Coup de froid à Addis Abeba
Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) sur la situation à l’est de la RDC avec le M23 et la crise diplomatique avec le Rwanda s’est tenu le 17 février, à huis clos, dans un climat très tendu.
Au moment où les discussions sur la situation à l’Est de la RDC se poursuivaient depuis près de 4 heures de huis clos ce 17 février 2023 dans la salle Julius Nyerere de l’ancien bâtiment de l’Union Africaine, siège du Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA(CPS) , le président Paul Kagame, le visage fermé, a quitté la salle., Selon plusieurs sources, le président du Rwanda n’a pas supporté les charges contre son pays contenues dans les rapports des chefs d’état-major des armées de l’East.
Lors de ce dernier sommet de l’Union africaine, le président congolais Félix Tshisekedi a tenté de convaincre ses pairs de condamner sans réserve le Rwanda pour son « soutien » au M23 en RDC.
Après un premier discours consensuel du chef de l’Etat sud-africain Cyril Ramaphosa, qui a ouvert les échanges en sa qualité de président du CPS pour le mois de février, le ton a radicalement changé lorsque le président congolais Félix Tshisekedi a ensuite pris la parole. Celui-ci a vivement critiqué l’inaction de l’UA et des Nations unies face à « l’agression » rwandaise note le site d’information Africa Intelligence.
« Le Congo n’a d’autre ami que lui-même même dans l’UA » : L’absence de solidarité de pays africains
Devant ses pairs, Félix Tshisekedi a regretté l’absence de solidarité de ses pairs sur le continent, soulignant que seuls les Etats-Unis et plusieurs pays européens avaient condamné publiquement l’action de Kigali. Son discours a suscité un certain malaise dans l’assistance, certains étant manifestement gênés par la virulence de ses propos.
Alors que le président rwandais Paul Kagame venait de prendre la parole pour répondre, ce dernier a été rapidement interrompu par son homologue angolais João Lourenço. Celui-ci a souhaité restituer le résultat d’une réunion de cinq heures des pays de l’East African Community (EAC), intervenue plus tôt dans la journée. Cette rencontre a notamment permis de lancer un appel à un cessez-le-feu immédiat des belligérants, conjugué au déploiement et à l’opérationnalisation de la force régionale de l’EAC.
Kagame – Tshisekedi : « Discours contre Discours » et » pièces contre pièces «
Pointé par deux rapports accablants sur les massacres du M23, Paul Kagamé boude puis revient dans la salle.
Il a demandé que la RDC fasse le ménage dans ses rangs, pointant les opérations conjointes documentées des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) avec des éléments des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR, constituées pour partie d’anciens génocidaires hutus).
Le président rwandais a également sommé son homologue congolais de cesser les accusations d’ingérence de son pays et de soutien de la Rwanda Defence Force (RDF) au M23, pourtant documentées par le groupe des experts des Nations unies. S’inquiétant de la multiplication des discours de haine à l’égard des Tutsis en RDC comme le note Genocide Watch , Kagame a appelé l’UA a résoudre la question des réfugiés congolais dans son pays.
Le président burundais Evariste Ndayishimiye, à la tête depuis juillet 2022 de l’EAC, a ensuite appelé à soutenir les processus de paix de Nairobi et de Luanda. Son homologue kényan William Ruto a pris la parole dans le même sens (l’ancien président du pays, Uhuru Kenyatta, très actif dans la médiation, n’était pas présent dans la salle). Directement visé par Tshisekedi, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres est de son côté resté général dans son propos et n’a pas évoqué de moyens supplémentaires pour les opérations de la paix.
Quand donc les Congolais comprendront-ils que leur pays est trop vaste, trop riche, pour avoir des amis sincères ? S’interroge Colette Braeckman. Le Congo n’a d’autre ami que lui-même, avait déjà noté le journal belge Le Soir.
Congovirtuel avec Financial Africa et Africa Intelligence