L’instruction de la cause sur l’assassinat de Floribert Chebeya et de Fidèle Bazana s’est poursuivie ce mercredi 20 octobre 2021 à la Haute Cour militaire, siégeant en audience foraine à la prison militaire de Ndolo. Selon Me Marie-Louise Okako, l’avocate de la partie civile, Daniel Mukalayi qui comparaissait comme renseignant, a confirmé pour la « première fois » qu’ils ont reçu la mission de l’ancien Inspecteur des FARDC le Général John Numbi d’exécuter Chebeya. Mais à la question de savoir pourquoi depuis lors, il n’avait jamais fait ces genres de déclarations, il a répondu qu’il était dans l’insécurité.
« La cour a auditionné trois témoins, en l’occurrence Doudou Ilunga qui était parmi les gens qui ont exécuté. On a aussi entendu Daniel Mukalayi qui est en détention, cette fois comme un renseignant et le Général Djadidia. Pour le colonel Daniel Mukalayi, il était au courant de la planification de la mission d’éliminer physiquement Chebeya. Selon lui, c’est Christian Kenga Kenga qui est venu dans son bureau, accompagné de Jacques Mugabo pour lui dire qu’ils ont reçu mission de tuer Chebeya. Mais il y avait des préalables. Il paraît que Jacques Mugabo avait fait des missions dans le passé mais il n’avait jamais été rémunéré. Alors le préalable c’était qu’on le rémunère pour le travail antérieur avant qu’il entame cette mission. Il dit que lui et Christian Ngoy avaient reçu cette mission de John Numbi. Ça c’est la déclaration du colonel Mukalay », a expliqué à ACTUALITE.CD Me Marie-Louise Okako.
Pour la partie civile, c’est une avancée significative dans la recherche de la vérité car c’est pour la première fois, qu’on cite directement le nom de John Numbi.
« Je crois que c’est la première fois que le nom du Général John Numbi est cité directement et une question importante a été posée au colonel Mukalay : pourquoi depuis toujours il n’a jamais fait cette déclaration ? Et il a dit parce qu’il était dans l’insécurité », a-t-elle ajouté.
Lors de l’audience du mercredi dernier, Jacques Mugabo avait confirmé aussi avoir reçu la mission de tuer Floribert Chebeya.
L’ONG La Voix des Sans Voix pour les Droits de l’Homme (VSV), la structure dont Floribert Chebeya était directeur, a salué la reprise du procès et a exhorté « la haute cour militaire à contribuer positivement à la lutte contre l’impunité des crimes touchant les défenseurs des droits humains en République Démocratique du Congo ».
Floribert Chebeya avait été convoqué le 1er juin 2010 à l’Inspection générale de la police à Kinshasa pour rencontrer son responsable, le général John Numbi, selon plusieurs témoignages. Son corps avait été retrouvé le lendemain dans sa voiture, les poignets portant des traces de menottes à Mitende, périphérie ouest de Kinshasa. Celui de son chauffeur Fidèle Bazana n’a jamais été retrouvé.
Ivan Kasongo/Actualite.cd