Le rapport de l’Inspection générale des finances (IGF), qui épingle Congo Airways pour des faits présumés de détournements de fonds et de surfacturation, intervient au pire moment pour la compagnie aérienne nationale. Celle-ci tente de finaliser l’achat de quatre avions pour un coût total de 272 millions de dollars.
Diffusées le 28 mai, les conclusions de l’enquête menée par l’Inspection générale des finances (IGF) de RDC à propos de la situation de Congo Airways jettent le doute sur les capacités de la compagnie aérienne nationale à mener à terme l’achat de plusieurs appareils. Il s’agit en l’occurrence de quatre avions du constructeur brésilien Embraer, dont deux E190-E2 et deux E195-E2, pour une facture totale avoisinant 272 millions de dollars. La mission d’inspection de l’IGF pointe notamment « un risque élevé de faillite » de la société, « les pertes enregistrées dépassant le capital social ».
Du côté d’Embraer, on se montre optimiste sur la poursuite du processus d’acquisition, qui a fait l’objet d’un business plan établi en amont par la société dubaïote Africa Corporate Consulting Aviation. D’après les informations d’Africa Intelligence, des acomptes ont été versés par l’entreprise congolaise pour l’achat des deux premiers avions. Le reste des fonds, soit 70 à 80 % du montant total dû pour effectuer la transaction, doit être prochainement levé via des institutions financières internationales.
Les négociations pour l’acquisition desdits avions ont commencé en février 2019 lors du sommet Aviation Africa à Kigali, au Rwanda, avant de se poursuivre en septembre de la même année au cours du Embraer Airline Business Seminar à Maurice. Elles ont débouché sur la signature d’une lettre d’engagement en décembre 2019 entre Congo Airways et Raul Villaron, vice-président des ventes pour l’Afrique et le Moyen-Orient chez Embraer Commercial Aviation. Les discussions se sont accélérées en janvier dernier lorsque les deux parties sont convenues de la livraison de deux E190-E2, ainsi que l’activation de la clause d’achat pour les E195-E2. Les deux premiers appareils doivent normalement intégrer la flotte de Congo Airways en mai 2022, avec toutefois la possibilité d’une livraison anticipée à la fin de l’année 2021.
Des observations « non conformes à la réalité »
Les ambitions de Congo Airways contrastent toutefois avec sa situation financière délicate. Celle-ci l’avait contrainte en août 2020 à contracter une ligne de crédit d’environ un million de dollars auprès du Fonds promotion de l’industrie (FPI), l’un des bras financiers de l’Etat congolais, afin de payer « quelques factures » en souffrance. En plus des inquiétudes sur la santé de l’entreprise, le rapport de l’IGF rapporte également des faits présumés de détournements de fonds, qui s’élèvent à un peu plus de 2 millions de dollars, ainsi que des prestations jugées fictives au bénéfice de l’autorité de l’aviation civile (environ 8,8 millions de dollars) et de la société ITM (3,5 millions de dollars).
Dans une missive datant du 31 mai, le directeur général de Congo Airways, Désiré Balazire Bantu, a fait une première réponse aux observations de l’IGF, qu’il juge « non conformes à la réalité des faits ». Jamais visé directement par les inspecteurs congolais, il estime également que « l’interprétation de certaines données comptables et financières ne devrait pas être absolue, mais plutôt relative, en fonction des opérations de la société (…) ainsi que du business plan ».
Africa Intelligence