Le groupe émirati DP World, qui négocie avec Kinshasa un nouveau contrat de concession pour le port de Banana, cherche à imposer un périmètre d’exclusivité de 90 km autour de l’infrastructure. Mais les autorités congolaises se montrent rétives, car une telle chasse gardée pourrait empiéter sur le projet conduit en parallèle par l’australien Fortescue.
Selon nos informations, plusieurs cadres de l’opérateur portuaire émirati DP World se sont rendus la semaine dernière à Kinshasa pour s’entretenir au sujet du port en eau profonde que le groupe veut creuser à Banana, dans la province du Kongo Central (sud-ouest de la RDC). La délégation était conduite par le directeur général du groupe pour l’Afrique et le Moyen-Orient, Suhail al-Banna, et son directeur pour l’Afrique, Tarik El Farouki.
Les deux hommes ont échangé avec la présidence de Félix Tshisekedi des modalités du nouveau contrat de concession, qui doit remplacer celui signé sous la mandature de Joseph Kabila et jugé trop favorable aux intérêts de DP World . Les négociations, qui étaient conduites côté congolais par le conseiller spécial chargé des infrastructures, Alexy Kayembe de Bampende et l’ambassadeur itinérant André Wameso, ont toutefois achoppé sur un point de discorde majeur.
Celui-ci concerne le périmètre d’exclusivité de 90 km que DP World entend imposer autour du futur port de Banana. Les autorités congolaises se montrent très rétives à satisfaire cette demande, qu’elles considèrent comme excessive. Surtout, ce périmètre interdirait au groupe minier Fortescue de mener à bien ses ambitions dans le pays.
L’entreprise australienne, qui se positionne pour réaliser le très ambitieux projet du Grand Inga (regroupant les méga-barrages d’Inga III à Inga VIII, pour une puissance totale de 70 000 MW), a besoin de construire un port entre Banana et Boma afin d’exporter l’hydrogène et le gaz d’ammoniac produits grâce aux méga-barrages. Elle s’apprête d’ailleurs à lancer prochainement les études de faisabilité sur le site.
Des échanges DP World-Fortescue
Or, le plan de Fortescue, s’il est très critiqué par plusieurs conseillers proches du chef de l’Etat , reste fermement soutenu par Alexy Kayembe de Bampende, qui entend donc faire barrage aux velléités de DP World. Pour désamorcer le blocage, le conseiller spécial de Félix Tshisekedi a demandé aux Emiratis de prendre langue avec Fortescue pour trouver un terrain d’entente. Des premiers échanges ont eu lieu dimanche dernier.
Récurrentes dans tous les projets portuaires, les demandes de zones d’exclusivité sont jugées de moins en moins acceptables par les gouvernements africains. Sur le Port autonome de Nouakchott (PAN), en Mauritanie, la clause d’exclusivité négociée par la joint-venture formée par les fonds Arise Port & Logistics et Meridiam a été revue par le gouvernement de Mohamed Ould Ghazouani .
Africa Intelligence