Etat de siège /Lac Albert : Museveni se laisse convaincre par Total et mobilise sa Task force militaire

Plus de trois milliards de dollars seront récupérés par Total sur le développement du projet de Tilenga. Le président ougandais accepte toutes les demandes de la major française afin de s’assurer d’un début de production avant la fin de son mandat en 2026.

Selon nos sources, le ministère ougandais de l’énergie encore dirigé par Mary Goretti Kitutu (jusqu’à la formation prochaine d’un nouveau gouvernement) vient d’accepter sans sourciller le calcul du cost oil (coûts récupérables) de Total. Plus de trois milliards de dollars seront récupérés par la major dirigée par Patrick Pouyanné sur le développement du projet de Tilenga. Ce dernier, avec celui de Cnooc, produiront quelque 216 000 b/j grâce à l’oléoduc qui relira le lac Albert au port tanzanien de Tanga.

Les autorités ougandaises et au premier chef le directeur de l’autorité de régulation Petroleum Authority of Uganda, Ernest Rubondo, communiquent toujours sur les 6,5 milliards de barils découverts, même si un peu plus d’un quart sera effectivement extractible. Rubondo vante également les mérites du faible coût de production d’un baril en Ouganda – quelque 6 dollars avant le transport et 12 dollars au port de Tanga. L’Ouganda a été très flexible sur le cost oil, contrairement au Kenya voisin où le gouvernement et le parlement ont mis en doute le montant de 2 milliards avancé par Tullow Oil – dont Total est l’un des partenaires – au sujet des développement des blocs 10T et 10BB. 

Pas de nouvelles discussions sans fin

En vue d’en faire un gain politique, le président ougandais Yoweri Museveni veut absolument un développement rapide du lac Albert. Il a donc fait passer le message à sa ministre Kitutu de ne pas trop ennuyer Total avec de longues discussions sur les coûts récupérables. Les premières découvertes ougandaises ont déjà quinze ans, et Museveni a perdu un temps considérable avec des débats sans fin sur les plus-values de cession (lors de vente de participation sur les blocs) menées par l’Uganda Revenue Authority (URA).

En mars 2020, sous l’aimable conseil de son homologue tanzanien John Magufuli (décédé en mars 2021) qui n’en pouvait plus des retards du projet, Museveni avait d’ailleurs décidé de remplacer la dirigeante de l’URA Doris Akol par un membre des renseignements rattaché à la présidence, James Musinguzi. Neveu de Museveni, Musinguzi avait le titre de conseiller aux télécommunications  . En cas de décision finale d’investissement, désormais prévue pour juin, dans les prochaines semaines, le pétrole parviendra à Tanga en 2025.

Les deux conseillers pétroliers veillent à la présidence

La création de 15 000 emplois directs et indirects grâce à ce secteur pétrolier (production et potentielle raffinerie de Kaabale) permettra à Museveni de préparer plus aisément sa succession avec l’arrivée de son fils, le général Muhoozi Kainerugaba.

Pour l’organisation du secteur pétrolier, Museveni compte toujours sur ses deux conseillers à la présidence Fred Kabagambe-Kaliisa (ex-secrétaire général du ministère de l’énergie et géologue pétrolier de formation) ainsi qu’Irene Muloni (ancienne ministre de l’énergie jusqu’en décembre 2019). Cette dernière pourrait refaire partie de l’exécutif après l’inauguration officielle de Museveni pour son sixième mandat, le 12 mai 2021.

 Africa Intelligence

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