La France augmente son aide au développement et s’appuie sur les diasporas africaines

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La France va réformer son aide au développement pour « proposer une autre voie » à ses partenaires en Afrique, face à de nouveaux acteurs comme la Chine, et donner la priorité à des projets autour de la santé, l’éducation ou le climat.

Paris veut « impulser un nouvel élan » à sa politique de développement et aux financements des Etats africains, confrontés à une double crise sanitaire et économique. Principale mesure du projet de loi présenté le 16 décembre 2020 en Conseil des ministres : l’aide au développement de la France sera portée à 0,55% de la richesse nationale d’ici à 2022, contre 0,44% actuellement.

Privilégier les dons

Ce texte marque un « changement de braquet » en termes de volume d’aide, mais « il ne s’agit pas uniquement de faire plus mais aussi de faire mieux », a affirmé le ministre français des Affaires étrangères. Selon Jean-Yves Le Drian, l’aide au développement a atteint près de 11 milliards à la fin 2019, ce qui a permis à la France « de revenir dans le jeu après quelques années d’éclipse ».

Pour les 19 pays prioritaires d’Afrique subsaharienne, l’aide sera concentrée « sous forme de dons » et la France entend aussi mieux définir ses priorités thématiques en investissant sur « l’avenir des biens publics mondiaux », comme la santé, la préservation du climat et de la biodiversité, l’éducation et l’égalité de genre.

La coopération se veut également plus multilatérale, plus européenne. L’UE et ses Etats membres sont les premiers pourvoyeurs d’aide publique au développement en Afrique ainsi que les premiers investisseurs. Dans le contexte post-Covid-2019, il s’agit d’identifier les voies et moyens de renforcer la coopération dans des domaines comme l’agriculture, l’entreprenariat, l’éducation, le numérique et de trouver ensemble des opportunités de développement et de partenariats. L’Europe a les moyens de peser face à la puissance chinoise et de nouveaux acteurs comme la Russie ou la Turquie.

S’appuyer sur les diasporas

M. Le Drian a annoncé un nouveau fonds d’innovation pour le développement qui sera financé par l’Etat et présidé par l’économiste Esther Duflo (spécialiste de la lutte contre la pauvreté) et un « renouvellement de l’offre d’expertise à l’international » avec la mise à contribution des jeunes de la diaspora africaine.

La France soutient des actions en faveur de la création d’entreprises et de l’investissement productif des diasporas afin de générer des emplois, favoriser la croissance et valoriser l’expérience et le savoir-faire acquis en France et en Europe par ces diasporas. Le programme de Mobilisation européenne pour l’entreprenariat en Afrique (MEET Africa 2) qui accompagne 1 000 entrepreneurs de la diaspora sera renforcé. Le Sommet Afrique-France qui se tiendra en juillet 2021 à Montpellier fera une large place, dans ses différentes séquences (sport, entreprenariat, culture notamment), aux diasporas africaines.

Augmenter les flux financiers vers l’Afrique

L’autre grand changement de paradigme a été la mise en place d’un « cadre cohérent et soutenable de restructuration et d’allègement de la dette des pays les plus pauvres », auquel participent tous les pays du G20 ainsi que les créanciers privés. Et « pour la première fois la Chine y participe », ce qui est « une avancée positive et majeure », a estimé le ministre  français de l’Economie. Bruno Le Maire a rappelé qu’après une croissance de 3% en 2019, les pays africains connaîtront une récession de 3% en moyenne en 2020 et, partant, une augmentation de la pauvreté, alors que « l’endettement de ces pays a triplé au cours de la dernière décennie« .

La France voudrait aller plus loin et « développer une réflexion de long terme sur le financement des économies africaines », a dit M. Le Maire, une réflexion qui doit aboutir lors du sommet international qui réunira des dirigeants africains et des institutions financières en France en mai 2021.

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