RDC: Félix Tshisekedi tente de renégocier avec la Chine les « contrats léonins » conclus par Joseph Kabila

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L’exécutif congolais entame un bras de fer avec la Chine sur les contrats passés avec l’ex-président Joseph Kabila, dont les clauses sont jugées contraires aux intérêts du pays.

D’après les informations d’Africa Intelligence, le cabinet de Félix Tshisekedi cherche à remettre à plat les accords liant la RDC à la Chine, conclus sous la mandature de l’ex-président Joseph Kabila. L’exécutif congolais a dans le viseur le contrat passé en 2007 entre l’Etat et la Sicomines (Sino-congolaise des mines), une joint-venture associant la Gécamines (32 % des parts) aux entreprises publiques chinoises Sinohydro, China Railway Group, Zhejiang Huayou Cobalt Co et China Machinery Engineering Corp (68 %). 

« Infrastructures contre minerais »

Ce contrat « infrastructures contre minerais » prévoyait le financement d’infrastructures par Pékin à hauteur de 6,6 milliards de dollars en échange de l’accès à une large partie du foncier minier dans les riches provinces du Lualaba et du Haut-Katanga (sud-est de la RDC). Il est très sévèrement jugé pour son manque de transparence par la Banque mondiale ou par certaines organisations, comme l’Initiative internationale pour la transparence dans les industries extractives (ITIE). Plus encore, il était à l’origine d’une dette cumulée de la RDC évaluée en 2019 à environ 2,56 milliards de dollars, soit 40 % de la dette extérieure du pays . Les infrastructures promises en échange tardent également à voir le jour, à l’image du barrage de Busanga (240 MW), dont le chantier a été lancé en 2016.

Si les négociations entre Kinshasa et Pékin sont encore à un stade embryonnaire, la présidence de Félix Tshisekedi entend afficher sa détermination sur ce contrat, dont les clauses sont jugées particulièrement léonines pour la RDC. Les discussions devraient toutefois s’inscrire dans un cadre plus large que le seul projet « Infrastructures contre minerais ». Elles pourraient également concerner l’initiative chinoise de la Belt and Road Initiative (BRI, ou nouvelle route de la soie), un vaste projet géopolitique portée par le chef d’Etat Xi Jinping et qui vise à construire d’importantes infrastructures transnationales pour trouver de nouveaux débouchés à l’économie de son pays. La RDC pourrait jouer sur sa position géographique stratégique en plein cœur du continent pour faire monter les enchères.

Visite en Chine reportée

Les ambitions de Kinshasa de renégocier ses accords avec la Chine interviennent dans un contexte diplomatique particulier. Comme Africa Intelligence l’avait révélé dans son édition du 05/03/21, Xi Jinping avait convié son homologue congolais à se rendre à Pékin entre fin avril et début mai. Or cette visite a finalement été repoussée sine die. Selon nos informations, ce sont les autorités congolaises qui ont demandé ce report – le déplacement devrait être remplacé dans un premier temps par une conférence téléphonique entre les deux chefs d’Etat, avant éventuellement de convenir d’une nouvelle date.

Pour expliquer ce report, Kinshasa a mis en exergue des questions d’agenda en raison du rôle de Félix Tshisekedi en tant que président de l’Union africaine (UA). Il est notamment attendu le 18 mai prochain à Paris pour le sommet sur le financement des économies africaines, organisé à l’initiative du président français Emmanuel Macron. Au cœur de cet événement figure la question très sensible des dettes contractées par les pays africains auprès de la Chine. Invité par la diplomatie française à y participer, Pékin n’a toujours pas confirmé sa présence. 

Africa Intelligence

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