Les dirigeants de China Three Gorges Corp (CTG), qui avaient signé un contrat avec Joseph Kabila pour la construction d’Inga III bientôt a Kinshasa? (AI)

barrage Inga3

Le géant minier australien Fortescue, qui s’est lancé dans une offensive tous azimuts pour la production d’énergies renouvelables sur le continent, tente de mettre en place un vaste projet dédié à l’hydrogène à Djibouti.

Quelques jours avant de se rendre le 13 juin à Goma, en RDC, où il a obtenu du président congolais Félix Tshisekedi l’exclusivité du développement du Grand Inga (regroupant les méga-barrages d’Inga III à Inga VIII), le milliardaire australien Andrew Forrest a fait halte à Djibouti pour tenter d’avancer ses pions dans le domaine des énergies renouvelables. Le président du géant minier Fortescue Metals Group (FMG), qui entend accélérer la mue écologique de sa société, ambitionne de développer dans le pays une série de projets dans le solaire, l’éolien et la géothermie pour une puissance totale comprise entre 5 et 10 gigawatts. 

La visite avait été organisée en amont par les équipes de Fortescue, qui s’étaient rendues à deux reprises à Djibouti avec des ingénieurs et des commerciaux. Si l’entreprise australienne est encore en phase de prospection dans le pays, son patron a profité de son séjour pour rencontrer plusieurs responsables de la présidence d’Ismaïl Omar Guelleh (IOG). C’est le cas notamment du ministre de l’énergie Yonis Ali Guedi, du président de l’Autorité des ports et des zones franches de Djibouti (APZFD) Aboubaker Omar Hadi et de l’équipe de direction de l’Office djiboutien de développement de l’énergie géothermique (ODDEG).

L’électricité générée à Djibouti devrait pour l’essentiel être destinée à la production d’hydrogène, qui serait ensuite exporté vers les marchés européen et asiatique. D’après les informations d’Africa Intelligence, Fortescue songe à faire coup double à Djibouti. Outre l’hydrogène produit localement, le groupe songe à exporter, à partir de Djibouti, celui issu des barrages du Grand Inga en RDC.

Six futurs ouvrages sur le fleuve Congo

En gestation depuis plusieurs mois, le projet congolais de l’entreprise minière a pris forme à l’occasion de la visite d’Andrew Forrest à Goma, où le président Tshisekedi lui a donné un blanc-seing pour développer les six futurs méga-barrages sur le fleuve Congo. Cette décision surprise, qui consacre l’option avancée depuis plusieurs mois par le conseiller spécial du chef de l’Etat chargé des infrastructures, Alexy Kayembe de Bampende, a étonné les principaux acteurs de ce dossier. Ces derniers mettent en exergue le manque d’expérience de Fortescue dans la construction de barrages hydroélectriques et la difficulté de mettre sur pied un projet d’une telle envergure.

Les dirigeants de China Three Gorges Corp (CTG), qui avaient signé un contrat sous la présidence de Joseph Kabila pour la construction d’Inga III, ont également été pris de court par l’annonce de Félix Tshisekedi. Selon nos informations, une délégation de l’entreprise publique chinoise avait prévu de se rendre à Kinshasa d’ici à la fin du mois de juin afin de rester dans la course pour la concrétisation du projet. Il est désormais probable qu’ils renoncent à cette visite.

Si Fortescue est dans les bonnes grâces du président congolais, il reste toutefois au groupe australien à sécuriser son projet en signant un contrat en bonne et due forme avec la RDC. Les deux parties ont convenu de finaliser leurs négociations avant la date butoir du 15 septembre, mais celle-ci pourrait, selon nos informations, être repoussée de quelques semaines. Comme l’avait révélé Africa Intelligence dans son édition du 31/05/21, l’Etat congolais est conseillé sur ce dossier par l’avocat Pascal Agboyibor, patron du cabinet Asafo & Co.

 Africa Intelligence

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