On ne cessera jamais de parler des détournements de fonds publics. Mais à y regarder de près, le travail de contrôle de la gestion financière des organismes publics effectué par l’Inspection générale des finances (IGF) et souvent suivi par des interpellations « spectaculaires » des mandataires, serait complet si au niveau de la justice, les détourneurs des fonds publics les restituaient à la caisse de l’État. C’est là le véritable défi à relever. La ministre d’État en charge du Portefeuille, Princesse Adèle Kayinda, est de cet avis. Le communiqué signé par son directeur de cabinet à la suite de l’arrestation, jeudi 10 février 2022, du président du Conseil d’administration et du Directeur général de la Société Commerciale des Transports et Ports (l’ex-Onatra), clarifie les choses. Le ministère du Portefeuille déclare n’être lié ni de près ni de loin aux détournements observés dans le chef des mandataires publics incriminés. Par conséquent, tout mandataire qui fait preuve de mégestion et que le détournement est avéré et certifié par l’IGF, doit être déféré devant les instances judiciaires compétentes et être suspendus de ses fonctions. Il devra non seulement purger sa peine, mais aussi restituer les fonds détournés. Dans tous les cas, les correspondances officielles étant gérées dans un circuit normal de l’administration et non pas sur les réseaux sociaux, le ministère du Portefeuille s’insurge en faux contre ceux qui polémiquent autour d’une prétendue absence de sa réaction à la suite des conclusions de l’IGF ayant sanctionné le contrôle de gestion de la Regideso SA, tout comme la suggestion faite par ce service de contrôle en rapport avec le nouveau contrat SCTP SA-Société IMD. La logique est simple : un service administratif ne peut en aucun cas donner des injonctions à un membre du gouvernement qui dépend d’une coordination chapeautée par le Premier ministre.
Quelle est la procédure d’usage pour le ministre ayant en charge le Portefeuille dans ses attributions pour suspendre un mandataire public ? La réponse à ce questionnement devra mettre fin à la polémique qui enfle sur la prétendue « consécration de l’impunité » par un membre du gouvernement Sama Lukonde, en l’occurrence la ministre d’État, Princesse Adèle Kayinda, à la suite des inquiétudes émises par l’IGF Jules Alingete sur le « retard consommé », selon lui, par la ministre d’État, ministre du Portefeuille pour prendre des dispositions sur les actes de mauvaise gestion constatés à la Regideso, la SCTP, etc.
Dans tous les cas, à défaut de l’instruction directe du chef de l’État, la procédure reste, pour un membre du gouvernement, celle de faire valider la décision au Conseil des ministres.
Ainsi, le bras de fer observé entre le ministère du Portefeuille et l’Inspection générale des finances n’a pas lieu d’être. L’IGF, comme un service administratif, devrait toujours faire preuve d’un ton de plaidoyer et non pas verser dans des injonctions. Hélas ! C’en n’est malheureusement pas le cas dans plusieurs dossiers, notamment celui relatif aux observations définitives sur la gestion calamiteuse de la Regideso SA et du dossier de la société IMD portant sur les irrégularités et la surfacturation des profils métalliques.
Le plus important, c’est que l’IGF et le ministère du Portefeuille émettent déjà sur une même longueur d’ondes. Le ministère reste déterminé à matérialiser la vision du président de la République dans la restructuration profonde des entreprises publiques, faisant fi à tout ce qui se raconte. Et l’IGF s’emploie, de son côté, à éclairer sur la gestion des fonds publics.
« Nous n’avons nullement la prétention de penser qu’un service administratif que nous sommes, pouvons donner des ordres à un membre du gouvernement. Non… Nous n’avons pas d’autres prétentions que de vous accompagner utilement et efficacement pour que le volet gestion du Portefeuille de l’État dont la responsabilité vous est confiée puisse réussir. Nous regrettons infiniment cet incident… », a fait savoir l’Inspecteur général des finances, chef de service, au cours d’un échange de clarification avec la ministre d’État, ministre du Portefeuille.
Aller en prison, oui, mais rendre les millions volés
Ceci étant, le contrôle de la gestion des entreprises publiques est autant important. Mais le jeu doit être complet, estime la ministre d’État en charge du Portefeuille. Le nouveau combat à engager est bien celui-là, de contrôler, d’étoffer les accusations, mais au finish, faire en sorte que les millions volés à l’État congolais lui soient restitués.
Car si les fonds publics ne cessent de faire l’objet de détournements, les auteurs de ces détournements sont souvent identifiés et mainte fois interpellés. Curieusement, il y a de moins en moins des commentaires par la suite, sur ces fonds « détournés » qui ne se chiffrent qu’en millions de dollars américains. Et la vrai question est celle de savoir si tous ces millions détournés et dénoncés par l’IGF sont restitués au bout des procédures pour favoriser la reconstruction du pays.
Le Potentiel