Communiqué après communiqué, la direction du M23 entend quant à elle montrer sa volonté de collaborer avec l’EAC – notamment sur le respect très relatif du calendrier de retrait des zones que le mouvement occupe -, ainsi qu’avec les autres pays voisins. Elle a ainsi répondu positivement à l’invitation du président angolais João Lourenço, médiateur désigné de l’Union africaine (UA), à se rendre à Luanda. Une délégation du M23, composée notamment du chef de son aile politique, Bertrand Bisimwa, a fait le déplacement début mars pour s’entretenir avec João Lourenço des perspectives de sortie de crise et des modalités du cessez-le-feu du 7 mars.
Auparavant et en toute discrétion, Félix Tshisekedi a indirectement pris contact avec le M23, qu’il considère comme un groupe « terroriste ». Se réclamant du chef de l’Etat, Heron Ilunga s’est rendu en décembre 2022 à Bunagana, cité frontalière avec l’Ouganda sous contrôle du M23 depuis juin 2022. Ce dernier est membre de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, le parti de Félix Tshisekedi) et proche de conseillers de l’ombre du président, tels que le directeur général du Journal officiel, Guy Kabombo Muadiamvita.
Pour préparer sa mission, l’émissaire congolais était en lien avec le premier cercle du « colonel » Vianney Kazarama, qui a fait fonction de porte-parole du M23 au début des années 2010. A Bunagana, Heron Ilunga s’est entretenu avec Bertrand Bisimwa, qui s’en est méfié, et a fait suivre l’échange par téléphone au responsable militaire du mouvement, Sultani Makenga. Sur place, Heron Ilunga a téléphoné au président Tshisekedi, lequel a brièvement discuté avec Bisimwa, et lui a fait part de leur « intérêt commun » à négocier. En vain.
En parallèle de cette initiative, une petite équipe a été mise sur pied fin 2022 afin d’organiser un canal de discussion avec les rebelles – et non de négocier avec eux. Parmi ses membres, on retrouve Yane Fumuatu, un ancien du Conseil national de sécurité (CNS), qui avait été suspendu de ses fonctions en 2020 par l’ex-conseiller sécurité du chef de l’Etat François Beya, ainsi que le général Christian Paypay.
Commissaire provincial de la police du Mai-Ndombe, ce dernier a été arrêté en début d’année, puis placé en détention provisoire, officiellement pour « atteinte à la sûreté de l’Etat ». Si les raisons réelles de son interpellation demeurent sujettes à caution, le général et Yane Fumuatu avaient tenté d’approcher l’un des frères de Laurent Nkunda. L’ex-chef des rebelles du Conseil national pour la défense du peuple (CNDP), qui réside à Kigali, demeure influent auprès du M23.
Un extrait d’Africa Intelligence. Lire l’article complet https://www.africaintelligence.fr/afrique-centrale/2023/04/20/crise-du-m23–les-sourdes-inquietudes-de-la-force-regionale-de-l-eac,109946835-eve?did=108398735&utm_campaign=AUTO_EDIT_VEI&utm_source=AIF&utm_medium=email