Glencore se prépare à relancer sa mine congolaise de cuivre-cobalt de Mutanda, au moment même où le site voisin de Shabara fait l’objet de vives tensions. Les ONG y défendent la présence des creuseurs actifs sur le terrain, dont les activités sont menacées par de nouveaux exploitants informels d’origine chinoise et libanaise.
Le 15 juillet, l’ONG congolaise Justicia Asbl a publié un communiqué dans lequel elle s’insurge du déversement deux jours plus tôt de « serpents venimeux sur le site minier de Shabara », dans le Lualaba, par « des agents de la société minière Mutanda Mining » (Mumi), filiale du trader suisse Glencore en RDC. Cette opération a été menée, selon l’ONG, pour faire déguerpir des creuseurs opérant sur le périmètre, notamment pour la Coopérative minière artisanale du Katanga (Comakat).
Des accusations que nie fermement Glencore, contacté par Africa Intelligence, ajoutant que la situation à Shabara n’affecte pas les activités quotidiennes de Mutanda, mine tout proche détenue par le trader où 103 000 tonnes de cuivre et 25 000 tonnes de cobalt ont été produites en 2019. Glencore avait justement, en novembre de cette année, placé Mutanda en care and maintenance, mais a annoncé en juin dernier prévoir la relance de la production fin 2021, ayant donc commencé à augmenter le personnel et les activités sur le site en vue de la reprise.
Prévenir une potentielle fronde sociale
Glencore a toutefois exprimé à Africa Intelligence son souhait de résoudre la situation à Shabara. Depuis qu’il a racheté le site en 2015 à Dino Steel International et à l’entreprise publique congolaise Gécamines, Glencore y tolère l’extraction de minerai par des creuseurs, ce qu’acceptaient déjà les précédents propriétaires, tant que l’exploitation de la mine est réalisée par ces « artisans ». Ces derniers avaient cherché par le passé à formaliser leur présence, sans succès. Le gouverneur du Lualaba, Richard Muyej, a par ailleurs régulièrement assuré jusqu’ici des médiations lorsque des tensions sont apparues afin d’éviter une potentielle fronde sociale si les creuseurs venaient à être délogés.
Cependant, depuis plus d’un an déjà, l’exploitation de Shabara n’est plus totalement artisanale. Des machines et équipements ont été apportés sur le site, où l’extraction de cuivre et de cobalt se fait désormais largement de manière semi-mécanisée. Par ailleurs, des opérateurs chinois et libanais ont pris le contrôle d’une partie des opérations minières sur la concession, revendant ensuite le minerai dans des comptoirs de la province.
Africa Intelligence