SADC vs EAC/ «de la guerre froide à une guerre chaude»: Les deux blocs vont t-ils s’affronter militairement en RDC?

Après avoir négligé les pays de la SADC « base traditionnelle » des Kabilistes au profit de l’EAC, Félix Tshisekedi fait volte-face

 Deux conceptions différentes de la crise du M23 oppose la SADC au EAC. La première se veut interventionniste et coercitive contre les rebelles du M23. La deuxième se veut une force d’interposition et de coexistence pacifique favorable aux dialogues. Notons que la SADC et ses forces sont historiquement connues pour avoir sauvé la RDC face à l’invasion rwando-ougandaise en 1998.

Le rétropédalage de Tshisekedi

Peu convaincu par les résultats de la force régionale déployée par les pays membres de l’East African Community et des intentions de chaque pays, Kinshasa regarde à nouveau vers la Southern African Development Community pour tenter de reprendre le contrôle dans l’est de son territoire.

Cette réorientation vers l’Afrique australe s’explique notamment par l’ire du pouvoir congolais à l’encontre de l’EAC, dont la force est accusée de ne pas combattre réellement le M23. Kinshasa a fini par obtenir le départ du général-major kenyan Jeff Nyagah à la tête de la force régionale déployée dans l’est.

L’organisation des pays d’Afrique australe a promis lundi d’envoyer des troupes dans l’Est du Congo en proie à des violences, sans préciser de date ni leur nombre.

Le sommet de la Troïka, l’organe chargé de la défense et de la sécurité au sein de la Southern African Development Community (SADC), s’est consacré à la crise sécuritaire dans l’est de la République démocratique du Congo. Déçu par l’East African Community (EAC) et sa force régionale (EACRF) pour défaire le M23, le président congolais Félix Tshisekedi a voulu convaincre les pays d’Afrique australe de la nécessité de s’impliquer davantage en RDC comme au temps de Laurent Désiré Kabila.

Force intervention brigade (FIB) bis

Pour Kinshasa, il s’agit, dans une perspective à long terme, d’anticiper le départ prévu de la mission des Nations unies en RDC (Monusco). Pour cela, la RDC espère pouvoir compter sur les membres de la SADC déjà contributeurs en hommes et en équipements auprès de la Force intervention brigade (FIB), la force d’intervention rapide de la Monusco. Ces pays ont d’ailleurs participé au sommet de la Troïka du 8 mai. En prévision du retrait onusien, la RDC espère poser les bases d’une force inspirée de la FIB d’autrefois, lorsqu’elle était en mesure de faire face aux rebelles du M23 et à leur chef militaire, Sultani Makenga.

Félix Tshisekedi renoue avec la Namibie, le Zimbabwe et l’Afrique du Sud, bastion traditionnel des Kabilistes

Notons que les pays de la SADC historiquement anti israéliens et panafricanistes s’étaient méfiés du président congolais Félix Tshisekedi pour son alignement sans condition pour le statut de l’Etat hébreu au sein de l’Union africaine et le statut du Sahara occidental. Ce qui a poussé Félix Tshisekedi au bras de Paul Kagame et de la communauté d’Afrique de l’Est. En revanche, les pays de la SADC ont offert l’asile à leurs camarades Kabilistes. La famille Kabila a continué à faire des affaires en toute liberté en Afrique du Sud et en Namibie. Les révélations du Journal The Namibian ont étalé les liens entre le pouvoir namibien et l’ex président congolais.

Ces visites privées de Joseph Kabila en Afrique du Sud et en Namibie inquiétaient beaucoup Félix Tshisekedi. En outre, le Zimbabwe avait offert l’asile à John Numbi avec trois demandes d’extradition de la part du gouvernement congolais et trois refus de la part du Zimbabwe. Ce qui a accru une méfiance entre Félix Tshisekedi et le bloc de la SADC. Aujourd’hui le président congolais Félix Tshisekedi se sent trahi par ses pairs de la communauté de l’Afrique de l’Est avec la crise du M23.

L’opération séduction à l’égard de la SADC » digne d’un enfant prodigue »

L’enfant prodigue Tshisekedi avait perdu son chemin en ignorant la SADC et en se jetant dans les bras du Rwanda et de l’Ouganda dans le cadre de L’EAC . Selon Africa Intelligence, l’opération séduction de Kinshasa à l’égard de la SADC risque toutefois de se heurter à quelques obstacles. Les pays contributeurs à l’effort de guerre de la Monusco – en hommes et en équipements militaires – conditionnent leur appui à des garanties de financement de type onusien. A l’exigence d’un mandat s’ajoute de la prudence vis-à-vis du pouvoir congolais, qui a négligé la SADC au profit de l’EAC avant de faire volte-face.

Tour de Babel : Risque d’une guerre ouverte entre les troupes de la SADC et les troupes de L’EAC

En effet, l’ Ouganda compte en ce jour plus de 9000 soldats en RDC ce qui permet à ce pays de contrôler les routes du pétrole, de l’or et d’autres minerais. L’Ouganda ne compte pas lâcher ni la RDC ni combattre son voisin rwandais.

Si les troupes de la SADC viennent en RDC avec un mandat de combattre et de neutraliser militairement le M23 avec le départ de la Monusco, il y aura une forte possibilité d’affrontement entre les deux blocs.

Coco Kabwika

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