RDC – les Cimenteries de l’est : African Equities du belge Philippe de Moerloose, le chinois West China Cement et le Groupe Taverne de Modeste Bahati Lukwebo(AI)

 

Comptant parmi les fortunes belges de RDC, Philippe de Moerloose vient d’être conduit par son associé, le chinois West China Cement, à quitter un projet visant à booster la production de ciment dans l’est du pays.

Le partenariat conclu entre la holding belge African Equities (AFEQ), détenue par l’homme d’affaires belge très actif en RDC Philippe de Moerloose, et le géant chinois West China Cement, afin d’accroître les capacités cimentières des provinces du Sud-Kivu et du Tanganyika, n’a pas fait long feu.

Le 10 mai, AFEQ a revendu la totalité de ses parts dans deux joint-ventures congolaises, Great Lakes Cement et Makala Coal Co, dont elle possédait 30 %. La première entité contrôle la cimenterie de Katana, à 45 km au nord de Bukavu dans le Sud-Kivu, et celle de Kabimba, non loin de Kalémie dans le Tanganyika. La seconde est propriétaire des gisements de charbon de Makala, également situés dans le Tanganyika.

Les intérêts ont été cédés à West International Holding, filiale de West China Cement qui détenait jusque-là 70 % des coentreprises, et avec qui AFEQ s’était alliée sur ces projets il y a à peine plus d’un an, en février 2020. L’objectif était d’augmenter les capacités de ces deux cimenteries, jusqu’alors contrôlées par le Groupe Taverne du président du Sénat congolais, Modeste Bahati Lukwebo, afin de satisfaire la demande locale croissante en ciment, voire d’en exporter dans les pays voisins. L’exploitation du charbon visait à la fois sa commercialisation, mais surtout son utilisation dans le mélange servant à produire du ciment.

Difficultés à financer

Si la société de Philippe de Moerloose a vendu sa participation, c’est que, en janvier dernier, le groupe chinois a informé son partenaire de ses difficultés à trouver les fonds nécessaires aux travaux. Il a aussi expliqué que le financement serait moins compliqué à mobiliser s’il détenait 100 % des projets. Ceci a mené à la cession des participations d’AFEQ au mois de mai dans Great Lakes Cement et Makala Coal Co.

En parallèle, tandis qu’AFEQ assure que la transaction de février 2020 portait sur un rachat total des intérêts du Groupe Taverne dans les cimenteries de Kabimba et de Katana, la société du président du Sénat de RDC a affirmé à Africa Intelligence être toujours impliquée. Le Groupe Taverne déclare être propriétaire de 40 % de l’unité du Sud-Kivu (Katana) et rester partenaire de West China Cement dans Kabimba, sans pour autant détenir la moindre action dans cette usine.

Baron belge de RDC

Philippe de Moerloose, qui reste coactionnaire de la Grande Cimenterie du Katanga (GCK), une usine inaugurée en octobre dernier à Likasi, dans le Haut-Katanga, aux côtés de West China Cement, est un homme d’affaires bien connu en RDC. Ayant grandi à Lubumbashi et réputé proche de l’ex-président congolais Joseph Kabila, il opère dans le pays depuis de longues années via ses holdings AFEQ et SDA.

AFEQ est actionnaire de la cimenterie katangaise, de la société de construction Dematco ainsi que des hôtels Pullman (groupe Accor) de Kinshasa et Lubumbashi. SDA contrôle quant à elle SMT et DEM Group, deux entreprises qui sont présentes dans de nombreux secteurs en Afrique comme en Europe, notamment la distribution de voitures et d’équipements lourds des marques Volvo, John Deere, Hitachi et Wirtgen, entre autres. Philippe de Moerloose a aussi été présent dans le fret aérien et la sécurité minière .

Grandioses ambitions

Le rachat des parts de Philippe de Moerloose acté, West China Cement a du pain sur la planche pour atteindre ses ambitions. En vingt-quatre mois, le groupe chinois entend faire grimper la production des usines de manière exponentielle pour devenir un leader du ciment en RDC et entraîner la réduction les importations des industriels du pays.

La capacité de Katana doit passer de 40 000 tonnes annuelles de ciment à 600 000. L’unité de Kabimba doit quant à elle arriver à 2,5 millions de tonnes, contre 60 000 à l’heure actuelle. La cimenterie est à l’arrêt depuis plusieurs années. Toutefois, avant cela, la capacité électrique disponible dans cette dernière unité devra être augmentée, de 9 à 40 MW, en préfinançant des travaux pour le compte de la Société nationale d’électricité (SNEL), le distributeur public d’énergie. L’idée est, entre autres, de transformer l’énergie produite dans le four de la cimenterie en électricité consommable. Les infrastructures logistiques feront aussi l’objet d’une réhabilitation.

 Africa Intelligence

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