Le groupe armé M23 soutenu par le Rwanda a procédé à des exécutions sommaires et au recrutement forcé de civils dans l’est de la République démocratique du Congo, indique le rapport de l’ONG Human Rights Watch (HRW), publié ce lundi 6 février. Le rapport intitulé « RD Congo : les atrocités de la rébellion du M23, soutenue par le Rwanda », relève le fait selon lequel les parties belligérantes font de plus en plus appel aux loyautés ethniques, exposant les civils des zones reculées de la province du Nord-Kivu à un risque accru.
« Les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda dans le Nord-Kivu laissent dans leur sillage une série croissante de crimes de guerre contre les civils. Le Rwanda devrait mettre fin à son soutien militaire au M23, tandis que les troupes gouvernementales congolaises devraient donner la priorité à la protection des civils et cesser de recourir à des milices responsables d’abus comme forces supplétives », a déclaré Thomas Fessy, chercheur principal sur la RD Congo à Human Rights Watch.
Une femme de 38 ans a raconté qu’elle était chez elle, à Kishishe, avec son mari et leurs trois enfants lorsqu’un groupe de combattants du M23 a défoncé la porte à coups de pied.
« Ils ont pris mon mari et notre fils de force et les ont emmenés dehors ; ils m’ont dit : “Toi, maman, enferme-toi dans la maison, si tu sors on te tue !” », a-t-elle expliqué. « Alors j’ai fermé la porte derrière eux. Ils sont allés avec eux à quelques mètres et ils ont tirés sur eux, j’étais en train de regarder dans un trou [de la porte] », ajoute-t-elle.
Son mari a été grièvement blessé mais a survécu. Leur fils de 25 ans est décédé.
Les enquêtes récentes du Groupe d’experts des Nations Unies sur la RD Congo, ainsi que les recherches menées par Human Rights Watch, fournissent des preuves significatives – photographiques et autres – que non seulement le Rwanda apporte un soutien logistique au M23, mais que les troupes rwandaises renforcent également le groupe armé ou se battent à ses côtés sur le territoire congolais.
La reprise des hostilités entre le M23, l’armée congolaise et plusieurs autres groupes armés a contraint plus de 520 000 personnes à fuir leurs foyers, selon les Nations Unies. Cela a exacerbé une situation sécuritaire et humanitaire déjà catastrophique dans le Nord-Kivu et dans l’est de la RD Congo, plus largement.
L’organisation humanitaire Médecins Sans Frontières a mis en garde contre une catastrophe sanitaire potentielle, alors que le choléra se propage rapidement dans les camps de personnes déplacées en périphérie de Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu.
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