Le 9 février 2021, Petra Diamonds a publié une «mise à jour» concernant les allégations de violations des droits humains par le personnel de sécurité de sa mine Williamson en Tanzanie. La mise à jour fait suite à une lettre de RAID à la société détaillant de nouveaux rapports crédibles qu’elle avait reçus d’agressions, y compris de fusillades, par le personnel de sécurité de la mine entre novembre 2020 et janvier 2021.
Les reportages de Petra Diamonds sur les récentes agressions sont à la fois nécessaires et bienvenus. L’exposé de la société confirme cependant que la force continue d’être utilisée contre les mineurs artisanaux avec une fréquence alarmante et que les mesures qu’elle a prises à ce jour n’ont pas encore permis de résoudre les graves problèmes de droits de l’homme.
Selon la mise à jour de Petra Diamond, il y a eu 19 incidents où son personnel de sécurité a eu recours à la force ces derniers mois. En particulier, il détaille l’enquête de la mine sur quatre rapports d’agression, dont trois fusillades et l’agression d’un mineur artisanal avec une pierre lourde. L’entreprise affirme n’avoir trouvé aucune preuve d’un recours injustifié à la force par le personnel de sécurité ou de blessures de la nature décrite.
Les rapports reçus par RAID fournissent une version différente des événements. RAID demande à Petra de mener des enquêtes transparentes et indépendantes, sans lien de dépendance avec l’entreprise, sur chacun de ces incidents afin de déterminer si la force était proportionnée et justifiée.
À ce jour, le RAID a trouvé des preuves de 10 morts et 50 agressions par les forces de sécurité à la mine Williamson depuis que Petra a pris possession en 2009. Avec des statistiques aussi austères, il est extrêmement difficile d’avoir confiance dans l’affirmation de Petra selon laquelle elle produit des diamants «éthiques». .
Rapports de nouvelles fusillades et agressions à la mine Williamson
Dans les rapports reçus par le RAID, quatre personnes ont décrit des fusillades et des agressions récentes au cours desquelles elles ont été gravement blessées. Lors d’un incident en décembre 2020, Joseph (ce n’est pas son vrai nom) a déclaré à RAID: «Une fois que j’ai vu les gardes, je suis parti en courant. Je portais un tamis, rien d’autre. Joseph a déclaré qu’il avait été poursuivi et avait rencontré un autre garde de l’entrepreneur de sécurité privé de la mine, Zenith Security, qui lui avait tiré une balle au visage à bout portant et sans avertissement. Le coup de feu a brisé la mâchoire de Joseph, lui a cassé un certain nombre de dents et l’a laissé inconscient. Lorsqu’il a pris conscience, il a dit qu’un garde se tenait au-dessus de lui.
Un autre individu a déclaré qu’il avait reçu une balle dans le bras, et un troisième a décrit avoir été frappé par derrière avec une lourde pierre par un garde du Zénith, se disloquant l’épaule. Le quatrième a déclaré qu’il avait été touché par une cartouche de gaz lacrymogène. Tous les quatre ont déclaré qu’ils s’enfuyaient et ne semblaient constituer aucune menace pour le personnel de sécurité au moment des incidents.
Des gardes de Zenith Security auraient été impliqués dans les quatre incidents et identifiés comme en ayant commis deux. Dans les deux autres incidents, il n’a pas été confirmé si ce sont les gardes de sécurité de Zenith ou la police tanzanienne, tous deux présents, qui ont tiré l’arme correspondante.
Ces récits concordent avec des dizaines d’autres reçus par RAID, dont certains sont détaillés dans Le coût mortel des diamants « éthiques », publié en novembre 2020. Le rapport de RAID décrit des populations locales abattues avec peu ou pas d’avertissement, poignardées, détenues, dépouillées, battus, incarcérés pendant des jours dans une cellule de détention crasseuse et exiguë près de l’entrée de la mine, privés de nourriture et de soins médicaux et / ou menottés aux lits d’hôpital de l’établissement médical de la mine. RAID a constaté que les gardes de Zenith Security, opérant sous la supervision des employés de Williamson Mine, étaient directement impliqués dans de nombreux abus.
Une différence notable dans les derniers comptes rendus reçus par RAID est que les individus n’ont pas décrit avoir été emmenés dans la cellule de détention ou à l’hôpital de la concession de la mine. Ils ont dit qu’après avoir été blessés, ils avaient dû se frayer un chemin hors de la concession pour demander une assistance médicale. Cela peut refléter un changement de tactique par le personnel de sécurité suite au rapport précédent de RAID. Il convient de noter que les normes internationales telles que celles des Nations Unies stipulent qu’une aide médicale doit toujours être fournie aux personnes blessées lors des opérations de sécurité. Cette différence pourrait expliquer pourquoi, selon Petra Diamonds, aucune personne souffrant de blessures de la nature décrite n’a été admise à l’hôpital de Mwadui. Les blessés ont déclaré avoir cherché un traitement ailleurs.
Dans sa dernière mise à jour, le récit de Petra Diamonds sur les incidents diffère sensiblement des comptes reçus par RAID. L’entreprise affirme que l’enquête sur les incidents «n’indique pas une violation des [Principes volontaires sur la sécurité et les droits de l’homme]». En ce qui concerne trois incidents, il n’a trouvé aucune preuve de blessures de la nature décrite survenues à des «creuseurs illégaux». Dans le quatrième, alors qu’un agent de sécurité a rapporté avoir vu un excavateur frappé avec une cartouche puis s’enfuir, la société affirme qu’aucune blessure n’a été enregistrée. Petra Diamonds déclare également que son sous-traitant de sécurité est «uniquement autorisé à utiliser des cartouches de matraque (cartouches de balles en caoutchouc)», sans toutefois préciser si une utilisation non autorisée de munitions a eu lieu dans le passé ou peut encore se produire. Les experts médicaux internationaux ont constaté que les balles de matraque ont causé une morbidité et une mortalité importantes au cours des 27 dernières années et appellent à un contrôle accru de ces armes.
La mise à jour de Petra Diamonds soulève plusieurs problèmes.
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Déclaration de RAID
