Le chef de l’Etat congolais reste le seul président de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) qui n’a toujours pas félicité le nouveau président élu du Kenya. Il y a bien des raisons à cette attitude…
Après l’élection controversée de William Ruto au Kenya, ce dernier a été félicité par ses homologues de l’EAC. D’abord le 15 août, c’est le nouveau président de l’EAC, Evariste Ndayishimiye du Burundi qui adressé ses félicitations au nouveau président kényan. « Mes sincères félicitations au président élu William Ruto et le peuple de la République du Kenya pour la tenue d’élections libres, équitables et pacifiques. Nous exhortons toutes les parties à préserver la paix et à régler les différends par les mécanismes juridiques compétents existants. Idumu jumuiya yetu ! », a tweeté le président burundais. Il en est de même du président rwandais Paul Kagame, de l’Ougandais Yoweri Museveni et de la Tanzanienne, Samia Suluhu.
Mais les félicitations de Tshisekedi se font toujours attendre. Et pour cause ? Le chef de l’Etat congolais a été bien proche du candidat malheureux, Raila Odinga qui a contesté l’élection de Ruto. Tshisekedi a rallié Odinga derrière son grand allié, le président sortant Uhuru Kenyatta. Autre problème, c’est que le nouveau président du Kenya, William Ruto, n’a pas une bonne presse en République démocratique du Congo depuis ses propos jugés « dégradants » tenus à l’encontre des Congolais. En effet, le 14 février dernier, dans le centre du Kenya, celui qui était alors vice-président du Kenya, William Ruto, tentait de galvaniser les opérateurs économiques de Nyeri et de les pousser à investir le marché congolais du lait.
Mais l’homme s’en était pris malencontreusement. « Ces gens [des Congolais] sont environ 90 millions d’habitants, mais ils n’ont pas de vaches pour produire leur propre lait », avait-il lâché en swahili. Cela, avant de décrire les Congolais comme des personnes « qui ne savent que chanter et porter des pantalons enfilés au-dessus du nombril » et « continuent d’importer le lait d’Australie, de Nouvelle-Zélande et je ne sais d’où encore ».
Des propos qualifiés « d’insultes » et « d’irrespectueux » qui ont fait bondir la sénatrice congolaise, Francine Muyumba. « Le Kenya, en tant que pays, doit s’opposer officiellement à cette déclaration afin de protéger l’amitié dont nous jouissons entre nos pays. En attendant que notre gouvernement agisse, nous sommes prêts à prendre des mesures parlementaires », avait-elle déclaré. Comme quoi l’élection de William Ruto semble non seulement embarrasser Félix Tshisekedi mais aussi une bonne partie de l’opinion congolaise.
L’avenir de la force Est africaine
Si le président Félix Tshisekedi pourrait se cacher derrière une confirmation de la cour suprême de justice kenyane pour féliciter le Président Ruto, c’est bien la déception et une probable revue diplomatique dans la région qui est envisageable vu que le nouveau président est proche de Paul Kagame qui n’a pas hésité à le féliciter 24 heures après la proclamation chaotique des résultats des élections générales au Kenya.
Fer de lance de la force régionale de l’Afrique de L’Est censée traquer les forces négatives à L’Est de la RDC, Félix Tshisekedi doit pouvoir s’inquiéter de l’avenir de cette force sans son allié Uhuru Kenyatta, encore moins de Raila Odinga.
Toutefois, les bonnes relations économiques qu’entretienne entre les deux pays laisserait dubitative Ruto à faire échec à la politique diplomatique de son prédécesseur.
Pour rappel, le président de la Commission électorale kényane, Wafula Chebukati, a déclaré William Ruto vainqueur de la présidentielle avec 50,49% des voix, le 15 août dernier à Nairobi, malgré le rejet des résultats par quatre des sept membres de l’organe qu’il dirige, dont sa vice-présidente. Des tensions violentes avaient éclaté dans le pays immédiatement après ces résultats. Mais le calme est revenu au pays.
Coco Kabwika et Digital Congo
