En dépit des marches des forces politiques et sociales depuis deux semaines à travers le pays, avec morts d’hommes, et de leurs réactions négatives à la désignation cavalière de Ronsard Ernest Malonda Ngimbi à la présidence de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante), Jeanine Mabunda, présidente de l’Assemblée Nationale, a poursuivi son forcing jusqu’au cabinet du Chef de l’Etat. En effet, pendant que la rue « aboyait », la caravane de celle qu’on a coutume d’appeler « Générale » au Palais du Peuple, frappait à la porte de Félix Tshisekedi, avec la ferme intention de mettre ce dernier ainsi que la Nation tout entière, devant le fait accompli.
Selon des sources proches de la très haute hiérarchie de la République, Jeanine Mabunda a adressé un courrier au Président de la République, en date du 10 juillet 2020, c’est-à-dire au lendemain de houleuses marches de l’UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès Social), sollicitant l’ordonnance d’investiture de Ronsard Malonda comme successeur de Corneille Nangaa à la tête de la Centrale électorale nationale. Dans sa lettre numéro DC/AN/MIB/MNT/ 07606/2020, elle a tenté de faire croire au Chef de l’Etat que le dossier remplissait toutes les conditions et qu’il y avait lieu de valider sa candidature à la présidence de la CENI.
Compte tenu de la forte agitation provoquée par la désignation controversée de Ronsard Malonda, Félix Antoine Tshisekedi, après un examen minutieux du dossier, renvoyé Jeanine Mabunda à ses études. On peut lire, dans la réponse présidentielle, datée du 13 juillet 2020, notamment ceci : « l’information selon laquelle Ronsard Ernest Malonda Ngimbi a été désigné à l’issue d’un processus interne aux confessions religieuses est fortement contestée, en fait comme en droit, par certains membres de la composante, à savoir l’Eglise catholique, l’Eglise du Christ au Congo et l’Eglise Kimbanguiste, comme les attestent leurs lettres numéro PCR/ECC-Cenco/ABL-FAB/03/07/2020/BC-5 et numéro 069/EK/NK-J/D.EV/BSI/CD/DG/KMM/020 dont Jeanine Mabunda est ampliataire ».
Et le Chef d’assener le coup de massue à l’expéditrice, en soulignant que « à la réunion du 08 au 09 juin 2020, il n’a pas été procédé à la désignation d’un délégué des Confessions religieuses comme membre de la Ceni. Elles soulignent que le procès-verbal vous remis le 09 juin 2020 ne serait pas l’émanation du Président et du vice-président de cette composante, lesquels sont les seuls, en vertu de l’article 17 de leur Charte constitutive, à engager la composante Confessions religieuses ».
On apprend qu’au moment où les observations du Chef de l’Etat tombaient sur la table de Jeanine Mabunda, l’Eglise Orthodoxe, la quatrième confession religieuse en désaccord avec sa démarche, dénonçait bruyamment la messe noire de l’Assemblée Nationale, condamnant dans la foulée l’entérinement cavalier, par les députés nationaux, de Ronsard Ernest Malonda Ngimbi à la présidence de la CENI. Et comme preuve supplémentaire de son mécontentement, elle signalait la disqualification de son délégué près la composante Confessions religieuse et son remplacement par un cadre plus intègre.
Enfin, le Chef de l’Etat attend de la présidente de la chambre basse du Parlement qu’elle lui communique, dans le meilleur délai, tous les procès-verbaux de désignation et d’entérinement évoqués dans sa lettre de transmission du dossier, ainsi que toutes les pièces y afférentes. Ce qu’il y a lieu de retenir, en définitive, est que Ronsard Malonda et Jeanine Mabunda sont recalés au niveau du cabinet du Président de la République. Ce revers, croit-on savoir, est de nature à changer la donne aussi bien dans le processus de désignation de futurs animateurs de la Ceni que la réforme de la loi organique portant sur sa création, son organisation et son fonctionnement.
Kimp/Lephare