Selon Afrique Intelligence , l’Agence nationale de renseignements (ANR) de RDC a relâché fin avril les trois hommes d’affaires détenus au secret depuis près de quatre mois dans ses geôles.
Mahmoud Bahja
Disposant d’un passeport libanais, cet homme a été appréhendé début janvier dans l’est de la RDC par les services de l’ANR.
Si son appréhension avait été confirmée auprès d’Africa Intelligence par la représentation diplomatique du Liban à Kinshasa, les motivations de l’ANR demeurent floues. Lors de son interpellation, l’intéressé aurait déclaré auprès des autorités qu’il séjournait en RDC pour y prospecter en vue de projets liés à l’élevage et à l’agriculture. L’ANR, qui doute fortement de cette version, aurait, selon une source au sein de l’appareil sécuritaire congolais, reçu des indices sur l’implication potentielle de cet homme d’affaires dans un projet menaçant la sécurité nationale. L’arrestation a eu lieu dans un contexte particulièrement chargé : un mois plus tard, l’ANR procédait à l’interpellation du conseiller sécurité de Félix Tshisekedi, François Beya, pour des soupçons « d’agissements contre la sécurité nationale ». A l’heure actuelle, aucun élément ne permet de faire le lien entre les deux dossiers.Les soupçons de l’ANR à l’encontre de Mahmoud Behjat ont été renforcés par son CV.
Les liens de Mahmoud Bahja avec Imad Abdul Reda Bakri
Selon plusieurs sources, Mahmoud Bahja
aurait un temps été un proche d’Imad Abdul Reda Bakri. Cet homme d’affaires libanais, qui possédait la société Metro Trading Company, spécialisée dans l’import-export de denrées alimentaires, est également connu pour avoir fait commerce des diamants angolais et congolais à Anvers (Belgique) dans les années 1990.
Dans des documents soumis par plusieurs panels d’experts au Conseil de sécurité des Nations unies en 2001, Imad Bakri était également présenté comme un courtier en armement ayant officié entre 1995 et 1999 au profit de la rébellion angolaise de l’Unita de feu Jonas Savimbi. Il aurait été en contact avec un autre fournisseur de la rébellion angolaise, Viktor Bout. Le nom de la famille Bakri apparaît aussi dans un rapport de juillet 2000 du Service général du renseignement et de la sécurité (SGRS, le renseignement militaire belge). Intitulé « Le trafic de diamants au départ de l’Angola : le rôle de la Belgique« , ce document affirme que « la famille Bakri est en contact avec les organisations chiites, plus précisément le Hezbollah ».
Khalil El Bayoud
Il s’agit d’un Palestinien nommé Khalil El Bayoud, qui voyage avec un titre d’identité octroyé par le Liban à destination des réfugiés palestiniens établis sur son sol.
Youssef Hachem
Né en 1992 à Saïda, au Liban, il possède deux passeports : l’un libanais, l’autre gabonais – délivré en août 2020 – dans lequel il se fait appeler Youssef Hachem Ratanga. Domicilié à Port-Gentil, il possède dans le pays une société nommée Avenue SUARL, qu’il a enregistrée au registre du commerce en 2015. Son profil pourrait s’avérer sensible pour Kinshasa, l’intéressé étant lié selon nos informations à l’entourage du président du conseil des ministres du Liban Najib Mikati.
Les trois hommes auraient déclaré aux services de sécurité congolais qu’ils entendaient lancer un projet de construction d’une usine agroalimentaire dans la capitale congolaise. Avant leur arrestation, ils séjournaient à Kikwit, une ville située à environ 500 kilomètres de la capitale Kinshasa, où ils prétendaient être allés pour se fournir en bovins pour leur projet.
Les services de sécurité congolais, qui ont averti le président Félix Tshisekedi du dossier ont été alertés par un pan du passé de Mahmoud Bahja. Celui-ci est réapparu 20 ans plus tard en RDC, après avoir été, à la fin des années 1990 et au début des années 2000, l’un des employés de Imad Abdul Reda Bakri.
Africa Intelligence