Des intellectuels pressent le Dr Mukwege de se présenter aux élections présidentielles.
Le Dr Mukwege, issu de la société civile, est très populaire parmi ses compatriotes et sa candidature éventuelle devrait aussi jouir d’un aval international et régional. Le seul hic : l’hostilité du Rwanda.
Pour l’instant, «l’homme qui répare les femmes» réserve sa réponse.
La fête est finie, le deuil est terminé : la visite du couple royal au Congo et l’expression des « regrets » pour le passé colonial appartiennent à l’histoire, la « relique » de Patrice Lumumba été rapatriée, le message du héros de l’indépendance a été rappelé à tous. Place au présent, à l’avenir immédiat, dont les échéances électorales prévues en principe pour l’an prochain. Discrètement, des personnalités reviennent en scène. L’ancien Premier ministre de Joseph Kabila, Matata Mponyo, refait surface, Moïse Katumbi, toujours populaire au Katanga, n’a pas remisé ses ambitions. Mais surtout Vital Kamerhe, l’allié de Félix Tshisekedi lors des dernières élections, a été libéré, lavé des lourdes accusations de détournement de fonds qui avaient pesé sur lui, sa santé semble rétablie et il a été reçu par le chef de l’Etat.
Au-delà de la cordiale poignée de mains, on peut évidemment s’interroger sur la sincérité des deux protagonistes. Mais le fait est que Vital Kamerhe, l’un des hommes politiques les plus expérimentés du pays, garde une grande popularité dans l’Est, où la guerre se durcit et où se prépare une intervention de forces armées régionales, dont le Kenya et la Tanzanie. Accusé de soutenir le mouvement rebelle M23, qui occupe toujours la localité de Bunagana, sur la frontière ougandaise, le Rwanda a été exclu de cette force militaire et c’est en vain qu’il clame que, lors des premiers affrontements, les Congolais ont été les premiers à envoyer des tirs en direction du territoire rwandais : aujourd’hui que les forces armées congolaises montrent des armes et des uniformes « made in Rwanda » trouvés sur leurs adversaires du M23, les dénégations de Kigali sont accueillies par un scepticisme général.
André Flahaut, qui a représenté la Belgique lors de toutes les commémorations ayant eu lieu à Kinshasa, a beau assurer « qu’il faut maintenant passer au concret, tenir les promesses et mettre sur pied les zones de développement économiques prévues par le ministre de l’Industrie, Julien Paluku », il se fait qu’une fois encore, c’est la politique qui occupe les esprits. A ce sujet, un collectif d’intellectuels, professeurs d’université pour la plupart, a lancé un appel pressant au Dr Mukwege pour qu’il se porte enfin candidat aux prochaines élections présidentielles. L’argument principal des signataires est le bilan accablant de la présidence Tshisekedi : « Le degré de décrépitude a dépassé tout ce que nous pouvions imaginer.(…) Nos dirigeants ne sont là que pour piller le pays pour leur propre compte ou celui de leurs familles. La RDC est une véritable passoire dans laquelle n’importe quel individu, n’importe quel groupe armé ou mafieux, n’importe quel Etat téméraire peut pénétrer pour exploiter les richesses de notre sous-sol. »
Très mal vu par Kigali
Face à cette situation, les signataires, dont le professeur Alphonse Maindo, de Kisangani, appellent leurs compatriotes à rendre possible la candidature d’un homme comme le Dr Mukwege. Ils rappellent « sa personnalité d’envergure internationale, sa carrure de chef d’Etat, sa vision de grandeur et de dignité pour notre pays ». Sur le plan international, le colauréat du prix Nobel de 2018 (avec la jeune Yezidie Nadia Mourad) coche de nombreuses cases : connu dans le monde entier, « l’homme qui répare les femmes » incarne la dénonciation des violences sexuelles, il multiplie les voyages et s’exprime régulièrement à la tribune des Nations unies, le couple royal belge a défié tous les protocoles sécuritaires pour le rencontrer dans son hôpital et, en France, où de nombreuses villes l’ont choisi comme citoyen d’honneur, il jouit de soutiens au plus haut niveau.
Avec un bémol cependant : le médecin de Panzi, qui dénonce inlassablement l’infiltration de l’armée congolaise par des officiers proches du Rwanda mais se tait à propos des persécutions dont sont victimes les éleveurs banyamulenge du Sud-Kivu, est très mal vu par Kigali, où le président Kagame l’a accusé d’être « l’outil de forces que l’on ne voit pas ». Autrement dit, le président Macron, qui apprécie l’action des troupes rwandaises au Sahel et au Mozambique (où la société Total a investi dans un gisement de gaz), risque de se montrer sensible à un éventuel veto venu de Kigali, d’autant plus que le cheval de bataille du Prix Nobel est le « rapport Mapping » répertoriant les crimes de guerre commis au Congo entre 1993 et 2003.
Le Docteur Mukwege, issu de la société civile, est très populaire parmi ses compatriotes (même si, dans son fief de Bukavu, il fait face aux critiques et à la jalousie) et sa candidature éventuelle devrait aussi jouir d’un aval international et régional, à la mesure de l’importance géostratégique de son pays. Comme on n’y est pas encore, le Prix Nobel semble réserver sa réponse : tenté certes par les responsabilités et les honneurs suprêmes, mais conscient aussi du poids et des dangers de l’enjeu. Peut-être se souvient-il aussi du triste destin d’un autre Prix Nobel, la Birmane Aun Sang Suu Ki ? Lorsqu’elle incarnait l’opposition, la « dame de Rangoon » était une icône au niveau mondial. Devenue présidente et confrontée aux réalités de la guerre menée contre les Rohingas, elle fut obligée de descendre de son piédestal et de faire face aux critiques de ceux qui auparavant l’encensaient.
Colette Braeckman /Le Soir
Il n’est pas exact de dire que le Dr MUKWEGE est indifférent au sort des éleveurs banyamulenge . En effet il n’a pas refusé un plaidoyer et a reçu dans son hôpital de PANZI une délégation de cette communauté .
Je peux attester que ce fils de la RDC n’a jamais fait de discrimination entre les tribus . Il soigne toute personne quelle que soit son origine ou sa religion .
Mukwege est un exemple . Un véritable artisans de la Paix , une chance pour la RDC