M23 /cantonnement des soldats: Des nouveaux « foyers » et « petits villages » tutsis comme Minembwe vont sortir de carte de la RDC

L’offensive menée par le M23 a permis au Rwanda de vider ses camps de réfugiés.

« Nous ne pouvons pas continuer à accueillir des réfugiés«  de la RD Congo, avait déclaré  le président Paul Kagame à la chambre haute du parlement dans la capitale Kigali. « Ce n’est pas le problème du Rwanda. Et nous allons faire en sorte que tout le monde se rende compte que ce n’est pas le problème du Rwanda ».

Par conséquent, des Tutsis congolais jusque-là réfugiés en Ouganda et au Rwanda ont afflué par centaines pour s’établir notamment dans le Rutshuru et le Masisi, sous contrôle du M23 et se sont même enrôlés dans la rébellion dirigée par Nziramakenga Ruzandiza Emmanuel Sultan (son nom complet) a révélé Africa Intelligence.

Boom des chiffres des soldats du M23 ?

Huit ans après avoir passé un accord de paix avec le gouvernement à Nairobi et avoir mis en sommeil son mouvement, le général a fait renaître le M23 depuis le maquis congolais de Sarambwe. Fin 2021, son armée, alors faible, ne comptait que 400 éléments, selon le Groupe d’experts des Nations unies. Même si aucune estimation fiable n’est disponible, les rapports de Kinshasa et de l’ONU sont formels : les soldats du M23 sont aujourd’hui bien plus nombreux. La rébellion a enrôlé de nouvelles recrues, sans compter l’aide des militaires de l’armée rwandaise. Des Tutsis congolais jusque-là réfugiés en Ouganda et au Rwanda ont afflué par centaines pour s’établir notamment dans le Rutshuru et le Masisi, sous contrôle du M23.

Selon Africa Intelligence, des combattants supplémentaires en provenance du Rwanda continuent d’être projetés dans les provinces orientales congolaises. Les chiffres sont à prendre avec précaution, mais selon les estimations, entre 2 500 et 3 000 hommes opèrent dans les rangs du mouvement rebelle sur le sol congolais.

Des campagnes de recrutement sont menées avec une plus grande intensité depuis le début de l’année dans les camps de réfugiés au Rwanda et dans le centre d’enrôlement du M23, établi à Chanzu, dans le territoire du Rutshuru frontalier de la RDC.

« Mes hommes viennent de Rutshuru ou d’autres territoires à proximité, comme Kalele, Masisi ou le Sud-Kivu. Ils combattent ici chez eux, dans leur milieu », a- expliqué Sultani Makenga  à un journaliste d’Igihe.

En outre, le « bishop », Jean-Marie Runiga, chef de l’aile dite rwandaise du mouvement a lancé 700 de ces hommes, dûment enregistrés au Rwanda comme réfugiés en 2013 pour combattre à côté du M23.

Cantonment ou création des plusieurs enclaves tutsis 

Si le cantonnement de Kitona pour les ex militaires de Mobutu s’est vite transformer en camps de la mort menaçant la sécurité de Laurent Désiré Kabila, un possible cantonnement des soldats du M23 pourrait soit créer des petites enclaves tutsies comme Minembwe, ou soit créer des camps des réfugiés comme ceux des palestiniens au Liban ou en Jordanie.

La faim et le manque du travail peuvent conduire ses anciens soldats à faire du razzia dans les villages voisins.

La Coalition des structures de la société civile du Maniema dit non au déploiement et cantonnement des rebelles du M23 dans cette province. Elle s’est exprimée à travers communiqué rendu public lundi 27 mars à Kindu.

« Pendant que le Maniema constitue jusqu’à ce jour le berceau pacifique de l’Est de la RDC, procéder au déploiement et cantonnement de ces récidivistes de la guerre du M23 à Kindu serait une façon anticipée de matérialiser la vision de ces terroristes, qui est sans doute l’occupation effective du grand Kivu», a estimé Michel Kasonda Yuma de la Nouvelle dynamique de la société civile, lisant ce communiqué.

Prolifération des milices d’autodéfense tutsies dans des different camps de cantonnement

Comme c’est le cas avec des Twirwaneho, un groupe armé banyamulenge présent sur les hauts plateaux du Sud-Kivu, dont une frange conduite par un colonel déserteur des FARDC, Michel Rukunda, dit Makanika défend la communauté tutsie banyamulenge de Minembwe contre les Mai Mai.

Il y a un risque que les camps de cantonnement des M23 se transforment en foyers – bastion tutsis avec des milices d’autodéfense et d’autoprotection comme a Minembwe.

Une analyse de Coco Kabwika

Related posts