Alors que la crise sanitaire a déjà plombé les chiffres de la distribution de produits pétroliers de Total sur le continent en 2020, le spectre de la concurrence des raffineries modulaires vient inquiéter un peu plus la major.
Rien ne va plus pour Total dans le secteur de la distribution de produits raffinés en Afrique : au troisième trimestre 2020, la société n’a vendu sur le continent que 541 000 b/j de produits pétroliers, bien loin des 683 000 b/j d’avant la crise, au premier trimestre 2020, et des 737 000 b/j du quatrième trimestre 2019. Son rapport publié fin octobre indique cependant que la major française dirigée par Patrick Pouyanné a fait mieux qu’au deuxième trimestre 2020, au plus fort de la pandémie de Covid-19, où elle n’avait vendu que 463 000 b/j de produits pétroliers en Afrique.
Total accuse durement le coup de la crise sanitaire, qui a conduit à une baisse drastique de la demande et à une chute des cours du baril. Et l’horizon pourrait ne pas s’éclaircir de sitôt : outre la pandémie, le pétrolier et les autres distributeurs en Afrique voient éclore sur le continent plusieurs projets de raffineries modulaires qui concurrenceront directement leurs activités. En Guinée équatoriale, la major française a tout fait pour empêcher la construction d’une raffinerie modulaire de 5 000 b/j puis de 10 000 b/j sur l’île de Bioko, à proximité de la capitale équato-guinéenne de Malabo. Ce projet, qui n’a pas encore été lancé formellement, sera financé par Marathon Oil à hauteur de 50 millions de dollars.
VFuels tisse sa toile
Le Nigeria est l’un des premiers pays à s’être lancés dans ce type de projet : la société de Lagos WalterSmith Petroman Oil a annoncé début novembre que sa raffinerie modulaire d’Igibwe (Etat d’Imo, 5 000 b/j) serait « bientôt » mise en service. Elle a été construite par les Libanais de VFuels, qui sont par ailleurs impliqués dans la construction d’une raffinerie modulaire (10 000 b/j) à Monrovia (Liberia) et auraient également, selon nos sources, des projets de raffineries modulaires en cours au Ghana, en Guinée Conakry et au Soudan du Sud.
Seul rayon de soleil à court terme pour Total : l’Angola, où la major s’est associée début 2020 avec la société d’Etat pétrolière Sonangol pour gérer conjointement un réseau de 45 stations-service déjà existantes dans le pays. La major compte beaucoup sur cette joint-venture pour booster ses ventes d’essence en Angola.
Sur les années 2018-2019, Total écoulait environ 700 000 b/j de produits raffinés sur le continent africain. La principale destination reste cependant l’Europe, où près de 2 millions b/j de produits raffinés ont été vendus en 2019.
Total cherche à céder des participations dans plusieurs champs pétroliers en Angola
Total cherche à céder des participations dans plusieurs champs pétroliers en Angola, rapportent mercredi 4 novembre des sources industrielles. Dans cette optique, la société pourrait lever environ 300 millions de dollars grâce à la vente de sa participation de 20% dans le bloc 14, dans l’offshore angolais.
Ce site comprend les champs de Tombua-Landana, Kuito ainsi qu’un groupe de champs qui composent le projet BBLT. Cette initiative fait partie de la volonté de la société de se concentrer sur ses champs pétroliers et gaziers plus grands et plus rentables en Angola, où elle reste le plus grand opérateur.Interrogé sur cette opération, Total n’a pas souhaité faire de commentaires.Cette cession pourrait augurer une vague plus large de désinvestissements des grandes majors pétrolières présentes dans le pays, ce qui entre en droite ligne avec le processus de désinvestissement des grandes compagnies pétrolières dont BP, Chevron et Exxon Mobil …suite aux effets désastreux du coronavirus. En effet, ces firmes envisagent de vendre des dizaines de milliards d’actifs pétroliers et gaziers dans le monde dans les années à venir pour réduire la dette qui a explosé suite à l’effondrement des prix du pétrole dû au COVID-19.
Selon certains analystes de HSBC, Total vendra environ 200000 b/j de production au cours de la prochaine décennie pour atteindre son objectif de maintenir la production inchangée jusqu’en 2025. Le bloc 14 est situé à une centaine de kilomètres au large de Cabinda, en Angola, et couvre une superficie d’environ 4 094 km2 par des profondeurs d’eau allant de 200 à 1 500 m.
La production sur le bloc 14, qui a débuté en 1999, s’élève actuellement à plus de 160 000 barils de pétrole brut par jour. Le bloc 14 est opéré par Cabinda Gulf Oil Company Limited (31 %) aux cotés des partenaires Total (20 %), Sonangol Pesquisa e Produção, S.A. (20 %), Eni Angola Exploration, B.V. (20 %) et Galp Exploração e Produção Petrolífera, S.A. (9 %).
Afrique intelligence / Financial Afrik