pour la rénovation de villas dans la chic commune de la Gombe. La seule réalisation d’envergure qui lui a été attribuée est la réhabilitation d’un bâtiment de l’Institut national de statistique (INS). Financé par la Banque mondiale, ce chantier d’environ 4,4 millions de dollars a connu une série de retards.
Ex-DJ et producteur suisse connu sous son pseudonyme de « Trouble King », Didier Tshiyoyo est devenu le seul maître à bord de l’organisation des jeux après la démission, le 11 mai dernier, du directeur du CNJF, le banquier « Joe » Lolonga Nkoi Kimpoke . Celui-ci avait vu ses prérogatives contestées par Didier Tshiyoyo.
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