Selon plusieurs sources à Kinshasa, le dossier du port de Banana a connu un spectaculaire coup d’accélérateur à la faveur de la visite en octobre dernier du président Félix Tshisekedi à Abou Dhabi. Invité par le prince héritier Mohamed bin Zayed al-Nahyan (MbZ), le chef d’Etat congolais avait profité de son séjour pour insister sur la nécessité d’aller vite afin de parvenir à la signature du contrat avant la fin de l’année.
En visite officielle aux Émirats Arabes Unis, le Président de la république Félix Antoine Tshisekedi avait le 9 octobre dernier, rencontré son Altesse Mohammed Ben Zayed Al Nahyane, prince Héritier d’Abu Dhabi. Faisaient également partie du voyage : le Ministre des ressources hydrauliques, le Ministre de d’état, Ministre de l’habitat, Ministre de l’industrie ainsi que son Directeur de Cabinet Guylain Nyembo.
L’avenant au contrat de construction du port en eaux profondes de Banana a été signé en 2017, entre l’Etat congolais et le groupe DP World des Émirats arabes unis.Sur demande du président de la République, le contrat initial a été revu et corrigé après un peu plus d’une année de négociations entre l’Etat congolais et les entrepreneurs émiratis.
La présidence de Félix Tshisekedi et la firme dubaïote DP World ont dû chacun de leur côté faire des concessions pour parvenir à la signature du contrat pour la construction du port en eau profonde de Banana.
Ayant connu de nombreux rebondissements depuis l’arrivée au pouvoir début 2019 de Félix Tshisekedi, les négociations autour du dossier stratégique du port en eau profonde de Banana (dans la province du Kongo Central) ont finalement débouché, le 11 décembre dernier, sur la signature du contrat de concession avec DP World. L’opérateur portuaire émirati se voit accorder une durée de concession de trente ans, renouvelable pour vingt ans après accord avec les autorités congolaises.
Les Emirats avaient déjà annoncé la mise à disposition immédiate d’une enveloppe d’un milliard de dollars pour les investissements en RDC.
L’ouverture imminente d’une ambassade pour les Émirats arabes unis à Kinshasa était aussi le point d’orgue de cette rencontre.
Guylain Nyembo en première ligne
Preuve de l’importance accordée par Kinshasa au projet, c’est le directeur de cabinet de Félix Tshisekedi, le puissant Guylain Nyembo, qui a mené en personne, aux côtés de l’ambassadeur itinérant du président André Wameso, les négociations avec la partie émiratie. Ils ont également profité de l’appui de Joel Daniel Monefong, un Camerounais à la tête du cabinet de conseil Contacturer, qui a fait office de conseiller financier pour la partie congolaise.
Autrefois en première ligne dans ce dossier, le conseiller spécial du président chargé des infrastructures Alexy Kayembe de Bampende n’a pas pris part aux dernières discussions en raison de tensions avec les cadres de DP World et de son rôle actuel sur le projet de méga-barrage du Grand Inga.
Le risque financier de DP World
Pour ce projet évalué au total à 1,3 milliard de dollars, et dont l’édification se fera en quatre phases, DP World va dans un premier temps débloquer 350 millions de dollars pour construire en deux ans un quai de 600 m2 et près de 25 ha d’espace de stockage. Dans la convention initiale signée sous la mandature de l’ex-président Joseph Kabila, ce montant était estimé à 539,5 millions de dollars. L’opérateur portuaire l’a progressivement raboté, d’abord à 400 millions de dollars puis à 350 millions de dollars, afin de mesurer son risque financier.
En échange, la partie congolaise a obtenu un raccourcissement du délai avant le lancement de la seconde phase d’investissement. Alors que DP World réclamait dix ans, soit le temps nécessaire à leurs yeux pour que le trafic sur le site prenne de l’ampleur, cette durée a finalement été ramenée à quatre ans. Pour cela, la RDC a également dû consentir à revoir légèrement à la baisse sa participation au sein du capital de la société, qui est passée de 40 à 34 %.
La mise en oeuvre effective de ce projet ayant connu plusieurs fois de prolongations à cause des divergences de vue entre les deux parties contractantes a l’avantage de faciliter si non d’augmenter le volume des échanges commerciaux entre la République démocratique du Congo et divers États du continent, mais aussi, de permettre l’intégration économique régionale.
Coco Kabwika