Agression rwandaise : Macron fasciné par Kagame, une entente intéressée

Paul Kagame est un des rares chefs d’État africain pour lequel Emmanuel Macron a une véritable estime, voire de l’admiration. Pour le président français, son homologue rwandais est un interlocuteur rêvé en Afrique. Et pour ce dernier, l’actuel locataire de l’Élysée est un nouvel allié intéressant dans les enceintes internationales désireux de promouvoir la voix rwandaise, comme au G20. Une entente intéressée, de nature conspirationniste, au détriment de la RDC qui, dans l’Est, abrite de nombreux groupes armés qui sèment l’instabilité et l’insécurité depuis vingt-cinq ans. L’un des plus actifs est le M23, une milice armée rwandaise à dominante tutsi. Et nul dans la communauté internationale ne semble s’en offusquer. Surtout pas Emmanuel Macron qui, fasciné par Paul Kagame, ne cesse de multiplier les arrangements en sa faveur pour les intérêts de la France en Afrique.

La France se décide enfin à regarder son Histoire en Face. L’ancien président français (2007-2012), Nicolas Sarkozy, avait donné la première impulsion, il y’a quelques années. Emmanuel Macron accélère. À cette fin, il s’était rendu au Rwanda, en mai 2021, pour tourner la page du contentieux franco-rwandais. Et il n’est pas de symbole plus édifiant de la volonté affichée par Paris d’ouvrir un nouveau chapitre avec Kigali. Le président français veut être celui qui a reconnu la responsabilité de la France dans le génocide rwandais de 1994. L’anti-Mitterrand. Ce rapprochement mémoriel est le préalable à une coopération plus étroite entre les deux pays. Le fait que le modèle rwandais n’ait rien de démocratique ne le dérange pas.

Fait désolant est que dans l’hexagone, on ne parle pas des Congolais, victimes des atrocités les plus odieuses et du pillage des ressources naturelles dans l’Est de la RDC. Ni les médias, ni les politiques – Macron en premier -, ne semblent pas s’intéresser à la tragédie que vit la population dans cette partie du territoire congolais. À ce propos, l’indifférence de la France – Patrie des droits de l’homme –  agace au plus haut point les Congolais qui se perdent en conjectures. Pourtant, et c’est bien connu de tous, le maître d’œuvre du drame congolais dans l’Est est Paul Kagame, le « chouchou » d’Emmanuel Macron. Force est de souligner qu’il porte une lourde responsabilité dans l’instabilité et l’insécurité qui prévalent actuellement dans cette région.

Pourquoi la France refuse-t-elle de condamner le Rwanda accusé de soutenir le M23 ? Ne se complait-elle pas dans cette situation ? Pourquoi l’embargo sur les armes en RDC a-t-il été reconduit jusqu’au 1er juillet 2023, alors que le M23 qui opère dans la région dispose d’une armée moderne, avec des équipements lourds qui sont plus perfectionnés que ceux de la Monusco ? Ces questions se posent avec d’autant plus d’acuité que l’on peut conclure, sans une once de doute, qu’il y a là un complot contre la RDC qui ne dit pas son nom.

Aucun gouvernement d’État civilisé ne peut accepter les crimes et la barbarie qui sévissent dans l’Est de la RDC depuis vingt-cinq ans. Ce n’est un secret pour personne : l’objectif inavoué du président rwandais, Paul Kagame, est la balkanisation de la RDC. Pour ce faire, il faut éliminer la population congolaise, raser les villages congolais et installer un peuple dominant, les nilotiques. Un rêve séculaire de la minorité ethnique tutsi. Il est soutenu dans son macabre agenda par les USA, l’Angleterre, la Belgique, l’Allemagne, la France, l’ONU, l’UA et les organisations de défense des droits de l’Homme. Ces pays et ces organisations internationales sont au cœur du complot.

Macron fasciné par Kagame

Il faut voir dans l’adoubement de Paul Kagame par Emmanuel Macron une action politique française visant à promouvoir les intérêts de la France en Afrique. Car, le très cynique président du pays des mille collines est le bras armé que la France est en train d’utiliser pour l’exploitation des ressources naturelles dans l’Est de la RDC. Au nom de la « realpolitik », il faut oublier que le régime de Paul Kagame est très autoritaire : atteintes au pluralisme, surveillance des opposants, arrestation de journalistes… L’heure est à la réconciliation, à un nouveau souffle. Exit donc les accusations portées à l’encontre de Paul Kagame pour son soutien au M23.

L’ on se souviendra qu’ à l’initiative d’Emmanuel Macron, la rencontre entre le président rwandais, Paul Kagame, le président de la RDC, Félix Tshisekedi, organisée, en septembre dernier, à New York, en marge de la 77ème Assemblée générale de l’ONU, avait abouti à un accord rwando-congolais qui prévoyait la cessation immédiate des hostilités, le retrait du M23 et le cantonnement de ses combattants hors de la zone de Bunagana , avec l’appui de l’ONU et de leurs partenaires de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE) et de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGIL), selon l’Élysée.

De retour chez lui, à Kigali, le président rwandais s’est assis sur les engagements pris devant Emmanuel Macron à New York. En effet, il n’a fait aucun effort pour convaincre le M23 de se retirer de la RDC. Dans un rapport publié en juillet dernier, un groupe d’experts de l’ONU a assuré qu’il existait des preuves irréfutables de l’implication du Rwanda derrière le M23. Les autorités congolaises, elles, vont plus loin en affirmant que le Rwanda  continue de fournir du soutien logistique et de l’équipement à sa milice armée.

Si Paul Kagame l’avait voulu, le M23 se serait immédiatement retiré de la RDC dès son retour de New York. Mais ce n’est pas tant l’attitude du président rwandais qui surprend que le silence total d’Emmanuel Macron et de la diplomatie française qui ont pourtant célébré la rencontre tripartite de New York. En initiant la rencontre et en célébrant comme une victoire diplomatique, Emmanuel Macron se posait en garant du suivi des engagements pris en sa présence par Paul Kagame et Félix Tshisekedi.

Le président français a finalement préféré ménager son homologue rwandais que d’assurer son rôle de garant de « l’accord de New York ». Ce qui ne surprend personne à Paris et ailleurs. Emmanuel Macron a toujours nourri une fascination pour Paul Kagame. En prenant le risque de froisser une partie du lobby militaire et diplomatique, Emmanuel Macron est allé plus loin que n’importe quel autre chef d’État français pour arriver à la réconciliation totale entre la France et le Rwanda.

Paul Kagame aura tout obtenu d ‘Emmanuel Macron : le rapport Duclert qui souligne la responsabilité de la France dans le génocide de 1994 au Rwanda ; le retour à Kigali de l’ambassadeur de France en juin 2021 ; un voyage au Rwanda, en mai 2021 et, avant tout cela, le Secrétariat général de l’Organisation internationale de la Francophonie(OIF), en 2018. Intérêt, quand tu nous tiens…

Le Rwanda devient le pays le plus influent du continent. Etonnant, non ? Le contrôle et le pillage systématique des ressources naturelles de la RDC ont fait leur effet.  La RDC s’éveillera. Les Congolais gardent espoir et ne sont pas des âmes sans volonté…il n y a pas de quoi s’affoler! La fatalité triomphe dès que l’on croit en elle.

Lepotentiel

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