A la demande de la Tunisie, un conseil de sécurité des Nations unies sur le GERD s’est tenu à New-York. L’Egypte pousse de toutes ses forces pour qu’une résolution soit adoptée. Mais les pays africains siégeant dans l’instance n’ont pas de position commune sur la question.
La Tunisie a soumis cette semaine un projet de résolution au conseil de sécurité des Nations unies, sur l’épineuse question du barrage éthiopien de la Renaissance (Grand Ethiopian Renaissance Dam, GERD). Le cénacle onusien doit se réunir ce jeudi à New York. Les ministres des affaires étrangères soudanais, Mariam al-Sadiq al-Mahdi, et égyptien, Sameh Hassan Shoukry, prendront chacun la parole. Pour l’Ethiopie, c’est le ministre de l’eau Seleshi Bekele qui devrait s’exprimer. C’est la deuxième fois en deux ans que le conseil de sécurité se réunit sur cette question. Mais cette fois, l’Egypte a pesé de tout son poids pour qu’une résolution soit adoptée à l’issue des débats.
Pour y parvenir, Le Caire devra commencer par accorder ses violons avec les pays Africains siégeant au conseil de sécurité. Or c’est loin d’être gagné. La Tunisie, le Niger et le Kenya (groupe dit « A3+1 » – avec Saint-Vincent-et-les-Grenadines) n’ont pas de position commune sur le GERD.
Le 29 juin à Rome, en marge d’une réunion interministérielle de la Coalition contre l’Etat islamique, Sameh Shoukry avait déjà pris les devants, en rencontrant ses homologues nigérien, Hassoumi Massoudou, et kenyane, Raychelle Omamo, afin de les sonder sur un projet de résolution. Si la Tunisie est acquise à la cause égyptienne, les Kenyans, qui craignent une détérioration de leurs liens avec l’Ethiopie, sont bien moins enclins à soutenir le texte. Les relations entre le président kenyan Uhuru Kenyatta et le chef du gouvernement éthiopien Abiy Ahmed Ali sont loin d’être au beau fixe, et le premier voudrait éviter d’envenimer la situation. En l’état, le projet de résolution est beaucoup trop favorable à l’Egypte pour que le Kenya se hasarde à le soutenir. Selon nos informations, mercredi, le Niger n’avait toujours pas adopté de position définitive sur la question.
Pas de vote dans l’immédiat
La résolution comporte trois points clés, sur lesquels l’Egypte et le Soudan sont jusqu’ici demeurés inflexibles.
Un premier point appelle à reprendre les négociations, dans le but de parvenir à un accord global et contraignant dans les six prochains moins. Sur ce point, l’Egypte a peu de chances de remporter l’adhésion de tous les membres, si elle n’est pas prête à des compromis.
Un deuxième point propose d’interdire à chacune des parties de prendre des décisions unilatérales. En l’état, cette demande, surtout portée par Khartoum, a peu de chances de rencontrer l’adhésion des 15 membres du conseil de sécurité. Et ce, d’autant plus que l’Ethiopie a annoncé le 5 juillet avoir commencé la seconde phase de remplissage de son barrage.
Enfin, un troisième point exhorte tous les observateurs du dossier à s’engager plus. L’Egypte se plaint en coulisses du manque d’investissement du président de l’Union africaine en exercice, le Congolais Félix Tshisekedi.
Il est improbable qu’une résolution soit adoptée à l’issue du conseil de sécurité, et il faudrait attendre plusieurs jours avant qu’un texte consensuel soit soumis au vote.
Africa Intelligence