Archives coloniales : le Traité de 1907 cédant le Congo à la Belgique récupéré dans une salle de vente

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Le Traité cédant le Congo de Léopold II à la Belgique est exposé au public jusqu’à la fin de l’année dans le dépôt des archives de l’Etat (rue du Houblon, 26 à Bruxelles).

Ce traité n’existait qu’en deux exemplaires rédigés d’une belle écriture à la plume, où l’on peut découvrir les engagements réciproques pris par le donateur, « l’Etat indépendant du Congo » (propriété de Léopold II) et par le gouvernement belge, représenté par les ministres de l’époque.

Les deux exemplaires du Traité avaient au fil du temps mystérieusement disparu jusqu’à ce qu’un des exemplaires finisse par réapparaître il y a deux ans dans une salle de vente.

Averties, les autorités belges ont pu réagir rapidement et ainsi récupérer le précieux manuscrit muni de ses sceaux de cire.

Il est désormais à nouveau propriété de l’Etat et mis à l’abri aux archives de l’Etat où exposé pour la première fois lors des journées du patrimoine, on peut le découvrir jusqu’à la fin de l’année.

Pour découvrir son contenu intégral, cliquez sur les photos reprises dans l’article.

Traité de cession du Congo à la Belgique (1907)
Traité de cession du Congo à la Belgique (1907) RTBF Patrick Michalle

Un document inaliénable interdit à la vente

Ce document administratif public étant inaliénable, les autorités publiques ont pu le récupérer sans devoir débourser un euro car il ne peut être vendu. Pour Pierre-Alain Tellier, responsable du département Bruxelles aux Archives de l’Etat, l’authenticité du document ne fait aucun doute :  » ne fût-ce qu’au niveau de la graphie, du papier utilisé et surtout des sceaux de l’Etat et des différents ministres qui ont signé le document, il n’y a aucun doute sur l’authenticité et la véracité du document ».

Traité de cession du Congo à la Belgique (1907)
Traité de cession du Congo à la Belgique (1907) RTBF Patrick Michalle

Deux guerres mondiales, des documents emportés dans des valises

Comment un document de cette valeur historique a-t-il pu disparaître sans laisser de traces ? On pense à un vol mais il n’a pas nécessairement été dérobé.

Pour l’archiviste Pierre-Alain Tellier, avec les aléas liés aux circonstances historiques, on peut difficilement garantir la préservation d’un document :  » Il a pu disparaître lors de la première guerre mondiale ou la seconde, emporté dans des valises, transmis à des familles, c’est difficile de retracer aujourd’hui l’histoire de ce document, l’essentiel c’est d’avoir pu le récupérer pour qu’il soit de nouveau accessible ».

L’esprit d’une époque, un traité comme un acte notarié

Traité de cession du Congo à la Belgique (1907)
Traité de cession du Congo à la Belgique (1907) RTBF Patrick Michalle

Un document unique car ce qu’on peut y lire témoigne de l’esprit de l’époque : le territoire du Congo est transféré à la manière de l’achat d’un grand terrain sur lequel son propriétaire initial aurait laissé récoltes et outils d’exploitation au nouvel acquéreur.

Il y est question de productions d’ivoire, de caoutchouc, et d’engins divers laissés à la Belgique. A peine imaginerait-on qu’il s’y trouvait aussi des habitants. 

En contrepartie, la Belgique s’engageait à reprendre les dettes et les engagements financiers de la société de Léopold II, ce qui n’a pas vraiment été mis en avant dans les livres d’Histoire présentés durant le XXe siècle à des générations d’élèves de l’enseignement primaire et secondaire.

L’ensemble des archives coloniales au même endroit

Archives coloniales du Congo Rwanda Burundi
Archives coloniales du Congo Rwanda Burundi RTBF Patrick Michalle

Le traité est conservé à la rue du Houblon, 26 au dépôt « Joseph Tellier » (AGR2), une ancienne fabrique de papiers située dans le quartier Dansaert près du canal de Charleroi.

Sur 20 kilomètres de rayonnage, on concentre désormais dans ce dépôt, l’ensemble des archives coloniales publiques et privées. Notamment des principales sociétés actives au Congo comme l’Union Minière du Haut Katanga ou…

Une salle de lecture ouverte quatre jours par semaine du mardi au vendredi entre 9 heures et 16 heures permet d’accéder aux collections publiques : « C’est un service public et toutes les archives sont en principe accessibles aux personnes quelles que soient leurs formations. On voit passer ici des généalogistes, des personnes qui s’intéressent à l’histoire de leur famille, de leur maison ».

RTBF

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