La quête d’un vaccin contre le coronavirus se poursuit. Et la chance pourrait jouer dans celle-ci : des antibiotiques, au viagra en passant par la chimiothérapie, de nombreux traitements découverts fortuitement ont révolutionné la manière de pratiquer la médecine.
L’ANTIBIOTIQUE
Le premier antibiotique (la pénicilline) a été découvert en 1928 par le chercheur britannique Alexander Fleming chez le champignon Penicillium. A son retour de vacances d’été, il constate qu’il avait oublié de fermer non seulement sa fenêtre, mais aussi l’une des boîtes où il faisait pousser des staphylocoques (bactéries). Il remarque alors que des colonies cotonneuses d’un blanc verdâtre se sont formées à l’intérieur.
Au lieu de la jeter, il examine le contenu et s’aperçoit qu’au contact de la moisissure, ses staphylocoques avaient été détruits. Il en déduit alors qu’une substance sécrétée par le champignon penicillium, dont les spores s’étaient échappées du labo de son voisin, en est responsable. Il décide de nommer cette substance «pénicilline». L’antibiothérapie était née.
LE VIAGRA
La naissance du sildénafil, la substance active du Viagra, a également été le fruit du hasard. A l’origine, cette molécule était testée par le laboratoire Pfizer, au milieu des années 1990, pour soigner l’angine de poitrine. Sur le plan cardiovasculaire, son efficacité était assez décevante. En revanche, un effet secondaire pour le moins inattendu a attiré l’attention des chercheurs.
Ils se sont rendu compte que chez certains patients, la prise du médicament s’accompagnait d’érections. Le laboratoire a donc décidé d’utiliser cette molécule pour soigner l’impuissance. Le 27 mars 1998, l’agence américaine du médicament donne son feu vert pour la commercialisation de la célèbre petite pilule bleue.
LE MINOXIDIL
Aujourd’hui utilisé pour favoriser la repousse des cheveux ou la prévention de leur chute, le minoxidil était à la base un vasodilatateur prescrit pour traiter l’hypertension artérielle. Après avoir ingéré par voie orale ce médicament, plusieurs patients ont rapidement constaté que leur pilosité se développait, mais surtout qu’ils arrêtaient de perdre leurs cheveux. Les chercheurs ont alors décidé de développer le minoxidil non plus en comprimé mais en lotion, dans le but d’être directement appliqué sur le cuir chevelu pour lutter contre l’alopécie.
LES BENZODIAZÉPINES
La sérendipité a également joué un rôle dans la classe des médicaments psychiatriques. Les benzodiazépines (BZD), molécules utilisées comme somnifères, calmants ou anxiolytiques, sont nées d’une «anomalie» dans la synthèse chimique. Dans les années 1950, le pharmacologue américain Leo Sternbach du laboratoire Hoffmann-La Roche, en Suisse, était chargé de mettre au point un tranquillisant afin de concurrencer la chlorpromazine, le premier médicament antipsychotique découvert par le groupe Rhône-Poulenc.
Ses essais ne donnant aucun résultat, il décide d’abandonner ses recherches. Mais des mois plus tard, il s’aperçoit qu’une molécule oubliée sur un coin de paillasse se révèle très active : le chlordiazepoxide. Cette molécule, qui n’était pas ce que le pharmacologue cherchait à obtenir, provenait d’un réarrangement moléculaire inattendu qui s’est opéré au cours des synthèses. Dès 1960, le premier membre de la famille des benzodiazépines, baptisé Librium, est commercialisé.
LA CHIMIOTHÉRAPIE
La chimiothérapie a été découverte à la suite du bombardement, en 1943, d’un bateau américain dans le port de Bari en Italie, qui transportait des fûts de gaz moutarde (ypérite). Après l’explosion, le docteur S.F.Alexander, spécialiste de la guerre chimique, a été envoyé sur place pour prendre en charge les dockers intoxiqués.
Mais la majorité d’entre eux sont morts après une baisse importante de leurs globules blancs. Le médecin décide alors d’analyser des échantillons de peau des victimes et découvre que le gaz s’attaque directement aux cellules. Il suggère ainsi d’employer ce produit dans le traitement des leucémies, qui sont des cancers des globules blancs.
LE BACLOFÈNE
C’est en 2004 que le Baclofène, initialement destiné à soigner des troubles musculaires, a été pensé comme pouvant être bénéfique aux alcoolo-dépendants. Après avoir étudié les principes actifs de ce médicament et appris dans un article du New York Times que cette molécule a été prescrite à des cocaïnomanes, le cardiologue français Olivier Ameisen, lui-même alcoolique, a décidé de s’auto-administrer des doses de Baclofène. Après quoi il a réussi à guérir de sa dépendance, comme il le raconte dans son ouvrage «Le dernier verre» (éd. Denoël), paru en 2008.
L’ANESTHÉSIE
C’est en assistant à un spectacle de cirque, en 1844, que le dentiste Horace Wells, alors âgé de 29 ans, a découvert les propriétés anesthésiantes du protoxyde d’azote, communément appelé gaz hilarant. Ce soir-là, le professeur Gardner Quincy Colton proposait au public d’essayer les effets hilarants du protoxyde d’azote. Mais après avoir inhalé son fameux gaz, l’un des volontaires fait une chute en redescendant de l’estrade et se blesse gravement à la jambe. Malgré sa blessure et le sang qui coule, il affirme n’avoir pas mal du tout. Horace Wells comprend aussitôt que le protoxyde d’azote est à l’origine de cette absence totale de douleur. Dès le lendemain de l’incident, il inhale du protoxyde d’azote et demande à l’un de ses confrères de lui arracher une molaire, et confirme son hypothèse.
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